Peintre dissident, star de l'« underground » soviétique lors des plus sombres années du régime de Brejnev, Maxim Kantor, né à Moscou en 1957, a été révélé en Occident au début des années 1990. Ses œ,uvres coup de poing sont exposées jusqu'au 6 mai au Musée du Montparnasse.
« Rebelle un jour, rebelle toujours », ce titre d'une exposition au Luxembourg en 2007 décrit parfaitement Maxim Kantor. L'artiste russe a vécu la transition politique de l'URSS à la Russie, du totalitarisme jusqu'à une fiction démocratique. « Si les communistes ont eu besoin de soixante-dix ans pour démontrer au monde que leurs idées étaient fausses, les capitalistes ont mis seulement vingt ans pour parvenir au même résultat. » a-t-il commenté après les récentes élections en Russie.
Depuis ses débuts d'artiste, il jette sur la société russe post-soviétique un regard lucide et tranchant, refusant l'inacceptable. « Sans discours humaniste, impossible de montrer le caractère anti-humain d'un pouvoir ! », écrit-il. À la fois écrivain et penseur, Kantor est aujourd'hui mondialement reconnu, et ses tableaux continuent d'être à l'avant garde.
M.Kantor, Unlimited editionIl utilise ses pinceaux et son stylo pour crier son horreur du Big Brother totalitaire, stalinien ou publicitaire. Son langage est celui de la résistance véritable, « celui de la compassion pour le peuple humilié. Car c'est ce qui distingue, dit-il, l'art humaniste d'une simple action idéologique. » Et Kantor construit dans ses peintures un récit métaphorique puissant pour rendre compte de la complexité et de la violence du temps présent. Dans la lignée de Goya ou d'Otto Dix, ou de Daumier qui l'a inspiré, il pointe du doigt l'indifférence complaisante et la passive collaboration au mal.
Peintre et écrivain
Maxim Kantor a commencé très tôt à écrire aussi. Il a publié des romans, et plus récemment des pièces de théâtre et des essais. En 2006 sort un grand livre, Le manuel de dessin, qui mêle conseils pour dessiner, un roman à clé avec des personnages satiriques, et des chroniques politiques. En 2007, il publie un ensemble de pièces satiriques, Party with Baboons, et en 2008 un recueil d'essais, Les mâchoires lentes de la démocratie. En 2009 il a publié un second roman politique, À contre pied et treize nouvelles policières, Les conseils d'un fumeur solitaire.
L'historienne d'art Christina Burrus, commissaire de cette exposition, a rencontré Maxim Kantor en 1980, alors qu'elle voyageait en Russie pour réunir les éléments d'une grande exposition à la Fondation Gianadda sur les œ,uvres que Chagall avaient peintes avant de quitter la Russie en 1923.
M.Kantor, Open society« Il avait une puissance impressionnante », dit-elle, « et je l'avais repéré comme l'un des quelques jeunes artistes promis à une renommée mondiale. »
Arrabal aussi a été fasciné « Kantor peint des cataclysmes tranquilles et sans bruit... Les éclairs du monde jaillissent. Ils affleurent, fruits du visible comme de l'invisible, corrodent les objets et les corps, et rongent les âmes démises. »
Le cycle Vulcanus a pour thème le naufrage de l'Europe, comme un écho au mythe de l'Atlantide, état dont les citoyens avaient oublié toute notion de civisme. L'exposition montre une dizaine de peintures et 71 lithos uniques rehaussées à la main de couleurs vives.
Je voulais que mes tableaux soient mes armes, écrit Maxim Kantor .
Cette exposition démontre que Kantor éclaire les blessures du monde, pour y semer la liberté.
Informations pratiques
MAXIM KANTOR - VULCANUS
' Satire dans tous les sens '
du 6 avril au 6 mai 2012
Musée du Montparnasse
21, avenue du Maine 75015 Paris
tél : 01 42 22 91 96
www.museedumontparnasse.net
Horaires d'ouverture
Tous les jours, sauf lundi, de 12h30 à 19h
Tarifs de l'exposition
Normal : 6 €
Réduit : 5 € (étudiants, seniors, chômeurs, - de 18 ans, carte Amis du Louvre, carte maison des artistes)
Gratuit : - de 12 ans, carte ICOM, presse
Groupes : renseignements au 01 42 22 91 96
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