Violences conjugales : entretien avec Eva-Britt Svensson

Présidente de la commission parlementaire des droits des femmes

A l'occasion de la Journée internationale de la femme 2010, le Parlement européen lance une campagne d'information sur les violences conjugales. La Suédoise Eva-Britt Svensson (Gauche unitaire européenne), présidente de la commission parlementaire des droits des femmes, sait exactement ce que l'on peut ressentir dans de telles situations : elle-même en a été victime. Entretien.




« Il est possible d'en sortir et de construire sa propre vie »



- Que fait l'Union européenne (UE) - en particulier le Parlement européen - pour lutter contre les violences conjugales ?

Tout d'abord, je ne pense pas que nous en ayons fait assez car il y a toujours beaucoup de violences contre les femmes. Mais nous avons lancé une campagne d'information et nous avons un programme d'action, Daphné. Certains Etats membres ont une très bonne législation pour lutter contre ces violences, mais maintenant il faut légiférer au niveau européen.

- Quelles seraient les trois mesures d'aide aux victimes que vous souhaiteriez que l'Union européenne adopte ?

Tout d'abord un soutien fort aux victimes. Il faut des lois, de façon à ce que chaque femme sache que c'est un crime. Et il faut avoir la possibilité d'être soutenu par les services sociaux, par la police et par la justice.

Deuxièmement, la Présidence espagnole du Conseil de l'UE a proposé un numéro de téléphone unique. C'est une bonne chose car si vous avez ce numéro en tête, il est plus facile d'appeler à l'aide où que vous vous trouviez.

Troisièmement, il faut que les Etats membres fournissent des données sur la violence, le nombre de victimes, les raisons de cette violence.

- Une femme sur quatre ou cinq est victime de violence physique au cours de sa vie, et une femme sur dix de violence sexuelle. Vous-même avez été dans une telle situation. Que voudriez-vous dire aux victimes ?

Je souhaiterais dire à toutes celles qui vivent des relations violentes qu'il est possible d'en sortir et de construire sa propre vie. Je sais comment c'est. Vous vous faites des reproches, il garde le contrôle de tout et vous avez peur à tout moment du jour et de la nuit. Imaginez-vous avoir, à tout moment, peur de la personne avec qui vous vivez, la personne que vous avez aimée, avec qui vous avez des enfants. C'est la personne la plus importante dans votre vie mais c'est également une menace. Il faut réaliser que ce n'est pas acceptable, qu'il faut abandonner cette relation et construire une nouvelle vie.

- L'UE prévoit-elle l'adoption prochaine de mesures pour aider les victimes ?

Oui, il y a un projet de protection européenne. Je viens par exemple de Suède. Quand j'ai été victime de violences, je me suis plainte à la police et ils ont interdit à mon agresseur de venir près de mon appartement ou de mon lieu de travail. J'avais même un mécanisme d'alerte s'il décidait de venir chez moi. Avec le projet de protection européenne, si vous êtes protégé dans votre pays, vous pourrez demander à la police de chaque Etat membre dans lequel vous vous rendez de vous protéger, par exemple si vous voyagez.


L'interview a été réalisée en anglais.

Source : site du Parlement européen : www.europarl.europa.eu



Par Nicole Salez

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