Images Singulières - Photographies Sete 2010

du 13 au 30 mai

A Sète, se tient, du 13 mai au 30 mai 2010, la seconde édition du festival Images singulières, consacrée à la photo documentaire. Sept lieux accueillent des artistes remarquables.

 

Sète s'offre la deuxième édition de son festival photos consacré à l'image documentaire « Images singulières ». Après le succès de la première édition, plus de 13 000 visiteurs, Sète s'offre un festival étoffé, 10 lieux d'exposition, des conférences, un stage de photos, des projections et des fêtes. L'objet de ce festival, trois mois avant celui de Perpignan, consacré à la photo reportage, est la photo documentaire.

Le cœ,ur de l'affaire, ce sont les chais Skalli. Lieu improbable, survivance d'une époque où Sète tirait une partie de sa richesse de l'importation du « gros rouge qui tache » en provenance d'Algérie. Situés au milieu de nulle part, plantés en plein cœ,ur d'une friche industrielle, l'eau est proche, mais seuls les mâts des bateaux évoquent sa présence, un champ de caravanes à proximité, rien n'indique à priori un lieu culturel. La grande porte s'entrouvre et nous permet de pénétrer subrepticement et là, nous découvrons un lieu harmonieux et l'accrochage de Jacques Winderberger. La charpente en bois a été restaurée et a belle allure.

'Androgyne' aux chais Skalli

Jacques Winderberger et ses « Histoires de France 1959/2009 » partagent le lieu avec Thibault Stipal pour « Androgyne ». L'espace est vaste. Une partie est réservée au « Bistrot des chefs » où il est possible de déguster les produits de la mer, les huîtres du bassin de Thau et les spécialités sétoises ainsi que les excellents vins Skalli qui, eux, viennent de l'Hérault.

Il 'y a pas de frontières entre les nourritures du corps et de l'esprit. La librairie L'Echappée belle y ouvre une annexe consacrée à la photo et aux livres documentaires. Tous les jours, des séances de signature sont organisés avec les artistes. Les chais Skalli, le temps d'un festival, deviennent le cœ,ur de la ville, le lieu des rendez-vous impromptus, des rencontres insolites et de la fête. Mais il n'est pas interdit de tourner dans la ville. Car le festival a investi la galerie Dock Sud, l'espace Don Quichotte, l'ancien collège Victor Hugo, la chapelle du Quartier Haut, ainsi que les trois musées de la cité, le musée Paul Valéry, le Miam sur la rive droite du Canal royal, et le Crac sur la rive gauche.

Au Crac (Centre Régional d'Art Contemporain), sont réunis l'alpha et l'omega de la photo documentaire. Le premier, Rajak Ohanian, expose un travail réalisé à Lyon en 1999, « Portrait d'une PME », trente-deux portraits des dirigeants et employés d'une petite entreprise de tissus.

Jeanne Fillon, 'Portrait d’une PME' au CRAC LR

Michel Magno, 'Portrait d’une PME' au CRAC LR

Le parti-pris est simple, trente-deux personnages, trente-deux portraits en pied noir et blanc, un fond de tissu différent pour chaque personnage, seul élément choisi par Rajak Ohanian. Tous ont leur nom indiqué ainsi que leur fonction Tous sont face à l'objectif, à l'exception du fondateur qui est légèrement de trois quart. De ces gens, figés sur le papier pour l'éternité, émanent une extrême humanité. Tel un sociologue muet, on peut se raconter l'histoire de cette petite entreprise.

Le parti-pris de Michael Ackerman, avec « Half life », est diamétralement opposé. Rien n'est daté, rien n'est situé, pas plus dans le temps que dans l'espace. Un mur de portraits aux visages flous d'où émergent des regards brûlants ou des yeux perdus, pour ne pas dire voilés dans un visage à l'ossature précise comme un coup de serpe, des pauvres, des sans-abris, des malades en phase terminale, déjà flous, déjà effacés de ce monde.

Exposition Half Life au Crac

Exposition Half Life au Crac

Un assemblage troublant de corps nus sous des douches, de murs lépreux, de christ torturé, de militaires défilant en rang serré, n'est pas sans évoquer un montage d'archives, jaunies et floutées par le temps, sorties tout droit d'Auschwitz Birkenau. Ackerman, né à Tel-Aviv en 1967, puis installé à New-York et vivant aujourd'hui à Berlin, se défend de cette analyse. Ses photos de paysage en noir et blanc sont autant de clin d'œ,il à Murnau et à l'expressionnisme allemand. Il utilise ce noir qui fait ressortir la précision du trait, une maison dans la brume, des wagons ployant sous la neige. Il travaille beaucoup ses tirages jouant sur la grosseur du grain et les contrastes.

La programmation de ce festival est riche et originale. Ces lieux disséminés permettent aussi de prendre la mesure et le charme de cette ville entre mer et étang. Parallèlement, se tient un festival off, « Off Sète » dont c'est la première édition, en harmonie et dans l'esprit « d'Images singulières ».

Ballade au bord de la mer salée

C'est une approche légèrement différente de la photo documentaire, avec une volonté de servir de tremplin à de jeunes talents, par le biais d'un prix. Onze lieux présentent les œ,uvres des artistes sélectionnés.

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http://www.imagesingulieres.com

- http://www.offsete.fr

- L'Office du Tourisme propose un «audioguide ImageSingulières» pour accompagner les visiteurs du festival

- Tarif : 5 € - Renseignements auprès de l'Office du Tourisme
- 60, Grand rue Mario Roustan - 34200 Sète - Tel: 33 (0)4 99 04 71 71

- www.ot-sete.fr

- http://www.lechappeebelle.fr

- www.skalli.com

Par Marie Catherine Chevrier

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