Pour un instant, la liberté

Un film sur les drames de l'exil

Le film 'Pour un instant, la liberté', bien qu'émouvant, grave, et pourtant plein de fraîcheur, dans lequel tragique et humanisme s'entrecroisent subtilement, n'a pas beaucoup fait parler de lui en France, même s'il croule sous les récompenses*... Pour le voir, ne tardez pas, sa distribution est intimiste.
-par Louisa Grangory

Deux jeunes hommes tentent de fuir l'Iran avec leurs cousins (une petite fille de 7 ans et un garçonnet de 5 ans) pour conduire ceux-ci auprès de leurs parents qui vivent en Autriche (où ils ont eux-mêmes émigré il y a plusieurs années). Mais ils doivent d'abord passer par la Turquie, et attendre le sésame si difficile à obtenir : un visa ! Cette attente est partagée avec d'autres réfugiés iraniens : un couple et leur fils, ou encore un vieux professeur et un jeune Kurde qu'un solide sens de l'humour aide à surmonter difficultés et humiliations quotidiennes...
Tous attendent des fonctionnaires de l'ONU qu'ils leur accordent l'asile, pour pouvoir enfin gagner l'Europe, terre de libertés à leurs yeux...



Les reportages et les films sur l'exil ne manquent pas. Mais celui-ci est d'une force toute particulière. Peut être parce qu'il est inspiré de faits réels. En 1982, Arash T. Riahi lui-même, âgé de 9 ans, avait pris avec ses parents le chemin de l'exil pour l'Autriche et traversé plusieurs des épreuves racontées dans le film. L'auteur et réalisateur est revenu, à plusieurs reprises, en Turquie pour observer la situation actuelle de celles et ceux qui demandent l'asile.

Le constat est sinistre, tous sont condamnés à vivre dans des hôtels minables, confrontés à des tenanciers cupides, des délateurs, à la violence raciste , mais aussi à celle de la police turque fermant les yeux « diplomatiquement » sur les exactions commises par les agents des services secrets iraniens qui pourchassent au-delà des frontières les candidats à l'exil.



Heureusement que les sourires des enfants, l'amour qui unit le couple, les histoires de rivalité-séduction des jeunes hommes, bref la vie qui traverse ces existences est présente, et vibre fort tout au long de la projection.

Avec une grand mère qui confie ses petits-enfants bien-aimés à des passeurs pour un voyage clandestin qu'elle sait périlleux, une militante turc des droits de l'homme, une petite fille rieuse, attachante et lucide, ce film est très habité par les femmes. Et une figure particulièrement forte s'en dégage : celle de la courageuse, Laleh, interprétée par l'actrice franco-iranienne Behi Djanati-Ataï.



Après avoir vu ce film, sans doute le terme de « regroupement familial » résonnera très différemment... Pour le voir, n'attendez pas, très peu de salles le diffusent.


* Zénith d'or du meilleur premier long métrage de fiction (Montréal), Meilleur premier film (Zurich), Grand prix du public (Manaus), Meilleur scénario (San Luis), Meilleur film (Vienne), Meilleur réalisateur (Saint- Jean-de-Luz) etc.
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