Vous avez dit féministe ?

Assises de l'Institut Emilie du Châtelet (IEC)

'Vous avez dit féministe ?', tel est le thème des prochaines assises de l'Institut Emilie du Châtelet (IEC) pour le développement et la diffusion des recherches
sur les femmes, le sexe et le genre, qui se tiendront les lundis 4, 11, 18, et 25 octobre 2010. L'occasion d'identifier quelques-uns des domaines (travail, vie privée, culture...) dans lesquels l'intervention féministe est requise, et les formes qu'elle
peut prendre, 40 ans après la création du MLF (Mouvement de Libération des Femmes).




Si, dans les quarante dernières années, le mouvement des femmes a fait progresser l'égalité entre les sexes, le féminisme
reste plus que jamais d'actualité en ce début de XXIe siècle, affirme l'Institut Emilie du Châtelet (IEC). Les troisièmes Assises de l'Institut seront
l'occasion d'identifier quelques-uns des domaines dans lesquels l'intervention féministe est requise, et les formes qu'elle
peut prendre.

Si la question de l'égalité au travail se pose toujours, elle ne peut aujourd'hui se décliner sans intégrer la question de la précarité,
de la mondialisation, et celle de l'imbrication des discriminations de classe, de « race » et de genre. Dans ce contexte, le droit
est de plus en plus sollicité. Malgré tous les changements sociaux et les acquis du féminisme, le privé reste encore un lieu où
s'enracinent bien des blocages. Pourtant de nouvelles formes de parentalité apparaissent. Des modèles de socialisation non
sexistes peuvent-ils émerger ? Pendant les dernières décennies, une certaine institutionnalisation du féminisme s'est produite,
qui a donné naissance à des structures plus ou moins pérennes et à des politiques d'égalité. Quel est le bilan de ce
féminisme institutionnel ? Les institutions ont-elles infléchi l'action du féminisme militant ? Enfin, si le féminisme a mis en
cause la domination du masculin dans la culture hégémonique, bien des domaines, à l'instar des arts et des sciences, restent
profondément marqués par des présupposés androcentrés. Comment agissent les féministes dans le domaine culturel ?

Quatre après-midi de débats sont proposés, correspondant chacun à une de ces grandes questions. Les séances
comprendront deux tables rondes, organisées autour de chercheur-e-s et de membres de la société civile et politique.

L'objectif est de permettre des échanges croisés avec le public et de faire surgir des propositions et des suggestions d'actions.

Lundi 4 octobre 2010 : Travail mondialisé, inégalités et droit: les nouveaux contours de l'engagement féministe

Lundi 11 octobre 2010 : Vie privée, révolutions et résistances : le privé est-il toujours politique ?

Lundi 18 octobre 2010 : Le féminisme est-il soluble dans l'institution ?

Lundi 25 octobre 2010 : Féminismes, culture et contre-cultures , « L'avenir de l'homme n'est plus ce qu'Elle était »




Les nouveaux contours
de l'engagement féministe


Cette première séance des Assises porte sur le travail et s'articule autour d'un défi et d'un espoir.
D'un défi car le contraste ne cesse de s'accroître en Europe et en France entre la situation des femmes
cadres et dirigeantes et celle des femmes peu qualifiées et précaires, auxquelles il faut adjoindre un
grand nombre de femmes migrantes. Comment appréhender du point de vue de l'engagement féministe
la communauté et la diversité des enjeux associés à cette polarisation de la situation des femmes ?

Comment envisager un renouvellement des problématiques féministes, qui prenne en compte à la fois
les revendications en matière d'accès aux postes de décision et la question de la précarité et de la
mondialisation ?

Mais d'un espoir aussi, car le droit est de plus en plus sollicité comme l'ultime recours dans la lutte
contre les discriminations et les inégalités. Enjeu de luttes féministes dans de nombreux domaines,
il a pu être considéré comme peu efficace ou secondaire pour une véritable transformation du statut
des femmes dans la sphère du travail. Comment peut-on aujourd'hui concevoir une approche féministe
du droit dans le domaine du travail et de l'emploi et quels sont les enjeux, les instances, les démarches
qui peuvent donner corps à une telle approche?

Coordination : Jacqueline Laufer, Martin Clément, Thomas Lancelot, Catherine Louveau

- Première table ronde : Entre précarité et plafond de verre, un monde du travail éclaté
- Deuxième table ronde : Combat féministe et mobilisation du droit



Le privé est-il
toujours politique ?


Après 40 ans de révolutions féministes, le privé est-il toujours politique ?
Derrière le slogan du Mouvement de libération des femmes, « le privé est politique », il y avait l'idée
que les grossesses non désirées, les avortements clandestins, les rapports sexuels, la vaisselle et le
ménage, les maternités et les soins aux enfants n'étaient pas des problèmes de femme et d'intimité
mais bien des problèmes de société.

En somme, les agencements privés ne relevaient pas de la Nature, mais de choix sociaux, culturels
et politiques. De nombreux changements ont transformé la vie des femmes ces dernières décennies.
Mais les acquis du féminisme, les politiques égalitaires, le discours institutionnel sur la parité politique
et sur l'égalité salariale ont-ils eu un impact sur ce qui se trame dans les lits, dans les chambres,
dans les cours des écoles, là où tout commence ?

Malgré des changements notables dans le domaine de la parentalité, le questionnement des identités
de genre et la mise à l'ordre du jour de la lutte contre l'homophobie, le privé reste le lieu où s'enracinent
encore bien des blocages. Existe-t-il des contre-modèles aux normes sexistes ? Comment s'élaborentils
au quotidien dans une société où les frontières du privé et du public sont en mutation constante ?
Cette deuxième séance questionne les nouvelles formes de la parentalité et envisage les modèles
non sexistes qui peuvent être proposés. On s'interrogera sur la manière dont la vie privée s'en trouve
bousculée, modifiée, transformée...

Coordination : Anne-Claire Emo, Florence Rochefort, Nicole Savey, Anne-Marie Viossat

- Première table ronde : La parentalité en question ?
- Deuxième table ronde : Quels contre-modèles face au sexisme ordinaire ?



Les années 1980 ont marqué un tournant vers l'institutionnalisation du féminisme dans le sillage de
la mobilisation des mouvements de femmes. Aux plans européen, national, régional ou communal,
ce processus a donné naissance à des structures plus ou moins pérennes (service des droits des
femmes, ministères, associations avec mission de service public, instances consultatives...) et à
des politiques publiques ciblées et à visée égalitaire.

Ces modes différents de féminisme institutionnel ont été et sont encore largement irrigués, inspirés
et soutenus par le militantisme, lui-même remodelé par l'importance des initiatives institutionnelles.
Dans ce domaine, les institutions européennes sont devenues une force non négligeable, même si les
modalités que prennent les féminismes militant et institutionnel continuent à varier d'un pays à l'autre.
Au cours de cette troisième séance, on tentera un bilan, en se demandant d'abord quels changements
sociaux le féminisme institutionnel a produit. Les orientations, les thèmes et les modes d'action du
féminisme militant se sont-ils transformés au contact des institutions ? Où en sont les politiques
publiques sur le genre ? On s'intéressera notamment aux questions de la violence, de l'IVG et de la
parité. Quelle incidence l'institutionnalisation a-t-elle sur la production des savoirs sur les femmes
et le genre ? Sur toutes ces questions, la situation française sera mise en perspective à travers une
comparaison internationale.

Coordination : Florence Rochefort, Mathieu Arbogast, Michel Bozon

- Première table ronde : Les politiques publiques saisies par le féminisme
- Deuxième table ronde : Féminisme, savoirs et institutions



« L'avenir de l'homme
n'est plus ce qu'Elle était »


Depuis les années 1970, le féminisme dans sa pluralité a remis en question la prétendue neutralité de la
culture, en révélant tout particulièrement son caractère androcentré. Combien de femmes trouve-t-on
dans les histoires de l'art ou de la musique ? Combien dirigent des institutions culturelles ou de grandes
équipes scientifiques ? Combien de femmes parmi nos quarante 'immortels' académiciens français ?
Cinq seulement...

Ces constats ne doivent cependant pas occulter les avancées dues aux réflexions féministes. Elles
ont généré un vaste réseau d'échanges traversant les différents champs culturels, revivifiant théories
et pratiques, recherches et créations. Dans des espaces d'une grande créativité, mais souvent
à la marge des institutions, le féminisme a questionné la culture officielle, élitiste ou populaire, dans
ses contenus, ses méthodes et ses postulats. Cependant les apports du féminisme sont insuffisamment
intégrés et parfois même vidés de leur substance et de leur portée. De fortes résistances perdurent.
Les contre-cultures féministes ont pourtant initié des perspectives et des champs inédits,
comme les études de genre.

Trois domaines seront interrogés pour y mesurer les remises en causes opérées, mais aussi la persistance
de pratiques et représentations androcentrées : l'histoire, les arts et les sciences.
Les tables rondes de cette séance aborderont les questions suivantes : Comment le féminisme at-
il contribué à un renouvellement des savoirs et des pratiques ? En quoi a-t-il permis le développement
de réseaux transdisciplinaires et favorisé une circulation des cultures scientifique et artistique
selon de nouvelles modalités ? Comment se sont constitués et se constituent aujourd'hui les espaces
des contre-cultures féministes ? Enfin, y a-t-il de nouvelles formes de résistance aux idées
féministes ?

- Coordination : Hélène Marquié, Evelyne Peyre, Joëlle Wiels, Nicole Savey

- Première table ronde : Un petit pas pour les femmes, un grand pas pour les sciences
- Deuxième table ronde : Les avant-gardes sont derrière nous




A propos de l'Institut Émilie du Châtelet (IEC)

L'Institut Émilie du Châtelet (IEC) est né en 2006, à l'initiative du Conseil régional d'Île-de-France. Sa création s'inscrit parmi différentes initiatives visant à combler le retard de la France en matière d'études sur les relations hommes-femmes et la contrainte de genre, des études en plein essor dans la plupart des pays développés, en raison de leur intérêt tant scientifique que sociétal.

L'IEC a pour objectifs la promotion des recherches sur les femmes, le sexe et le genre, leur intégration au corpus des savoirs communs, le développement de ces recherches dans toutes les disciplines, la multiplication des enseignements sur ces savoirs, la synergie entre le monde de la recherche et les acteurs sociaux, économiques, politiques, associatifs et institutionnels.

L'IEC est une fédération de recherche abritée sur le site Jardin des Plantes du Muséum National d'Histoire Naturelle. Elle rassemble le Museum National d'Histoire Naturelle, le CNRS, l'Institut National d'Études démographiques (INED), le Conservatoire National des Arts & Métiers (CNAM), la Fondation Nationale des Sciences Politiques (FNSP), l'Université Paris 7-Denis Diderot, l'Université Paris X-Nanterre, l'Université Paris-Sud XI, l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) Paris, l'École des Hautes Études Commerciales (HEC) Paris.


- Assises de l'Institut Emilie du Châtelet
Pour le développement et la diffusion des recherches
sur les femmes, le sexe et le genre
- Les lundis 4, 11, 18, 25 octobre 2010
de 14h à 19h
- FIAP Jean Monnet, 30 rue Cabanis, Paris 14ème (métro Saint-Jacques, RER B Denfert-Rochereau, autobus 21)

Avec le soutien du Conseil régional d'Île-de-France



Par Nicole Salez

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