Exposition : Zen - Art à Kyôto

' Shôkokuji, Pavillon d'or, Pavillon d'argent, Zen et Art à Kyôto', du 16 octobre au 14 décembre 2008

Le Petit Palais présente du 16
octobre au 14 décembre 2008 l'exposition ' Shôkokuji,
Pavillon d'or, Pavillon d'argent, Zen et Art à Kyôto', dans le cadre de la célébration du 150e anniversaire des
relations franco-japonaises et du 50e anniversaire du
jumelage des villes de Paris et de Kyôto. 80 oeuvres d'art, du XIIe au XVIIIe siècle, ont été
sélectionnées parmi les trésors artistiques de trois des plus
célèbres temples zen de Kyôto.




Grâce à 80 oeuvres d'art, du XIIe au XVIIIe siècle,
sélectionnées parmi les trésors artistiques de trois des plus
célèbres temples zen de Kyôto (dont deux sont inscrits au
Patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco) et jamais
encore présentées en Europe, cette exposition sera
l'occasion pour le public français de découvrir la culture
Zen en ses multiples composantes.

- Une caractéristique essentielle du Zen au Japon étant la transmission directe de la Loi (Dharma) de
maître à disciple, une première section révèlera les portraits peints ou sculptés des maîtres zen
ainsi que des calligraphies zen appelées bokuseki ou « traces d'encre », supports fondamentaux de
l'enseignement spirituel.

- Les traditions cultuelles sont représentées par d'imposantes peintures de divinités et figures sacrées
datant des XIVe et XVe siècles, accompagnées d'objets rituels d'une grande force esthétique.

- Essentielle à la culture zen, la peinture à l'encre sera présente grâce à des chefs-d'oeuvre des
maîtres du XVe et du XVIe siècle : Shûbun (XVe), Sesshû Tôyô (XVe) , Kanô Motonobu (XVe-XVIe).

- Apparaîtront ainsi les liens étroits entretenus par les moines zen avec la culture savante de leur
temps, les poésies et la littérature chinoise notamment.

- L'évolution de la cérémonie du thé sera évoquée par de magnifiques objets ayant appartenu au 8e
shôgun Ashikaga Yoshimasa (1436-1490), grand amateur d'art et commanditaire du Pavillon
d'Argent, Gingakuji.

En complément figureront des oeuvres liées aux deux très célèbres maîtres du
thé du XVIe et XVIIe siècle : Sen no Rikyû et Genpaku Sôtan.

- En explosion picturale finale, des
peintures des maîtres du XVIIIe siècle - Itô Jakuchû, Maruyama Ôkyô, Ike no Taïga - ouvriront aux
mondes du paysage, des fleurs et des animaux réels ou fantastiques.

- Un parcours introductif construit par les photographies contemporaines de Hiroshi Moritani révélera
au public la vie quotidienne des acteurs actuels de la tradition spirituelle zen.

Pavillon d’Or (Kinkaku), 1397, Rokuonji. © Rokuonji Temple


LE SHÔKOKUJI, son histoire, ses collections

Le temple Shôkokuji est l'un des principaux temples de l'école zen Rinzai à Kyôto. En
dehors des splendides pavillon d'Or (Kinkakuji) et d'Argent (Ginkakuji), plus de 100
temples de la ville sont placés actuellement sous son administration.
La construction des sept grands bâtiments de l'enceinte démarra en 1383 avec le shôgun
Yoshimitsu ASHIKAGA, sur ordre de l'empereur Gokomatsu.
Désirant établir un grand temple à l'est de sa résidence, le « Hana no Gosho », Yoshimitsu
prit conseil auprès de moines éminents pour les détails de l'architecture. En 1392, les
constructions furent achevées et Musô Soseki fut nommé premier Père Abbé du Temple.

Lieu de formation au Zen et important centre littéraire, le Shôkokuji contribua au
développement de cette doctrine à l'époque de Muromachi (1336-1573).
Au cours de la Guerre d'Ônin (1467-1477), la
quasi-totalité des bâtiments furent réduits en
cendres. L'actuel Hattô (« Salle du Dharma ») fut
reconstruit en 1605 avec le soutien de Hideyori
TOYOTOMI. Plus tard, Ieyasu TOKUGAWA fit don
au temple d'une nouvelle Porte principale
(Sanmon). Mais, lors du « Grand incendie de l'ère
Tenmei » de 1788, tous les bâtiments furent
détruits, à l'exception du Hattô. C'est pourquoi
l'actuel Temple Shôkokuji ne comprend ni
Butsuden (salle du Bouddha) ni Sanmon. Les
autres bâtiments furent reconstruits en 1807
avec les éléments d'un des palais de l'ancienne
résidence impériale, Le Gosho.

Les temples bouddhiques au Japon ont acquis, au cours des siècles, des trésors
artistiques inestimables, fruits de dons, de legs, d'achats ou de commandes à des artistes.
Parmi ces trésors, figurent en première place, des images ou objets destinés au culte, mais
aussi parfois des oeuvres plus profanes, destinées aux appartements privés des supérieurs
ou des moines. Le Shôkokuji, a ouvert un musée, le Jôtenkaku Bijutsukan, où sont
exposées par roulement les collections du temple. À l'occasion de cette exposition au Petit
Palais, le Shôkokuji, le pavillon d'Or et le pavillon d'Argent ont accepté de prêter une
partie de leurs chefs-d'oeuvre.
Soixante-dix-neuf oeuvres sont réparties en un parcours à la fois chronologique et
thématique. Les oeuvres classées Trésor national ou Bien culturel important font l'objet
d'une présentation par roulement, ne pouvant être exposées que pour une durée d'un
mois.


PARCOURS DE L'EXPOSITION

Salle documentaire

Les temples zen sont toujours des lieux vivants.
Le Zen à Kyôto...
Le bouddhisme Zen aurait été importé en Chine, au début du VIe siècle, par le moine
Boddhidharma, originaire de l'Inde. Regardé avec défiance par les autorités japonaises, la
doctrine ne parviendra à se développer qu'à partir de 1191. Les premiers temples Zen
seront alors érigés par le moine Yôsai dit aussi Eisai (1141-1215).
La doctrine se diffuse rapidement dans les rangs des chefs militaires, les shoguns. Ashikaga
Takauji (1305-1358), Tadayoshi (1307-1352) ou encore Musô (1275-1351) vont permettre
ainsi d'allier le Zen et le bouddhisme ésotérique.
Cinq grands temples Zen (baptisés des noms de Tenryûji, Shôkokuji, Kenninji, Tôfukuji et
Manshûji) prenant pour modèles les cinq Montagnes et les dix temples du Zen chinois, sont
établis à Kamakura, puis à Kyôto.

Statue de Musō Soseki assis Anonyme, Japon, époque de Muromachi (1333-1573) Bois et pigments Shōkokuji ©Shôkokuji Temple


Salle I

Cette salle est dévolue aux Portraits (chinzô) et calligraphies (bokuseki) de Moines qui
sont à l'origine de l'histoire du zen au Japon et du Shôkokuji en particulier. Elle s'ouvre
sur des témoignages de maîtres chinois, puis de grands moines japonais.
Les portraits peints ou sculptés des maîtres de l'école zen sont
appelés chinzô. Ils obéissent à une convention iconographique
stricte afin d'observer le devoir de culte et de vénération qui
s'impose. Orné des symboles marquant sa fonction, le moine assis
en tailleur sur sa chaise de prédication (Kyokuroku) porte la robe
de moine (nôe), un surplis (kesa) et une longue canne (jujô),
allusion visible à la qualité de son enseignement. Ses mains (la
main droite placée dans la main gauche repose dans le giron,
paume en l'air, les deux pouces s'effleurent) forment la mudra de la
méditation.
Lorsqu'ils sont accompagnés d'une inscription calligraphiée par le maître, ces chinzô
attestent que la loi du Buddha (ou Dharma) a bien été transmise du maître à l'élève. Ce
sont des témoignages importants car la transmission de la loi ne se fait que d'esprit à
esprit (ishin denshin), c'est-à-dire directement de maître à disciple. Ces calligraphies
(bokuseki) révèlent aussi la qualité du maître.


Salle II

Elle évoque la création du pavillon d'Or par le régent Ashikaga Yoshimitsu (1358-1406).
Ashikaga Yoshimitsu (1358-1408) et le pavillon d'or
Le règne du shogun Ashikaga Yoshimitsu (1358-1408) fut tout à fait exceptionnel. Il unifia
les royaumes du nord et du sud du Japon, consolidant ainsi le pouvoir militaire, et favorisa
les échanges commerciaux avec la Chine. Il fit bâtir des monuments d'une rare beauté
comme le Shôkokuji et le palais Kitayamadono dit aussi pavillon d'Or.
Le pavillon d'Or (ou « shariden », pavillon des reliques) est composé de trois étages
singuliers.
Le rez-de-chaussée donne directement sur le vaste étang
du Miroir (Kyôkochi) et a été conçu comme une maison de
style palatial (shinden zukuri).
Très différent, le premier étage s'inspire des demeures
militaires (buke zukuri) tandis que le second étage reprend
le style des temples zen ou « style chinois » (karayô).
A l'extérieur, au sommet du pavillon, un faîte en bronze
est surmonté d'un oiseau fabuleux « le phénix » (le hôô),
qui a la réputation d'apparaître lorsque survient un
souverain vertueux. Brûlé dans un incendie en 1950, le
pavillon d'Or a été reconstruit à l'identique en 1955. Le
phénix présenté dans l'exposition est celui qui a échappé à
cet incendie.


Salle III

Elle dévoile les objets rituels et les peintures de l'espace cultuel.

Les rituels

Si le Zen accorde une place importante à l'expérience immédiate et spontanée, il ne
s'oppose pas à des formes de rituel. Dans la pratique, la forme ésotérique du bouddhisme
japonais (école du Shingon ou du Shugendô), a contribué à la naissance d'un rituel zen. Des
cérémonies annuelles, mensuelles et quotidiennes en ont développé l'usage.
La cérémonie annuelle dite « rituel de la Pénitence de Kannon » ou Kannon Senbô sert à
expier ses péchés. Le Bodhisattva, « être d'éveil », qui fait voeu de sauver les êtres qui
vont quitter le monde, est invoqué, et rendu visible par des images exposées pour le
rituel : ces divinités bouddhiques protègent ainsi l'ensemble du monastère ou l'une de ses
parties.

Kaō (attribué à, Japon, première moitié du XIVe siècle) Kanzan et Jittoku (Hanshan et Shide) Stance de Yishan Yining (japonais : Issan Ichinei, Chine et Japon, 1247-1317) Encre sur soie Shōkokuji ©Shôkokuji Temple

Figures sacrées

Les rituels zen mettent en avant des figures sacrées parmi lesquelles les
bodhisattvas ou « être d'éveil ». Deux d'entre elles ont pris une réelle
importance.
La première, Kannon (Avalokiteshvara), « bodhisattva de la Compassion »,
peut apparaître sous de multiples formes même si la Kannon à la robe
blanche est la plus souvent représentée et invoquée.
La seconde, Monju (Mañjusri), « bodhisattva de la Sagesse », est exposée
dans toutes les salles de méditation. Sans sa « présence invisible », la
méditation assise (zazen) serait en principe sans valeur.
Kannon et Monju sont aussi associées au culte des reliques de Buddha,
composante essentielle du bouddhisme en Inde, au Japon et dans le reste
de l'Asie.
Le patriarche Bodhidharma (Daruma), 28e patriarche indien du Chan (zen), est considéré
comme l'une des principales figures sacrées du Zen. Deux épisodes de sa vie ont inspiré les
artistes : lorsqu'il médite devant la falaise du temple Shaolin durant neuf années, vêtu
d'une simple étole rouge, et lors de sa traversée du Grand fleuve, monté sur un jonc,
après son entrevue avec le roi Wu des Liang (r. 502-549)
La Parabole des dix stades du bouvier, rappelle les dix étapes de la vie spirituelle du
novice. Le jeune novice se met en quête de trouver le boeuf qui représente « la Vérité » de
la Loi bouddhique. Après l'avoir trouvé et attrapé, puis l'avoir oublié et s'être oublié luimême,
il rentre « les mains vides ».


Salle IV

Cette salle offre un panorama de la création picturale du XIVe au XVIIe siècles

Grues Wen Zheng (Chine, XIVe siècle) Encre et couleurs sur soie Shōkokuji Bien culturel important ©Shôkokuji Temple

Peinture et poésie

Véritables communautés intellectuelles, les monastères zen de Kyôto ont institué la
« culture des Cinq Montagnes » (Gozan bunka) lors de la période de Muromachi (1333-
1573). Les moines qui s'intéressèrent aussi bien à la peinture qu'à la poésie, profitèrent de
voyages en Chine pour étudier leur art à sa source.
Des rouleaux (jiku) ont ainsi associés peinture (ga) et poèmes chinois
(shi). Les plus remarquables d'entre eux rassemblent différents
artistes (les auteurs des poèmes et de la préface, ainsi que le peintre)
qui unissent leurs arts pour créer des shigajiku. Soulignant la liberté
d'expression du peintre et du poète, ces shigajiku sont réalisés de
manière improvisée ou font l'objet de commandes.
La poésie chinoise classique est une source d'inspiration.
Deux thèmes sont utilisés de manière récurrente : le lieu de retraite
du lettré ou cabinet d'étude (shosai zu) et l'adieu à un ami (sôbetsu
zu).
Les peintures prenant pour modèle un cabinet d'étude étaient
offertes au moine afin de commémorer le moment où il avait attribué
un nom littéraire à son lieu de résidence.
Le répertoire iconographique de ce type d'oeuvre fourmille de
symboles : dessiner un groupe de mouettes symbolise l'union tandis
que l'oiseau niché à l'écart représente l'ami qui vit au loin , évoquer
des orchidées ou des pruniers sur la toile renvoie à la vertu et la
ténacité.

Le cercle des peintres du Shôkokuji et l'école Kanô

Au Japon, les « moines peintres » (gasô) imitèrent bien souvent les peintres chinois.
Du XIVe au XVe siècle, deux grandes écoles se sont constituées :
La première, l'école des peintres de Shôkokuji a été fondée par le moine Josetsu. Artiste
d'envergure, cet adepte de la peinture à l'encre fit plusieurs émules. Son élève Tenshô
Shubun (actif entre 1414 et 1563) devint le peintre officiel du shogunat. Toutefois,
l'artiste le plus célèbre de cette école est Sesshû Tôyô (1420-1506). Ce peintre se rendit
en Chine de 1467 à 1469 afin de revenir aux sources de son art. Puis, il préféra travailler
pour des familles influentes de daimyos plutôt que de retourner à Kyôto.
La seconde école de peintres a été fondée par Kanô Masanobu (1434-1530) qui décora la
magnifique demeure de Higashiyama. Son style s'inspire de la peinture chinoise des Song
(960-1279) laquelle s'exprime essentiellement par le trait. Kanô Tan'yû (1602-1674), autre
artiste illustre de l'école Kanô, favorisa l'utilisation de la peinture à l'encre telle qu'elle
était pratiquée durant la période de Muromachi.


Salle V

Cette salle est consacrée aux ustensiles utilisés pour la « cérémonie du thé », et
notamment à des objets ayant appartenu au régent Ashikaga Yoshimasa (1436-1490), le
fondateur du pavillon d'Argent.


La culture de Higashiyama et le pavillon d'Argent

C'est sous le règne du shogun Yoshimasa (1443-1490) que fut construit
le palais d'Higashiyama, lequel a donné son nom à l'une des périodes
les plus florissantes de l'histoire de l'art. Considérée comme l'âge
d'or de la culture au Japon, son règne fut également l'un des plus
sanglants et des plus meurtriers de son histoire. Ce n'est qu'après la
mort du shogun que le palais prit le nom désormais célèbre de
Ginkakuji ou temple du pavillon d'Argent.
Yoshimasa a encouragé les innovations que d'aucuns considèrent
comme spécifiquement japonaises, notamment dans le domaine des
cérémonies du thé, de l'encens ou de l'arrangement floral. Ainsi,
l'invité qui pénètre dans le temple du Pavillon d'Argent se verra
diriger dans une salle de lecture (shoin) du pavillon de la Quête de
l'Ouest ou Tôgudô (aujourd'hui trésor national) pour aboutir dans la
salle d'une Même Vertu dite Dôjinsai où se trouve un des principaux
foyers permettant de préparer le thé sous ses yeux.
Grand collectionneur d'art chinois, Yoshimasa s'est également intéressé aux ustensiles de
fabrication japonaise sous l'influence de son maître de thé attitré, Murata Shukô.

Bol à thé à motif de pin, bambou et prunier (shōchikubai-mon) dans un cartouche en forme de calebasse Nonomura Ninsei (Japon, XVIIe siècle) Grès à décor polychrome et dorure sur la couverte Rokuonji ©Rokuonji Temple

La « cérémonie du thé » (chanoyu)

Au Japon, la coutume veut que l'on serve du thé aux hôtes et visiteurs.
Le chanoyu —, traduit littéralement « eau chaude pour le thé » - est né avec cette tradition.
Régi par des codes et une étiquette précis, il est connu en Occident sous le nom de
« cérémonie du thé ». Pour pratiquer le chanoyu, on mélange de l'eau et du thé en poudre
que l'on bat avec un fouet en bambou pour créer une émulsion. Les premiers plants de thé
utilisés pour le chanoyu auraient été rapportés de Chine par Eisai,(Yôsai), fondateur des
premiers monastères Zen au Japon.
Si au XVe siècle le thé était servi dans des ustensiles très
décoratifs ou Karamono importés de Chine, au XVIe siècle,
la mode favorisa des objets japonais ou coréens plus
modestes, voire défectueux et sélectionnés avec soin.
Cette nouvelle vogue du wabicha ou « thé pauvre » vit
également apparaître des cabanes imitant les retraites
d'ermites appelées sôan.
Chargés d'entretenir les ustensiles et de servir le thé, de
fixer les règles (sahô) et les méthodes (temae) du chanoyu,
les maîtres de thé ou chajin jouaient aussi le rôle de
conseillers artistiques.
Sen no Rikyû (1522-1591) est le plus célèbre d'entre eux. Par la suite, ses descendants
instituèrent de grandes écoles de thé qui ont perpétué, jusqu'à nos jours, l'enseignement
des premiers maîtres. Depuis la création de ces établissements, maîtres de thé et artistes
travaillent en étroite collaboration, à l'instar de Kanamori Sôwa et de Nonomura Ninsei qui
jouèrent au XVIIe siècle un rôle essentiel dans l'histoire et l'évolution de la céramique à
Kyôto.


Salles VI et VII

Ces salles présentent des oeuvres de grands peintres de Kyôto au XVIIIe siècle, comme Itô
Jakuchû (1716-1800), artiste au génie puissant et varié, peintre majeur de cette période.

Peintres, ermites et excentriques

L'école Ôbaku, école bouddhique chinoise Zen, joua un rôle décisif dans la
formation d'une société littéraire à l'époque d'Edo (1603-1868). Cette école
favorisa la transformation intellectuelle de la civilisation japonaise, visible
dans l'évolution de la préparation du thé infusé (sencha), l'apparition de
« salons littéraires », l'émergence d'une nouvelle catégorie d'érudits, les
« lettrés » (bunjin) mais aussi de peintres excentriques.
L'un de ces peintres, le moine Hakuin (1685-1768), dont les peintures et les
calligraphies reprennent des thèmes chers au Zen, a développé un style
original et fascinant où se mêlent spontanéité et humour. Son disciple, Ike no
Taiga (1723-1776), influencé par la Chine, deviendra l'un des grands
excentriques de l'école Nanga.
Mais c'est la singularité du style de Maruyama Ôkyo (1733-1795), fondateur de
la peinture réaliste, qui a fait le plus grand nombre d'émules. Sa formation lui
avait permis d'associer des sources d'inspiration véritablement hétéroclites :
les techniques de la peinture japonaise de l'école de Kanô, de la peinture
chinoise et même de l'école occidentale. Plusieurs de ses oeuvres, dont la
puissance de trait laisse une vive impression, ont été commandées par le
supérieur du temple Emman'in à Ôtsu : la Cascade, réalisée en 1772, est la
plus célèbre.


Itô Jakuchû (1716-1800)


Fils aîné d'un marchand de Kyôto, Itô Jakuchû (1716-1800) se consacra par
plaisir à la peinture. Si l'on ne sait rien de sa formation, son style
ressemble à celui d'Ôoka Shunboku de l'école Kanô.
Ce n'est que vers l'âge de trente ans qu'Itô Jakuchu s'intéressa au zen.
Passant le plus clair de son temps à peindre dans un lieu de retraite situé à
Kyôto, il finit par lui choisir un nom : la Retraite de l'esprit [qui porte]
loin, allusion au poète chinois Tao Yuanming (365-427).
Le supérieur du temple Shôkokuji, un moine lettré (bungakusô) nommé
Daiten Kenjô, lui permit d'étudier les collections de peintures du temple :
on retrouve l'influence de ce lieu dans plusieurs oeuvres de l'artiste.
Les relations entre les deux hommes ont été assidues puisqu'entre 1757 et
1765, Jakuchû va créer pour le Shôkokuji, une série de trente peintures
représentant des animaux et des temples, le Dôshoku sai-e. Cet ensemble
unique est aujourd'hui conservé dans les collections impériales.

Programmation

Pour plonger dans l'essence du zen, le Petit Palais propose des conférences, des ateliers et
démonstrations d'ikebana, des cérémonies autour du thé et de l'encens, des séances de
méditation Zen. Danse ZEN et musiques traditionnelles compléteront cette programmation
orientale.
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- ' Shôkokuji, Pavillon d'or, Pavillon d'argent, Zen et Art à Kyôto'
- Exposition du 16 octobre au 14 décembre 2008
- Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
- avenue Winston Churchill - 75008 Paris
- Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf les lundis et jours fériés - Nocturne les jeudis jusqu'à 20h
- www.petitpalais.paris.fr



Par Nicole Salez

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