France 2 : Isabelle Clarke, réalisatrice de ”Apocalypse”

«La défaite de la raison»

Septembre 1939. Il y a tout juste 70 ans, s'allumait le feu de ce qui deviendra très vite, la plus violente déflagration planétaire. Avec Apocalypse, France 2 montre dans un documentaire en six épisodes, les explosions simultanées et successives, les engrenages, politiques, diplomatiques, militaires sur tous les espaces, terre, mers, ciels, mais aussi le calvaire des populations civiles.
Isabelle Clarke , la réalisatrice de ce document exceptionnel, éclaire sa démarche pour toutpourlesfemmes.com. Entretien.



La 2e guerre mondiale et la période noire de 39-45 ont été traitées dans des centaines voire de milliers de documentaires, de fictions. Avec Apocalypse , vous avez réalisé une œ,uvre monumentale. Pourquoi cette entreprise ?


Isabelle Clarke

Isabelle Clarke : «La paternité de ce projet revient à Daniel Costelle. Dans les années 1970 il a réalisé avec Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne une série devenue mythique : « Les grandes batailles » qui, d'une certain façon, est à l'origine de ce projet. Avec Apocalypse nous reprenons le principe de la série historique, tout en le modernisant.»

En quoi vous vous distinguez de tout ce qui a été fait jusqu'à présent ?

IC :«Nous racontons la guerre en six épisodes, dans lesquels plus de la moitié des images sont inédites. Dans la plupart des documentaires, ce qui est généralement présenté, c'est un zoom sur une page d'histoire : un point de vue, un lieu, une période, une bataille, un pays...Dans Apocalypse, nous avons montré la simultanéité des faits, l'embrasement total de la planète. Nous avons voulu souligner l'angoisse des populations, les prévisions sans cesse bafouées que le conflit serait de courte durée. Notre option était d'éviter la seule lecture stratégique du conflit. Nous avons cherché aussi nous mettre à la place des victimes, entrer dans la vie au quotidien des hommes et des femmes - emportés par cette folie. Le monde était alors le témoin de la défaite de la raison.»

D'où ce titre, Apocalypse ?

IC : Le titre s'est imposé. L'Europe glissait vers le suicide. Dans un tel déchaînement de violences, Hitler apparaissait comme le cavalier de l'Apocalypse semant la terreur, la haine, la destruction du monde.



En tant que femme pensez-vous porter un regard différent sur ces évènements ?

IC : «Cette guerre a fait plus de victimes civiles que militaires. Des femmes, des enfants qui sont meurtris, tués...comment ne pas être touchée! Ma mère, alors petite fille a vécu l'exode et je ne peux m'empêcher de la voir à travers l'enfant de « Jeux interdits » jouée par Brigitte Fossey. A ma fille qui a dix-huit ans, et à toutes les jeunes générations j'avais aussi envie de dire que cette période sombre de notre passé, n'est pas une page desséchée de l'histoire, mais que c'est leur histoire.»

Comment alors pensez vous atteindre les jeunes, pour lesquels cette période peut paraître bien lointaine ?

IC : «Pour toucher le plus grand nombre nous avons utilisé des outils modernes : restauration de documents exceptionnels, colorisation des images, enregistrement d'une bande originale au diapason de leurs goûts du musicien japonais Kenji Kawai, commentaire dit par Mathieu Kassovitz très apprécié par les jeunes générations et qui sait faire passer une émotion où se mêlent pudeur et violence».

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-'Apocalypse'

Par Elsa Menanteau
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