Sortie le 31 mars
C'est le premier film de Pascal Elbé. Un film policier avec comme tête de turc Roschdy Zem.
Entretien avec le réalisateur.
Un geste et tout bascule

Un adolescent de 14 ans, un médecin urgentiste, un flic en quête de vengeance, une mère qui se bat pour les siens, un homme anéanti par la mort de sa femme, voient leurs destins désormais liés.
Alors que le médecin passe plusieurs jours entre la vie et la mort, les événements s'enchaînent et tous seront entraînés par l'onde de choc.
Comment passe-t-on d'acteur et scénariste à auteur complet de son premier film ?
Pour moi, c'est toujours l'histoire qui commande le projet et je ne me suis pas posé la question de savoir qui pourrait le réaliser. Au départ, il s'agit d'un fait divers : en 2006, à Marseille, Mama Galledou, passagère d'un bus, a été brûlée vive par des jeunes qui n'avaient pas la moindre conscience des conséquences de leurs actes.
C'était un guet-apens prémédité qui ne pouvait pas avoir été improvisé.
Ce qui m'avait le plus choqué, c'est qu'un an plus tard les jeunes ne se sont pas exprimés pendant le procès et n'ont jamais demandé pardon, de peur d'être rejetés de la bande. Comme si leur peine de prison n'avait servi à rien. Et comme si notre pacte social avait éclaté en mille morceaux.
Cette histoire m'a accaparé, mais je ne me voyais pas expliquer à quelqu'un pendant deux mois pourquoi je m'y intéressais. Du coup, j'ai décidé de le mettre moi-même en scène. D'autant que j'ai souvent ressenti une frustration lorsque j'étais scénariste, sans réaliser. J'avais envie de commettre mes propres erreurs !
Quel type de recherches avez-vous menées ?
Je me suis beaucoup documenté et je suis allé sur le terrain, où j'ai rencontré des travailleurs sociaux, des urgentistes et des flics. J'ai passé des heures à lire les blogs entre les pompiers et les urgentistes,
où ils racontent qu'ils ne peuvent plus intervenir dans certains quartiers sans escorte policière. J'ai aussi vu des cités totalement à l'abandon, où il n'y a plus de commissariat à 2 km à la ronde. J'ai même demandé au patron de la Brigade Criminelle de relire mon scénario pour détecter d'éventuelles erreurs.

La direction d'acteurs est au cordeau. Comment les avez-vous choisis et dirigés ?
Je pense qu'il ne faut pas écrire un scénario avec un acteur en tête : c'est la meilleure manière de ne pas obtenir son accord. J'avoue que je n'ai pas pensé immédiatement à Roschdy Zem pour le rôle du flic
il ne ressemblait pas vraiment à un Arménien !
Mais il m'a dit que c'était au réalisateur de faire en sorte que l'acteur se glisse dans la peau du personnage —, et il avait raison. Je lui ai donné quelques heures pour lire le scénario : il m'a dit oui tout de suite.
À partir du moment où je l'ai envisagé dans le rôle, cela m'est apparu comme une évidence.
Pour la mère, je voulais quelqu'un qui me rappelle les grandes actrices italiennes du néo-réalisme et qui puisse incarner la dignité et la fierté. J'ai très vite pensé à Ronit Elkabetz : dans «Prendre femme» ou «Mariage tardif», elle prend des coups terribles et continue à se tenir debout —, et c'est exactement ce que je voulais pour son personnage. Je lui ai simplement demandé de garder une certaine douceur dans la tessiture de sa voix.
Je ne pouvais pas imaginer de faire un film sans Simon Abkarian.

Et pour le rôle de Bora ?
Je voulais prendre un jeune qui n'avait presque jamais fait de cinéma et qui n'était pas dans une sorte de confort. Je voulais que ce soit un gamin qui soit dans une forme d'urgence. J'ai rencontré beaucoup de garçons, mais Samir m'a touché par sa simplicité et sa capacité d'écoute.
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