David Altmedj au Musée d'Art Moderne de Paris

Le Musée d'Art moderne de Paris accueille le jeune sculpteur canadien David Altmedj. Ses oeuvres poétiques et dérangeantes rappellent Arcimboldo et surtout Jérôme Bosch. A voir jusqu'au 1 février 2015.

Des œuvres belles, esthétiques, tout en étant dérangeantes, déchiquetées, agglomérées, trouées. C’est donc une exposition que l’on peut mettre en parallèle avec celle de Niki de Saint Phalle au Grand Palais.

Pour les visiteurs alternent impression d’étrangeté et sentiment poétique devant ce monde de rêve et de cauchemar, devant cette œuvre figurative qui ne ressemble à rien de connu. On découvre un univers fantasmagorique où se mêlent la vie et la mort.

Certaines références à Arcimboldo mais c’est surtout c’est à Jérôme Bosch que ces œuvres font penser : même sentiment de malaise et même sentiment de beauté, effrayant et fascinant.

Des visages et des corps creusés, éclatés, des entrailles qui apparaissent, abime vers l’infini qui happe le regard. Puis, ce regard s’attarde sur les bords, cristallisés. Un portrait de la sœur de David Altmejd, Sarah, centré sur un trou noir est aussi son autoportrait. C’est lui à travers sa sœur. Ses personnages sont souvent des autoportraits. Et le geste du sculpteur est parfois symbolisé par les moulages de ses mains qu’il positionne à des endroits différents du corps.

2013 Photograph by Kurt Deruyter © David Altmejd,
Image courtesy of Andrea Rosen Gallery, New York

 

David Altmejd mêle les matériaux les plus divers : plastique, faux poils, noix de cocos, petits oiseaux empaillés, insectes et … vrais cristaux sortis des entrailles de la terre qui apportent cette touche poétique et mystérieuse à ces créatures grotesques et anthropomorphes qui semblent renoncer à toute distinction entre l’homme, l’animal, le végétal et le minéral.

Les géants, du fait de leur taille, donnent une dimension abstraite et permettent à David Altmejd de prendre de la distance et travailler sur la texture et la couleur. Les matériaux sont encore une fois variés. De petits animaux empaillés se juchent sur l’épaule.

Les personnages poilus, mi-hommes, mi-animaux, ont intéressé de façon récurrente David Altmejd . Cela mène à l’idée de l’identité, de la double identité.

The Giant 2006 @Andy Keate

Les dernières œuvres exposées, The flux and the puddle, une boite géante de plexiglas où sont réunies ses obsessions : des bustes poilus, objets minéraux et végétaux et une multitude de petits objets articulés tous reliés par des fils d’or arachnéens qui les font flotter dans cet espace transparent. Vitrine d’un sarcophage contemporain ou cabinet de curiosité revisité ?

The flux and the puddle @James Ewing

Le regard du visiteur n’appréhende pas toujours d’emblée la totalité d’une œuvre ; cette dernière est alors soulignée par un mur entier de miroirs, certains brisés, fracassés, éclatés, qui reflètent certaines parties non visibles au premier regard.

De même, les grandes installations de plexiglas où flottent des objets variés ne peuvent être complètement découvertes qu’en faisant le tour complet : c’est une mise en scène de la transparence où les spectateurs sont acteurs. Une mise en scène du vrai, du faux, du réel et du virtuel.

 Altmejd dans son atelier à New-York@Fabien Constant

Et pourtant David Altmejd n’a que 40 ans. Tout est allé très vite. Né en 1974 a Montréal, des études de biologie, puis des études d’art à l’université du Québec et à Columbia N.Y., un fort intérêt pour les sciences naturelles, l’architecture et le cinéma fantastique mènent Altmejd à réaliser son rêve : être sculpteur, sculpteur qui utilise les contradictions entre grotesque et esthétisme, explorant les mondes du rêve et du cauchemar avec fascination et effroi. Il ne laisse pas indifférent, mêlant séduction et déstabilisation...

Par Françoise Lévy-Rueff

David Altmejd FLUX
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
11 avenue du Président Wilson 75116 Paris
Du mardi au dimanche 10 h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Jusqu’au 1er février 2015
Un conseil afin de ne pas faire la queue : achetez votre billet sur le site du musée www.mam.paris.fr ou de la Fnac !

 

 

 

 

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