Thierry Breton et Didier Hamey

Le cabinet de curiosité ou la grâce du paradoxe

Thierry Breton et Didier Hamey s'exposent au 6 Mandel jusqu'au 14 juin 2008.

Le cabinet de curiosité, dans son sens premier, était un lieu caché, où le maître des lieux rassemblait des objets étranges et hétéroclites, médailles, antiquités, animaux empaillés, insectes séchés, coquillages, herbiers, fossiles ou œ,uvres d'art. Nathalie Béreau a décidé de reprendre à son compte le concept en réunissant deux artistes qui a priori n'ont rien en commun. L'un, Thierry Breton, serait plutôt dans l'infini grand et la force du trait et l'autre, Didier Hamey, dans l'infiniment petit et délicat. En fait deux univers qui se complètent et s'harmonisent autour d'un principe, mis en valeur dans ce lieu quasi secret qu'est le 6 Mandel.

De Barbe-bleue aux Trois grâces



-Thierry Breton occupe la salle du premier et le jardin. Cet artiste a un parcours atypique. Il est diplômé de l'école vétérinaire de Maisons-Alfort. Diplôme en poche, il apprend le dessin dans l'atelier Noor-Zadé Brener, ancienne élève du sculpteur Zadkine. Sculpteur et peintre, il expose au 6 des sculptures ainsi que sept toiles, intitulées les 7 femmes de Barbe-bleue. Ces femmes sont belles et abandonnées. Vénus callipyge, elles ont un dos puissant, une taille fine, des fesses rebondies, des hanches, des seins, une harmonie du corps qui émeut profondément. Une mention spéciale pour « Oubliée » que l'on peut admirer dans la cuisine.
-La technique de ces toiles est un mélange d'acrylique et de pastel sec sur papier marouflé sur châssis. Ses sculptures en bronze bien que de petites tailles rendent hommage à une femme sensuelle et puissante. Les aspérités de ces statues donnent l'impression qu'elles sont sorties d'une gangue. Le pouce marque ces « petites femmes ».
-Les natures mortes, exposées dans le jardin, sont d'une toute autre manière. Pleines d'humour, ces têtes d'ail, sardines, ou encore asperge, à la patine vert de gris, sont autant de clins d'œ,il à des toiles célèbres. L'asperge renvoie au Sacre de Napoléon. Les sardines sont les Trois grâces. Et le jeu peut se décliner à l'infini.

Fantasmagorie à l'étage supérieur



-En grimpant à l'étage supérieur du 6, l'univers est radicalement différent. Didier Hamey crée celui de l'infiniment petit qui recèle bien des surprises. Les gravures exposées, utilisant la technique de la pointe sèche sur papier rehaussée de gouache, recèlent de plaisantes découvertes. Les Harpies, L'arbre d'amis, A l'heure de la rosée, L'épinette en joie sont autant de noms évocateurs d'un univers fantasque à l'imagination débridée.

L'épinette en joie


-De petits bonshommes ou petites bonnes femmes cohabitent dans des fleurs ou dans des arbres avec des poissons, de gentils hérissons ou des animaux fantastiques non identifiés. Ses arbres qui semblent morts, mais grouillent de vie, évoquent la calligraphie japonaise.
-Les assemblages de Didier Hamey témoignent de la même recherche du fragile, de l'incertain et de l'improbable. Il utilise des matériaux glanés tels que la nacre des coquillages, l'oursin, les inflorescences de roseau, des pétales d'hortensia, une branche ou une racine d'arbre. Il assemble tous ces éléments pour livrer des « êtres » évanescents et féeriques. Un univers de contes de fée pour grands enfants qui peut tourner au « cauchemar », si l'on y regarde bien et si l'on laisse Les harpies sortir de leur cadre !

Vous avez jusqu'au 14 juin pour découvrir ce « Cabinet de curiosité » remis au goût du jour.


6 avenue Georges Mandel - 75016 Paris - M° Trocadéro
Commissaire de l'exposition : Nathalie Béreau
nbereau@hotmail.com
www.nathaliebereau.com
www.6mandel.com
-lire aussi Au 6 Mandel, l'art de vivre haut de gamme



Par Marie Catherine Chevrier

Portrait de admin

Ajouter un commentaire