France 3 revient sur cette fatidique journée de 2001 avec des documents exceptionnels, diffusés le 7 et le 11 septembre 2009 : 102 minutes qui ont changé le monde , Vol 93, les nouveaux héros de l'Amérique et Au nom de l'Islam.

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11 septembre 2001. Et déjà, des dizaines d'images affluent dans le cerveau. Personne n'a oublié ce qu'il faisait durant cette journée, où il était, comment il a appris la nouvelle avant de s'abimer devant l'écran de télévision, happé, hypnotisé, incrédule. Deux tours s'effondrent et le monde bascule. Huit ans plus tard, on commence tout juste à mesurer ce qui s'est joué ce jour là. Il faudra sans doute encore des années pour comprendre l'acte et analyser ses énormes conséquences. Le monde a effectivement changé. Deux guerres, des victimes, un Président noir... France 3 revient sur cette fatidique journée de 2001 avec des documents exceptionnels, diffusés le 7 et le 11 septembre : 102 minutes qui ont changé le monde , Vol 93, les nouveaux héros de l'Amérique et Au nom de l'islam.
- Lundi 7 septembre 2009 à 20h35
102 minutes qui ont changé le monde
L'histoire... aux pieds des tours
Un documentaire de Nicole Rittenmeyer
« Nous sommes le 11 septembre 2001, et cette journée, vous n'allez jamais l'oublier ». Ainsi s'adresse une journaliste à ses auditeurs, en commentant l'attentat du World Trade Center. Sous les yeux d'une Amérique en état de choc, l'impensable est arrivé. Nous savons tous ce qui s'est passé lors de cette terrible matinée mais nous ignorons la façon dont les événements ont été vécus par les habitants des quartiers situés à proximité des deux tours jumelles.
Ce film est le fruit d'un travail minutieux de récolte d'images qui a permis de reconstituer, minute par minute, ces 102 minutes qui ont marqué le monde. De leurs appartements, de Times Square aux quais du New Jersey, les New-Yorkais commentent, observent, et surtout filment la catastrophe. Du crash du premier avion jusqu'à l'effondrement de la deuxième tour, tout est enregistré. Si certains restent incrédules, tétanisés, d'autres sont pris de panique, ne sachant plus où être en sécurité. Les rumeurs circulent, personne ne sait si ces attentats ne sont pas le prélude d'attaques plus graves, plus importantes. Les transports s'arrêtent et les lignes téléphoniques sont mises hors service. L'île de Manhattan se retrouve coupée du monde. Ses habitants cherchent à fuir en marchant le long des routes et prennent d'assaut les ferries.
Ce film nous plonge dans la réalité de ces quelques heures qui resteront gravées à tout jamais dans nos esprits.
- Lundi 7 septembre à 22h05
Vol 93, les nouveaux héros de l'Amérique
Un documentaire de Thomas Johnson.

11 septembre 2001, le matin. Quand Mark Bingham parvient, in extremis, à embarquer sur le vol 93 New York - San Francisco de United Airlines, il ne sait pas encore qu'il vole vers l'enfer, tout comme les 36 passagers et les 7 membres d'équipage de ce Boeing 757...
Au prix d'un travail d'enquête et de reconstitution remarquable, ce documentaire revient sur l'épisode tragique et héroïque du vol 93, détourné de sa cible par le courage des passagers. Au prix de leur vie.
- Vendredi 11 septembre à 23h05
Au nom de l'Islam

Sur près de deux heures (2 fois 52 minutes), Ben Salama, de la rédaction de France 3, fouille le passé des pays arabo-musulmans pour mieux comprendre le présent. Entre images d'archives et interviews exclusives, il éclaire les subtilités d'une problématique trop souvent schématisée. Il sépare le politique du sacré et ramène le religieux à hauteur d'homme. Rare et pertinent.
Ben Salama parle de ce documentaire : Comprendre, Prendre de la hauteur , Libérer la parole , Partager la mémoire.
*Propos recueillis par Julien Chavanes
Comprendre
Ce film est né d'une réflexion personnelle et d'une volonté de donner des repères au public pour comprendre les contextes politiques et historiques qui ont favorisé la montée de l'islamisme depuis plusieurs décennies. Né en Algérie, je suis moi-même de culture musulmane même si je suis athée et profondément laïque. J'entendais tellement de choses fausses et contradictoires sur l'islam de la part de certains musulmans comme de non-musulmans que j'ai eu envie d'entreprendre une grande démarche de compréhension. Analyser la situation actuelle à travers l'histoire des pays arabo-musulmans. A chaque fois qu'un événement important se passe dans l'un de ces pays, on brandit des mots comme « Coran », « charia », sans que les gens saisissent vraiment ce qui se passe. Le contexte historique et politique est souvent laissé de côté alors que c'est absolument central ! Je me suis dis qu'il y a là œ,uvre de journaliste, mais aussi de citoyen, à faire comprendre au public ce qui se passe dans ces régions.
Prendre de la hauteur
La première confusion, elle concerne bien sur islam et islamisme. L'islamisme est d'abord une idéologie politique qui fait certes référence à l'islam et s'en sert comme outil de pouvoir. Il est très important de faire cette distinction entre la religion avec ses différentes pratiques, libérales ou conservatrices, et l'islamisme. Pour comprendre, il faut revenir en arrière, aux origines de ce mouvement politico-religieux qu'est l'islamisme. C'est pour cette raison que le film débute à la chute de l'empire ottoman, un événement qui porte déjà les ferments de l'islamisme moderne avec la naissance des Frères musulmans quelques années plus tard. Je voulais aussi montrer à quel point la religion est instrumentalisée par les fondamentalistes mais aussi par les pouvoirs politiques en place. Elle permet d'assurer une certaine paix sociale en établissant un ordre strict et en désignant un coupable extérieur. C'est une mécanique que l'on retrouve dans beaucoup des pays arabo-musulmans. Ce n'est pas du tout un film sur la religion en elle-même, sa pratique, mais bien un film sur la politique et la manière dont elle s'approprie le fait religieux. Le tout en donnant un certain nombre de références historiques absolument nécessaires pour cerner la situation actuelle.
Libérer la parole
Malheureusement, je trouve que c'est un travail de mise en perspective qui est trop rare à la télévision et dans les médias en général. La première raison, c'est une certaine ignorance de ces pays. La seconde, c'est que la télévision française n'aime pas le travail de réflexion. Cela demande trop de temps et d'investissement, et surtout on estime trop vite que cela intéresse peu le téléspectateur. En Europe, seule la BBC produit régulièrement ce genre de programmes qui ne se contentent pas de surfer sur l'écume de l'actualité et plongent profondément au cœ,ur des sujets. Je suis heureux que France 3 et l'INA aient permis la réalisation de ce film, ce qui est exceptionnel en France. Quand on a une actualité autour de l'islam, et il faut bien dire que c'est assez régulier ces derniers temps, on a toujours tendance à montrer ce qu'il y a de plus évident, de plus spectaculaire aussi, c'est-à-dire les islamistes. Se faisant, on réduit le champ de réflexion et surtout on ne donne pas la parole à ceux qui luttent, dans leurs pays, contre le fondamentalisme. Pourtant, ils sont nombreux ! Mais l'empressement médiatique fait qu'on ne les voit pas. C'est pour cette raison que j'ai voulu avoir dans ce film des personnalités musulmanes qui se battent, au péril de leurs vies, pour faire changer les choses. Par exemple, nous avons eu la chance d'interviewer Gamal Al-Banna en Egypte, le petit frère d'Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères musulmans. Et lui est tout à fait opposé aux idées qu'a pu prêcher son grand frère ! Il tient un discours progressiste et même assez critique envers l'islam enseigné actuellement en Egypte ou dans d'autres pays musulmans. C'est une parole éclairée, pertinente, qui fait du bien. Il nous a accordé sa première interview à une télévision occidentale. La manière dont ça s'est passé est d'ailleurs très parlante. J'ai pu interviewer sans problème le guide des Frères musulmans en Egypte, alors que la confrérie est censée être interdite depuis 1954 ! En revanche, pour Gamal Al-Banna, cela a été beaucoup plus compliqué. Notre « fixeur » a subi des pressions de la part des services de police égyptiens. Voilà comment vivent les opposants. Une raison de plus de leur donner la parole. Je suis très heureux d'avoir pu le faire.
Partager la mémoire
La France est un pays qui accueille de nombreuses populations, issues souvent d'anciennes colonies, et, parmi elles, il y a les musulmans, qui ont une mémoire chargée. Pour qu'il y ait une cohésion de la communauté nationale, il faut que les mémoires de ces populations soient considérées, entendues, comprises. Sinon, comment avancer tous ensemble ? L'individu ne peut pas être amputé de son passé. Dans la première partie du film, on parle beaucoup du sentiment d'humiliation que ressentent les musulmans aujourd'hui. Un ressentiment profond envers l'Occident, basé sur des faits réels mais aussi sur des fantasmes. Or beaucoup de jeunes gens en France ressentent cette humiliation, la partage, parce qu'ils sont les descendants de cette histoire tourmentée. Sans doute que certains, musulmans ou non-musulmans, ne seront pas d'accord avec la manière dont j'ai traité le sujet. Mais ce n'est pas grave, cela aura au moins le mérite d'exister, d'ouvrir le débat et une fenêtre sur l'imaginaire des autres. J'aime beaucoup cette phrase d'un écrivain algérien qui faisait référence aux films et téléfilms vus grâce à la télévision par satellite : « Le paysan des Aurès connaît mieux l'histoire de France que la plupart des intellectuels français ne connaissent l'histoire de l'Algérie » —, on peut ajouter celles de l'Afrique ou du monde arabo-musulman. Nous devons partager nos mémoires pour mieux nous comprendre.
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