Trésors de la Couronne d'Espagne

Trésors de la Couronne d'Espagne, Un âge d'or de la tapisserie flamande de Jérôme Bosch à Jules Romain.
A l'occasion de la présidence espagnole de l'Union européenne, le Mobilier national propose, à la Galerie des Gobelins, l'exposition d'une vingtaine de tapisseries flamandes de la Renaissance des anciennes collections des Habsbourg, appartenant aujourd'hui au Patrimonio Nacional et conservées dans les palais royaux d'Espagne. Du 15 avril au 4 juillet 2010.

Un art de magnificence

Ces pièces, dont quelques-unes furent présentées à l'exposition universelle de 1900 à Paris, sont l'un des joyaux du patrimoine espagnol et constituent un sommet de l'art de la tapisserie. Commandées par plusieurs générations de souverains (Marguerite d'Autriche, Charles-Quint, Philippe II), ces œ,uvres sont un témoignage éblouissant du rôle majeur de la tapisserie dans les décors des grandes monarchies européennes au XVIe siècle.
Ces tapisseries illustrent l'importance de ce genre artistique à la Renaissance et témoignent des
fastes somptueux de la cour des Habsbourg.
Synonymes de luxe et de prestige, les précieuses tapisseries en fils de soie et de laine, mais
aussi d'or et d'argent, étaient alors considérées comme les biens les plus précieux après les
bijoux et l'argenterie.



En outre, elles convenaient admirablement à la vie itinérante de la cour de Charles-Quint et de
son fils Philippe II. Ces «fresques mobiles du Nord», transportées à travers toute l'Europe et
généralement commandées sous la forme d'une tenture complète, c'est-à-dire d'un cycle sur un
thème précis, n'étaient pas uniquement destinées à accroître le confort personnel, le plaisir
esthétique ou le prestige social de leur commanditaire. Elles restent comme par le passé —, que
l'on songe à l'utilisation de la tapisserie à la cour de Bourgogne au XVe siècle ou que l'on
rappelle que Charles-Quint a reçu en héritage les tapisseries amassées par les ducs de
Bourgogne —, le meilleur moyen pour exhiber de manière éclatante la magnificence de leur
commanditaire.


Artistes et ateliers

L'art de la tapisserie est la réunion de grands artistes et de non moins grands lissiers. Tous les
grands princes du XVIe siècle sans exception passent leurs commandes à Bruxelles qui s'était
rendue à nouveau célèbre par le tissage des Actes des Apôtres d'après Raphaël.
Les ateliers dirigés par de grands entrepreneurs, tels les Pieter Van Aelst, Willem Dermoyen, ou
Pieter et Willem de Pannemaker font travailler les artistes spécialisés dans la réalisation de
cartons peints (Jan Van Roome) ou dans la peinture d'histoire (Bernard Van Orley, Cornelisz
Vermeyen, Pieter Coecke Van Aelst
ou Michel Coxcie).

Jérôme Bosch (Bois-le-Duc 1453 —, Bois-le-Duc 1516) est l'auteur de la Tentation de saint
Antoine (Palais de l'Escurial, près de Madrid). Il s'agit d'une de ses oeuvres les plus justement
célèbres et les plus énigmatiques. Chaque détail implique de subtiles allégories mais le thème
essentiel n'en reste pas moins la lutte du Bien et du Mal. L'orientation essentielle de l'artiste
apparaît dictée par des soucis moraux et il convient de la situer dans un milieu religieux en
pleine évolution, animé par le mouvement de la Devotio Moderna.



Les Italiens sont également présents, tel le plus grand élève de Raphaël, Jules Romain
(1499-1546), auteur de la Bataille de Zama appartenant à la tenture de l'Histoire de Scipion,
probablement tissée dans l'atelier de Balthazar Van Vlierden. Il n'est pas inutile de rappeler,
dans le contexte de cette exposition à la Galerie des Gobelins, que le roi Louis XIV, le plus
grand collectionneur de tapisseries après Charles-Quint et Philippe II, a possédé des tissages
d'après Jérôme Bosch et Jules Romain, malencontreusement détruits en 1797.


Art et thématique

Les tapisseries racontent des histoires, mais elles délivrent dans une démarche délibérée des
messages.

La tapisserie sur le thème de la Fortune (vers 1520-1525, atelier de Pieter Van Aelst,
Bruxelles, d'après un carton de Bernard Van Orley, Madrid, Patrimonio Nacional) appartient a
la tenture Les Honneurs (Los Honores) qui est régie par des concepts moraux et politiques très
proches des positions d'Erasme.

Faustulus rencontre Romulus et Remus (vers 1525-1530, atelier bruxellois, d'après des
cartons attribués à Bernard Van Orley, Madrid, Patrimonio Nacional) appartient à la tenture de
la Fondation de Rome. Le jeune Charles-Quint qui venait à nouveau d'être sacré empereur du
Saint Empire romain germanique à Bologne en 1530 est représenté comme un nouveau
Romulus.

- Commissaire de l'exposition :
Fernando Checa, Professeur à l'université de Madrid, ancien Directeur du musée du Prado.
- Commissaires adjoints :
Arnauld Brejon de Lavergnée, Conservateur général, Directeur des collections du Mobilier national.
Jean Vittet, Inspecteur de la création artistique au Mobilier national.


- Trésors de la Couronne d'Espagne - Un âge d'or de la tapisserie flamande
de Jérôme Bosch à Jules Romain
- Exposition du 15 avril au 4 juillet 2010
Galerie des Gobelins
42, avenue des Gobelins 75013 Paris
Tél : 01 44 08 53 49
- Ouverture : tous les jours sauf le lundi de 11h à 18h
(Fermé le 1er mai, le 25 décembre et le 1er janvier)
- Plein tarif : 6 euros /
tarif réduit : 4 euros



Par Nicole Salez

Portrait de admin

Ajouter un commentaire