Takuji Shimmura, photographe du Japon

Bleu, la couleur de l'inconscient

Takuji Shimmura est un photographe venu du Japon. Ses images originales, entraînent nos yeux et notre esprit vers des chemins inconnus. Bleu, couleur de l'inconscient , circuits électroniques, expression de l'humain. A travers ses oeuvres qui s'envolent vers l'abstraction, c'est toujours l'homme que Shimumura recherche et dépeint. Prochaine exposition au Salon d'Automne 2009 à l' Espace Champerret du 13 au 16 novembre.
Par Chloé Braillon.


IN THE WOODS – Takuji Shimmura


« Mes photos sont ma trace. » Takuji Shimmura a quitté Osaka, sa ville natale au Japon, pour Paris en 2001. Son but : devenir photographe d'art. A l'époque, tout juste sorti du monde de la coiffure, il n'était « même pas amateur », précise-t-il. En 2009, il travaille sur un projet qu'il a intitulé : « IN THE WOODS ». Ses photos de forêt éblouissent le regard de bleu, de bleu, et encore de bleu. Des bois bleus ?
« Parce que c'est la couleur de l'inconscient, explique-t-il. Avec IN THE WOODS, j'ai osé franchir un cap et poser une question fondamentale : qu'est-ce qu'une photo ? C'est une représentation, c'est-à-dire une imitation d'une réalité. L'image sera différente si la photo est prise en couleurs ou en noir et blanc, selon la lumière, la perspective, l'angle, le filtre... « Mes » images de forêt se sont ainsi naturellement détachées de la représentation photographique. IN THE WOODS ne montrent pas la forêt, mais l'être dans la forêt ». Le photographe épaule ainsi l'artiste à la recherche des potentialités, énormes, de son outil.

Sa photo est totalement frontale. Takuji Shimmura travaille en deux dimensions exclusivement, c'est un choix. Par là, il entend ouvrir sur une profondeur et permettre une véritable immersion dans son univers visuel. « La platitude permet la distance », donc la profondeur. Placez-vous face à l'un de ses tirages de un mètre sur un mètre cinquante, et vous « verrez ». Ou plus exactement vous percevrez. Votre perception est une image construite par votre cerveau à partir des informations optiques brutes capturées par votre œ,il (la vision). Comment accueillerez-vous cette image, ces couleurs, ces formes, quel levier actionnera-t-elle dans votre inconscient, quelle « trace » laissera-t-elle dans votre mémoire ? Quel chemin fera dans votre esprit dans ces bois bleus ?


Circuits

CIRCUITS – Takuji Shimmura


Autre collection, autre regard, mêmes principes : CIRCUITS. Il s'agit de cartes électroniques, c'est-à-dire de plaques sur lesquelles sont reliées des composants électroniques formant des circuits complexes. Ici, du noir et du blanc, uniquement. Pas ce noir et blanc esthétique, nuancé, sensuel que nous connaissons. Le noir ici est métallique, dur. Le blanc est brutal, créé artificiellement par une lumière crue. Des lignes superposées droites se courbent tout-à-coup. Tout est droit, carré, lisse, parfait, en un mot : inhumain.

Et bien justement, non. « C'est humain, car créé par l'humain », explique Takuji Shimmura. Et de fait, ces images ne laissent pas indifférent. Elles frappent, littéralement. Puis laissent perplexe. L'artiste crée ici, selon ses propres termes, « un espace de nulle part (...) paradoxal et structurel loin des codes de la perspective et du temps. » Loin des codes, cet espace nous emmène vers des territoires inexplorés. « CIRCUIT ne sont pas des photos de circuits, mais de circuits entre l'objet photographié et sa représentation dans notre esprit. »

Takuji Shimmura a créé bien d'autres séries de photos dans des genres très différents. Certains très réalistes. De magnifiques portraits en noir et blanc, des « KATARIBE » - en japonais « conteurs » -, des survivants de l'horreur d'Hiroshima, d'une sobriété et d'une pudeur admirables. Des terrains déshérités côtoyant un urbanisme sauvage en Arménie (« ECOUMENE »). Des voitures floues des pays de l'Est, aux formes si élémentaires et donc si parlantes pour notre imaginaire enfantin (« EASTERN CARS »). Des boissons japonaises alignées, étonnantes par leur nombre, leur ordonnance dans l'hétéroclite, leurs couleurs, leurs lumières (« BOISSON »). Une fête foraine transcendée en « NOSTALGIE VIRTUELLE » dans l'objectif du photographe nippon découvrant, adulte, ces lieux des joies de l'enfance : une nostalgie parée de couleurs et de perspectives inattendues.


CHEVAL

NOSTALGIE VIRTUELLE – Takuji Shimmura


Perspective : une exception dans l'esthétique « shimmurienne », à la fois abstraite et figurative, lumineuse et mystérieuse, colorée et sobre, universelle et si japonaise.


EXPOSITIONS


--2009
-Paris (Centre Culturel d'Arménie, Salon d'Automne 2009)
-Gent, Belgique (Salon d'Art Contemporain)
--2008
- Marseille (Centre Culturel Sahang Mesrop)
-Tokyo (L'institut franco-japonais)
- Paris (Galerie, La Maison des Frigos, Ecole Spéciale d'Architecture, Maison de la culture du Japon)
- Deauville (Festival Internationale du Film Asiatique)
- New-York, Etats Unis (HPGRP NY GALLERY)
--2007
-Yerevan, Arménie (Centre d'Art Contemporain)
--2006
- Tokyo, Japon (Institut franco-japonais)
- Paris (PROPHOT)
--2005
- Saint-Petersbourg, Russie (Galerie G77 Andrei Mikhailov)
--2004
- Osaka, Japon (Galerie Carrée)
--2003
- France (Mairie de Villié-Morgon)

PRIX
-2008 Prix Lucien Hervé et Rodolf Hervé our le projet ECOUMENE
-2003 Sélectionné pour la 26e Bourse du Talent pour le projet KATARIBE

EDITION
-2007 SHIRO sur la construction d'un temple Tenshin à Tokyo —, Ed. Kyuryudo, 2008
-2008 ECOUMENE —, Ed. Prix Lucien Hervé et Rodolf Hervé, 2008

FORMATION
-Ecole EFET —, Paris (3 ans)
-Ecole Nationale Supérieur des Arts et Décoratif - Paris (1 an)


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