Le canapé rouge

Le dernier roman de Michèle Lesbre, un quête de paix intérieure.

Après 'La petite trotteuse' , partie sur les traces du père dans la lumière des bords de Loire, voici le dernier roman de Michèle Lesbre, sur les traces d'un homme aimé, une quête de soi, de paix intérieure. Il figurait parmi les cinq derniers finalistes nominés pour le Prix Goncourt 2007.





La vie bouge, voyage , et au-dessus des villages ou des campagnes perdues, alors que les convois du temps continuent à se poursuivre, au-dessus des villages déserts, et des campagnes muettes, il reste l'admirable, la chère, la fidèle utopie. Anna Maria Ortese


Partir et se souvenir


Sans nouvelles d'un homme dont elle a jadis partagé la vie et qui est parti vivre seul en Sibérie près du lac Baïkal, en quête d'un lieu où réaliser son idéal, peindre, faire du théâtre avec les habitants, alors que ses anciens compagnons de route, eux qui rêvaient tous de refaire le monde, s'abîment dans le constat de leurs échecs, Anne, la narratrice décide de partir le retrouver. Dans le transsibérien qui l'emmène à Irkoutsk, ses pensées vagabondent à mesure que défilent des paysages évoqués avec beaucoup de sensibilité, par petites touches d'une grande poésie, des paysage d'immensités, de forêts de bouleaux, de pins, de levers du jour au milieu d'un océan de brume, de cieux lumineux, d'horizons sans fin mais aussi de paysages de ruines, de désolation. Et avec les paysages, tout au long de ce voyage ponctué par ses lectures et des rencontres (dont celle, magnifique, de l'accordéoniste), c'est sa vie qui défile.


Clémence


Sa vie et aussi celle de Clémence, la vieille dame qui vit dans son immeuble à Paris et est devenue son amie. La vieille dame assise dans son canapé rouge, dont les souvenirs se bousculent, qui ne sort presque plus, sauf avec Anne parfois pour aller boire un verre dans leur café préféré. Car malgré leur différence d'âge, ces deux-là se ressemblent, par leur engagement dans la vie, leurs aspirations, leur anti-conformisme, leur faculté d'aimer. Avant de partir, Anne faisait la lecture à Clémence, lui lisait des livres sur la vie de femmes qu'elle admirait, de femmes libres, fortes jusque dans leur fragilité, des rebelles, des assoiffées d'amour. Comme Clémence. De ces moments de partage, de confidence est née une grande connivence entre les deux femmes. Avec l'écheveau de sa vie, Anne déroule aussi, en parallèle, l'écheveau de celle de Clémence.

Au cours ce long voyage dont elle a d'abord l'impression « de ne rien approcher, d'être dans l'effleurement, prisonnière de mes angoisses, étrangère dans le regard des autres », une métamorphose s'opère, grâce aux rencontres, au moment où elle parvient à se tourner vers les autres, une réconciliation avec elle-même qui lui permettra d'affronter avec une certaine sérénité ce qui l'attend, tant au village de l'homme qu'elle poursuit qu'à son retour à Paris, bouleversant.


Comme l'avait fait ma libraire avec moi, je vous laisse découvrir le reste, le livre, ce qui en fait la beauté, cette écriture limpide, lumineuse, cette voix qui vous accompagne encore longtemps après qu'on l'a refermé.

Marie-Claude Auger

Bibliographie
- La Petite trotteuse ( Sabine Wespieser éditeur, 2005)
- Un certain Felloni ( Sabine Wespieser éditeur, 2004)
- Boléro ( Sabine Wespieser éditeur, 2003)
- Nina par hasard (Le Seuil 2001)
- Victor Dojlida, une vie dans l'ombre (Noésis, 2001)
- Que la nuit demeure (Actes Sud, Babel noir, 1997)
- Une simple chute (Actes Sud, Babel noir, 1997)
- Un homme assis (Manya, 1993 ,librio,20000)
- La Belle inutile (Le Rocher, 1991)

Le canapé rouge
de Michèle Lesbre (149 p.)
Ed. Sabine Wespieser
17 €


Un conseil de libraire

Ce petit roman m'avait été recommandé, au moment de Noël, par une libraire qui connaît et aime son métier. De ces libraires qui lisent les livres et, sachant parler de ceux qu'ils aiment, vous aident à vous y retrouver au milieu de cette profusion de titres, de ce fatras de nouveautés. Bref, de ces libraires qu'on aime à rencontrer, puis à retrouver.
Judicieux conseil que le sien, car ce livre est un vrai bonheur de lecture.

MCA



Par Marie Claude Auger

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