Pour cerner le phénomène de maltraitance ordinaire et renforcer les moyens de prévention, la Haute autorité en santé a demandé aux sociologues de la santé de se mettre à l'écoute des patients, de leurs familles mai aussi des professionnels.
Cette étude monographique fondée sur des témoignages ne vise pas à mesurer l'ampleur du phénomène mais doit repenser les organisations d'un établissement et adapter les pratiques professionnelles.

« J'ai eu aussi le chirurgien qui entre dans la chambre quand j'étais aux toilettes. Je lui ai demandé « pouvez-vous sortir ? Cela me gêne. « Non, moi ça ne me gêne pas »
« Il y des moments où je restais dans le pus et des mes excréments toute la matinée »
Menaces, humiliations, négations de la douleur, souffrances, pressions psychologiques.... Claire Compagnon et Véronique Ghadi, sociologues rendent compte, dans un rapport remis le 27 janvier à la Haute autorité en santé, de la maltraitance ordinaire à partir d'une centaine de témoignages de patients, de proches et de professionnels de santé.
Qu'appelle t-on maltraitance ordinaire ?
C'est le fait que quelqu'un qui a fait l'expérience d'un contact avec un établissement de santé et qu'il a eu le sentiment d'avoir été abandonné, mal ou pas informé ou d'avoir été insuffisamment écouté. Le patient s'est parfois vu imposer des attentes interminables et inexpliquées, des entraves et des contraintes qui paraissent absurdes. Le risque le plus important de maltraitance réside dans sa banalisation, son « invisibilité » et donc son acceptation passive
Les professionnels de santé, explique le rapport, ne sont pas ou rarement maltraitants de manière volontaire. Plusieurs hypothèses sont évoquées. L'une de celles avancées par les professionnels interrogés est que des professionnels malmenés par l'institution hospitalière deviennent alors, plus sûrement, des soignants maltraitants.
Une deuxième hypothèse concerne le développement de mécanisme de défense des soignants face à la souffrance des patients. Ces mécanismes peuvent conduire à aborder le corps comme un objet et oublier la personne.
Une troisième met en exergue la dichotomie entre une demande de personnalisation des soins et des politiques publiques sui aspirent à standardiser les soins.
Qu'en est-il justement des pouvoirs publics ?

Jean-Paul Delevoye, médiateur de la République estimait le 12 janvier que «Face à une certaine banalisation de la violence, il apparaît nécessaire de rappeler au personnel hospitalier, mais aussi aux patients, la nécessité du respect réciproque.»
Le Médiateur a mis en place depuis le début 2009 un Pôle Santé et Sécurité des Soins qui est chargé de traiter les réclamations liées aux droits des malades et à la sécurité des soins. Depuis sa création, il a traité près de 4800 requêtes des usagers du système de santé. Sur l'ensemble de ces réclamations, le Médiateur de la République observe une montée inédite et progressive des phénomènes de maltraitance concernant non seulement les patients, mais également le personnel hospitalier, parfois victime de comportements agressifs.
De plus, HAS mettra à la disposition des professionnels en établissements de santé des outils, en particulier un guide de la bientraitance en établissements de santé dont la publication est prévue en 2010. Trois critères de qualité seront par ailleurs intégrés dans la nouvelle procédure de certification des hôpitaux : la gestion des plaintes et des réclamations, la mise en œ,uvre des soins palliatifs et des droits des patients en fin de vie, la mise en place d'une démarche de bientraitance.
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