Salon du Livre de Paris 2010 : interview de Bertrand Morisset, Commissaire général

Le Salon du Livre de Paris fête cette année son trentième anniversaire. Bertrand Morisset, Commissaire général du Salon répond à nos questions à propos de cette grande manifestation culturelle.

Comment fêtez-vous ce trentième anniversaire du Salon du livre de Paris ?

Le Salon a invité 90 auteurs dont trente étrangers de grande renommée. Jamais un Salon du livre n'avait réuni autant de grands écrivains.

Cette année, le Salon met donc à l'honneur des auteurs plutôt qu'un pays, pourquoi ce changement ?

Justement, pour célébrer les auteurs qui sont, depuis 30 ans le pilier du Salon du livre.
Il faut également dire que mettre un pays à l'honneur c'est également dissuader un peu les autres de faire des efforts. Nous avons cette année des pavillons étrangers très grands et avec énormément d'auteurs présents : la Russie avec un Pavillon de 350 m² et vingt auteurs, les Turcs, 250 m² avec 30 auteurs, les 14 pays de l'Afrique sub-saharienne qui fêtent les cinquante ans de leur indépendance avec 40 auteurs, et tous ceux invités par les autres délégations étrangères et les éditeurs français.

Qui a choisi ces 90 auteurs, selon quels critères ?

Un jury composé de journalistes partenaires, du Centre national du livre (CNL), du Syndicat national de l'édition SNE), du Salon du livre et du Ministère des affaires étrangères et de son opérateur Cultures France.
Une liste de 400 auteurs a été établie sur la thématique « Raconter le Monde » et ensuite une « short list » d'une centaine a été arrêtée. 30 auteurs français et trente auteurs étrangers ont été invités officiellement.
Les trente autres auteurs français ont été choisis par le CNL et ont bénéficié du soutien de l'institution.

A-t-on ressenti les effets de la crise lors de l'organisation de ce Salon 2010 ?

Le marché du livre a été étal en 2009, ce qui est une exception au niveau économique général.

Depuis trente ans, le type d'exposants et de visiteurs au Salon a-t-il beaucoup évolué ?

Le type d'exposant n'a pas vraiment évolué car le Salon du livre a toujours été un Salon d'éditeurs. En revanche, les régions sont plus nombreuses et fédèrent la venue de plus de 500 petits éditeurs. Les délégations étrangères sont également plus nombreuses et la mutation numérique du marché de l'édition amène plus d'exposants des métiers du livre.

A l'occasion de cette édition, un espace 15/25 ans est dédié aux jeunes ? Qu'y propose-t-on ?

L'espace réservé aux « adolescents » dénommé la Scène accueillera tout ce qui est spectaculaire mais toujours en rapport avec les livres : défilé de cosplay, débat Tardi Besson, Slam, Concert et enregistrement d'émissions radiophoniques.

Multiplication des salons consacrés aux livres, en France et ailleurs, plaintes des libraires devant une certaine désaffection des Français pour le livre, montée du livre numérique, nouveaux entrants sur le marché du livre comme Google...Comment réagissez-vous face à ces évolutions ?

La multiplication des événements autour du livre en France est une bonne chose dès lors que les subventions et donc les impôts des français ne servent pas à la mise en œ,uvre de temples marchands mais soient dédiées à l'organisation d'événements littéraires.
Je pense que la numérisation de l'édition et l'irruption de nouveaux acteurs vont créer de nouveaux modes de coopération dans toute la chaîne du livre.
Le plus important est que chaque maillon ne soit pas dissocié des autres et que par-dessus tout, le droit des auteurs soit respecté.

Trente ans c'est jeune, mais pas trop. C'est l'occasion de faire le point, de confirmer ses choix ou au contraire de les réorienter. Quelles pourraient être les prochaines évolutions du Salon ?

Laissez moi goûter le plaisir, avec mes équipes et tous les partenaires du plus grand Salon culturel grand public en Europe, d'ouvrir cette session 2010 et d'en faire un plein succès.
Un Salon doit toujours évoluer. Chaque année, nous nous remettons à l'ouvrage pour toujours améliorer la qualité de notre événement. 2011 n'y dérogera pas.

Par Nicole Salez