Acupuncture et chimiothérapie

L'acupuncture une béquille pour la chimiothérapie

Marie raconte son quotidien de cancéreuse et les moyens qu'elle a choisi pour surmonter l'épreuve.

Savoir qu'on a un cancer est la première épreuve, le premier cercle de feu. Examens divers et variés, prises de sang, biopsie, petscan, scanner, adénocarcinome, plaquettes, leucocytes, commence la ronde infernale des mots barbares. Les rendez-vous succèdent aux rendez-vous à des kilomètres de son domicile, dès potron-minet, à jeun de préférence, et on finit par s'y habituer. Ah ! le gynécologue est moins loin que le cancérologue. La prise de sang, je peux y aller à pied. Alors le risque est de se laisser engloutir dans ce magma médical, entourée de gens très compétents et très attentionnés. Et mine de rien, on peut couler. Certaines chimio sont très lourdes, très invalidantes : la fatigue qui ne vous quitte pas, les douleurs, le froid dans le corps, les fourmillements aux extrémités, les aphtes dans la bouche et la déprime qui s'installe. Le matin, la première épreuve consiste à se regarder dans la glace sans cheveux, sans sourcils ni cils. Se maquiller, se rendre présentable, arranger son turban, on peut rêver et se dire que l'on est dans un mauvais conte des Mille et une nuits. L'hôpital de jour, avec tous ces cancéreux branchés pour une durée indéterminée, m'évoque une fumerie d'opium modernisée.


Vaincre les effets secondaires



Là, il faut réagir. Devenir acteur de sa propre maladie et surtout vivre sa vie. Il existe plusieurs possibilités, nutritionnistes, Yoga : j'ai vu une femme en hôpital de jour qui est restée deux heures dans la position du lotus. Je trouvais cela inconfortable, mais cela avait l'air de lui faire du bien. C'est la seule chose qui compte.
Ma solution, cela a été l'acupuncture, soutenue de loin en loin par un nutritionniste. Forte de l'expérience d'une amie, j'ai anticipé. Car tous les effets secondaires de la chimio, on les connaît. Je suis donc allée voir un acupuncteur, lui aussi à l'exact opposé de chez moi. Le rythme est le suivant, si la chimio est le mercredi, mardi et jeudi, séance d'aiguilles. Plus d'une fois, je suis allée dans le fin fond de l'Ouest parisien avec ma valise pour sauter dans un train la séance à peine terminée. Car si l'acupuncture n'a pas vocation à soigner les cancers, elle apporte un soulagement immense. Les nausées sont réduites à leur plus simple extrémité. Je n'ai jamais eu de fourmillements, d'aphtes, de douleurs. Bien sûr, tous mes cheveux et poils sont tombés, mais qu'importe, j'ai de jolis turbans. Je n'ai jamais ressenti ces coups de déprime, qui vous paralysent et vous coupent un peu plus de l'extérieur. Et j'ai poursuivi une activité normale. Certes, certaines fins de journée semblent plus difficiles que d'autres. Je me couche plus tôt que d'habitude, je ne sors plus plusieurs fois par semaine, ce qui n'est pas toujours vrai. Je voyage, la valise à roulettes d'un côté, l'ordinateur portable de l'autre, je traverse la France. Je sors, vais au restaurant, vois mes amis. Je suis sereine et ma capacité d'émerveillement est intacte. Je me sens vivante.


Intégrer l'acupuncture dans les protocoles thérapeutiques

J'aurais une suggestion à faire aux groupes hospitaliers pluridisciplinaires qui nous prennent en charge : ce serait d'ouvrir ces groupes à des médecines différentes, dont l'acupuncture. Psychologues et nutritionnistes appartiennent déjà à ces groupes. Aller plus loin encore permettrait à tous les malades d'être égaux dans les soins pour lutter contre la maladie. Le bien être du malade passe aussi par là.

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Par Marie Ningres

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