Belly Love - Design Florence Jaffrain

De part sa forme, 'Belly Love' est directement inspirée du 'Sarcophyton Elegans', un corail mou de l'océan indien. Passant du récif tropical au salon parisien, il garde son élégance et gagne en confort devenant tout à la fois paradis des sens et écrin pour le corps. Le prototype est exposé a la galerie Slott à Paris dans le cadre d'une exposition intitulée « Préliminaires » qui se poursuit jusqu'au 12 février 2010.




Grâce à un textile spécialement créé par l'ENSAIT de Roubaix avec des matériaux photoluminescents et des micro-capsules intégrées dans la fibre, “Belly Love” recrée la luminosité magique des fonds marins, tout en diffusant des parfums d'huiles essentielles. Les cils du sarcophyton deviennent une toison à caresser et lorsque l'on accole notre oreille, les battements de son coeur donnent une cadence idylique à ce rêve éveillé.


Synthétique ou organique?


“Belly Love” respire aussi et l'on en vient à se demander si c'est un mécanisme, caché sous la mousse à mémoire de forme, ou un véritable souffle de vie qui anime cette membrane. Corail ou sofa, synthétique ou organique, la question ne se pose plus lorsqu'on est face à l'objet : en portant la technique à sa perfection, Florence parviennent à nous la faire oublier.

Toute cette industrie devient magie et laisse place à la poésie. Florence raconte, d'ailleurs, que lorsqu'elle a réalisé le moule en collaboration avec Géraldine Blin, la forme d'un coeur est apparue toute seule sur le dessous de la pièce... le « ventre d'amour » était né ! C'est un ventre parce qu'il nous replonge dans l'idéal sensoriel de la vie intrautérine et aussi parce qu'il respire avec la lenteur et la tranquillité d'une figure masculine protectrice...


Idéal mythique de l'Androgyne


“Belly Love” mêle donc des principes masculins et féminins en en gardant le meilleur. Il évoque un peu cet idéal mythique de l'Androgyne raconté par Platon. Belly Love cultive le paradoxe d'être asexué et sensuel à la fois. Sa forme nous enveloppe, on s'abandonne en son sein. On ne s'y couche pas, on s'y love. On s'applique à se calquer sur sa respiration jusqu'à faire parfaitement corps.

On ne pense plus qu'à la suggestion du souffle qui va et qui vient comme « la vague irrésolue » sur les récifs coraliens. “Belly Love” semble alors une muqueuse érogène, souple et sensuelle qui se laisse emporter en tandem par l'ivresse des sens. Ce sofa sensoriel n'est finalement pas un concept accessible à la raison. Il faut plutôt le concevoir comme une sensation de bien-être total, d'abandon, de lâcher prise, une harmonie qui stimulerait chaque partie du corps, éveillerait le désir et l'imagination.

Le “Belly Love” de Florence Jaffrain est au design contemporain ce que la Galatée de Pygmalion est à la sculpture mythologique : le sofa sensoriel devait seulement contribuer à l'éveil du désir, mais il a finalement pris vie pour devenir lui-même objet du désir.

A lire également dans le cadre de l'exposition Préliminaires :
--The Power of Love de Mathieu Lehanneur
--Aequorea de Matali Crasset
--Confession d'Arik Levy


« Préliminaires » jusqu'au 12 février 2010 du mardi au samedi, de 14 à 19h
Galerie Slott 12, rue du château Landon 75010 Paris



Par Franck Moineau

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