Tête de liste Europe Ecologie en Île-de-France
A l'occasion des élections régionales des 14 et 21 mars 2010 et de la sortie de son livre 'Apartés', Cécile Duflot, tête de liste Europe Ecologie en Île-de-France et secrétaire nationale des Verts répond à nos questions. Elle propose de nombreuses solutions concernant notamment le logement, les transports, l'emploi, l'égalité femmes-hommes.

- Différents sondages le montrent : le logement fait partie des principales préoccupations des Français. Vous étiez vous-même déléguée générale d'une association qui s'occupe de logements sociaux, que suggérez-vous pour résoudre les problèmes de logements en Ile-de-France ?
Les problèmes de logement touchent de plus en plus de Franciliens et c'est pour cette raison que cette problématique est au cœ,ur de notre programme. Avec Europe Ecologie, nous voulons un habitat de qualité pour tous les Franciliens. Cela veut dire que nous faisons du logement un axe prioritaire de la prochaine mandature pour en finir avec la précarité énergétique et permettre un accès à un logement financièrement abordable aux ménages. Pour se donner les moyens de réussir, il faudra doubler le budget logement du conseil régional et lancer plusieurs grands chantiers pour répondre aux attentes. Pour pallier le manque de logements, Europe Ecologie propose d'en construire 100 000 nouveaux et que la Région achète et rénove 50 000 logements.
Afin de diminuer de moitié les charges toujours plus lourdes des ménages, Europe Ecologie veut lancer la rénovation de plus de 200 000 logements. Pour répondre à la situation catastrophique du logement étudiant, Europe Ecologie veut doubler le parc. Enfin, la région devra peser de tout son poids pour atteindre l'objectif ZERO logement vacant notamment en demandant à l'Etat d'augmenter la taxe sur les logements vacants et sur les bureaux vides.
- Vous avez longtemps habité la banlieue parisienne, quelles sont, selon vous, les premières mesures à prendre pour résoudre ce que l'on appelle 'les problèmes de banlieues' ?
J'y habite encore! Résoudre les problèmes des banlieues demande une intervention massive dans tous les secteurs: emploi, formation, transports, sécurité... Mais la priorité des priorités, c'est l'impératif d'égalité territoriale car aujourd'hui les quartiers les plus en difficulté sont ceux qui ont le moins de ressources pour y répondre. Nous voulons renforcer les aides de la région vers les quartiers qui en ont le plus besoin.
Lutter contre les problèmes des banlieues, c'est aussi en finir avec la stigmatisation des quartiers: nous voulons une région réconciliée et solidaire. Concrètement, avoir un Pass Vert unique
*NDLR : Pass Vert transports à tarif unique : 65 euros. Objectif : répondre aux injustices en terme de mobilité des Franciliens, leur faciliter les transports en commun et créer un sentiment d'appartenance à un même territoire. Le Pass Vert pourrait être une sorte de 'tirelire' permettant également d'utiliser le Velib, ou des véhicules, voire des taxis, en autopartage.
c'est dire à chaque francilien-ne: 'nous faisons tous partie d'une même région'.
- Sous couvert de soi-disant démocratie, chacun a le droit de vivre et de penser comme il l'entend, la laïcité paraît de plus en plus menacée dans certaines de ces banlieues, mais pas seulement. Que préconisez-vous pour la préserver ?
La laïcité fait partie de mes valeurs fondamentales. Pour moi, la religion appartient au domaine du privé voire même de l'intime et ne doit pas interférer avec l'action de l'Etat. Mais le meilleur moyen de préserver la laïcité, c'est d'éviter une application à géométrie variable de ce principe. Trop souvent, elle est utilisée à tort pour stigmatiser les personnes de confession musulmane. Prenons l'exemple récent du Quick halal: il y a toujours eu en France des restaurants kasher, des restaurants indiens qui ne servent pas de porc, etc. Préserver la laïcité, c'est donc avant tout ne stigmatiser personne en raison de sa religion.
- Concernant les transports en Île-de-France, quelles sont vos propositions ?
La situation des transports en Ile-de-France est très loin d'être satisfaisante. Chaque Francilien passe entre 1H30 et 2H dans les transports chaque jour, soit l'équivalent d'une journée de travail par semaine et 50% de temps de transport en plus que la majorité des personnes des autres régions! Et tout cela dans des conditions déplorables, qui font que les transports sont aujourd'hui le premier facteur de stress.
Quelles sont nos propositions ? Trois actions qui permettent de répondre à l'urgence dès maintenant et d'améliorer la qualité de vie des Francilien-nes pour aujourd'hui et pour demain. Premièrement, nous voulons lancer un plan « priorité transports » pour avoir des transports plus fiables, plus rapides et plus agréables. Et pas dans 15 ans, maintenant ! Deuxièmement, nous militons pour un Pass Vert unique afin de permettre à toutes et à tous d'avoir accès aux transports en commun. La situation actuelle n'a pas de sens: ce sont ceux qui ont le moins qui payent le plus! Il faut montrer que nous appartenons tous à une même région. Troisièmement, nous allons créer en quatre ans 60 lignes de bus express avec voies réservées sur autoroutes pour en finir avec les quartiers mal desservis de la grande couronne.
Enfin, nous pensons que le meilleur moyen de résoudre la crise des transports est de donner la priorité à la proximité. Rapprocher les lieux de travail des lieux de résidence, c'est diminuer les temps de transports subis et rendre les emplois plus accessibles aux francilien-nes. Plus d'emplois et plus de qualité de vie, c'est tout l'objectif de notre programme.
- Le chômage, la précarité, ne cessent de croître. Quelles sont vos solutions ? Passent-elles par la croissance économique ?
La seule solution efficace contre le chômage, c'est d'engager la transformation écologique de notre économie. On le voit avec la crise qui continue: les vieilles recettes ne fonctionnent plus. Pour en sortir, il faut donc changer de modèle, et passer à une économie centrée sur l'humain et source d'emplois durables et non délocalisables. Il y a dix ans, on passait pour des utopistes, aujourd'hui, c'est un constat de plus en plus partagé. La preuve, une récente étude du CNRS a montré que la conversion écologique de l'économie en Ile-de-France peut créer plus de 170 000 emplois.
Le meilleur moyen d'en finir avec la précarité, c'est d'investir massivement dans la formation, c'est d'offrir des débouchés d'emplois durables et non délocalisables. C'est ce que nous ferons à la région avec l'apprentissage et la création d'un « pass formation » pour garantir à toutes et tous l'accès direct à la formation continue. Par exemple, la rénovation et l'isolation des logements c'est diminuer par deux les charges des ménages souvent les plus fragiles, c'est créer de l'emploi durable et non délocalisable et enfin c'est diminuer notre impact sur le dérèglement climatique.Vous le voyez, on est pour une croissance des emplois et du bien-être!
- En quoi le fait d'être urbaniste influence-t-il le regard que vous posez sur l'Île-de-France?
Etre urbaniste c'est s'intéresser à l'aménagement de notre territoire, c'est-à-dire aux lieux où l'on vit, où l'on travaille... C'est fondamental lorsque l'on est écologiste. Par exemple comment ne pas trouver aberrant le mode de développement qui consiste à spécialiser des territoires comme celui de La Défense à l'ouest de Paris et de concentrer les logements à l'est. Cela pose aussi la question de l'égalité entre les territoires et donc de l'importance du rôle de la puissance publique.
- Vous parlez souvent d'écologie politique, de quoi s'agit-il exactement ?
L'écologie politique, c'est la prise de conscience que l'on n'a qu'une planète et qu'il est de notre responsabilité à toutes et à tous de la préserver. Çà a l'air tout bête, mais ça implique plusieurs principes forts qui restent trop souvent inappliqués: la solidarité entre les individus et entre les peuples, la recherche du bien-être plutôt que de la croissance économique, la préservation des ressources naturelles... L'écologie politique ne se limite pas à l'environnement. C'est un projet de civilisation, à la fois ambitieux et indispensable.
- Au quotidien, quels sont vos principaux gestes écolos ?
Prendre les transports en commun, trier les déchets, acheter bio quand c'est possible... Et m'engager en politique pour faire avancer la transformation écologique de notre société. Les deux sont indispensables pour le succès de l'écologie.
- Dans votre livre 'Apartés', vous reconnaissez avoir bénéficié de la parité hommes-femmes pour devenir membre de la direction des Verts en 2003. Qu'envisagez-vous de faire pour la favoriser, en Ile-de-France et ailleurs ?
La parité est essentielle pour les écologistes, c'est d'ailleurs pour cette raison que nous souhaitons que l'égalité femmes-hommes soit en Ile-de-France pour la prochaine mandature « Grande cause régionale ». Les femmes sont les premières victimes du chômage, de la précarisation de l'emploi, des inégalités salariales, des violences familiales... Nous voulons développer une véritable culture de l'égalité femmes-hommes. Pour y arriver, nous mettrons en place un plan d'action régional et nous créerons une vice-présidence régionale dédiée pour mettre en œ,uvre cette politique transversale.
- Toujours dans ce livre vous écrivez : 'être une femme implique d'en faire davantage', des exemples en ce qui vous concerne ?
L'exemple le plus parlant c'est de devoir prouver en permanence que je suis aussi compétente qu'un homme. Ceci concerne l'ensemble des femmes. Encore aujourd'hui à travail égal, le salaire ne l'est pas avec un différentiel allant jusqu'à 20%. Nous faisons de l'égalité femmes-hommes un axe central du projet écologiste.
- Si vous étes élue, quelles seront les premières mesures que vous prendrez ?
Les premières mesures à prendre seront celles qui répondront le plus rapidement possible aux urgences franciliennes en matière de logements, de transports et d'emploi. Nous mettrons en place, par exemple, un large financement de la région pour créer de nouveaux logements (objectif de 100 000 constructions nouvelles), le Pass vert unique à 65 euros ou encore un fonds de participation aux sociétés de capital-risque régionales pour sauver l'emploi.
Et si vous n'êtes pas élue, quelles seront vos prochaines batailles ?
Elue ou pas élue, mon engagement restera le même: initier la transformation écologique de notre société. Et pour cela, je reste convaincue de la nécessité du rassemblement.
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