Rubens Poussin Peintres du XVIIe

Cette exposition, 'Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siècle', au Musée Jacquemart-André offre une vision inédite de deux grands mouvements artistiques apparus au XVIIe siècle et de
leurs relations croisées : la peinture baroque flamande dont Rubens est le chef de file et l'école classique française, emmenée par Poussin. Elle rassemble une soixantaine de tableaux provenant de grandes collections privées comme de collections publiques européennes (Oxford, Liège, Lille, Nantes, Rennes).




Une exposition découverte

L'exposition s'attache en premier lieu à rendre compte de l'importance du courant flamand en
France au début du XVIIe siècle, en présentant les oeuvres des grands artistes présents sur la scène
artistique française (Rubens, Pourbus, van Thulden...). La confrontation de leurs tableaux avec ceux
des frères Le Nain ou de Lubin Baugin témoigne de la forte influence de l'école baroque flamande
sur les artistes français.

La suite du parcours est consacrée à l'essor de l'art classique français pendant la seconde moitié du
XVIIe siècle. Elle présente de nouveaux modèles picturaux, développés en France par Nicolas
Poussin, Laurent de La Hyre, Eustache Le Sueur
ou Charles Le Brun, avant d'être adoptés par des
artistes flamands tels que Bertholet Flemalle, Gérard de Lairesse... C'est sur cette évocation que
s'achève l'exposition, témoignant ainsi du renversement d'influence qui s'est opéré entre ces deux
écoles au cours du XVIIe siècle.

L'empreinte de Rubens à Paris et la diffusion de la peinture flamande en
France


Le grand maître du baroque, Pierre-Paul Rubens, arrive à Paris en 1625 avec une série de tableaux
sur la vie de Marie de Médicis, reine de France et veuve d'Henri IV.
Commandé quatre ans
auparavant par cette dernière, cet ensemble imposant composé de 24 toiles était destiné à orner
l'aile occidentale du palais du Luxembourg à Paris. Il est aujourd'hui présenté au Louvre.

Au début du XVIIe siècle, 70 % de la production artistique anversoise est exportée, dont une grande
partie vers la France. À Paris, la foire du bourg Saint-Germain des Prés, animée par des marchands
nordiques, diffuse un grand nombre d'oeuvres flamandes. Les artistes et les commanditaires français
y ont donc accès et y prennent goût.

Une prédominance flamande sur la scène artistique française

Sous le règne d'Henri IV, puis sous la régence de Marie de Médicis, les artistes flamands, Pierre-Paul
Rubens en tête, obtiennent une grande partie des commandes royales : Philippe de Champaigne
dans le domaine du portrait ou Frans Snyders dans celui de l'art animalier.

Cette forte présence en France incite des artistes français à adopter les sujets et les modèles
flamands, comme les frères Le Nain dans le domaine de la scène de genre.

L'affirmation d'un art classique français

Au rayonnement d'un art venu des Flandres succède celui d'un art « idéal » initié par Nicolas
Poussin
et doté d'un pouvoir poétique qui séduit bien au-delà des frontières françaises.

En effet, sous le règne de Louis XIII, se forge une identité picturale proprement française qui naît
simultanément chez des artistes tels que Nicolas Poussin, profondément marqué par son séjour à
Rome ou encore chez Eustache Le Sueur ou Laurent de La Hyre, qui n'ont jamais quitté Paris. Tous
élaborent un nouveau langage pictural : le classicisme français.

La peinture française, nouvelle référence pour les artistes flamands

Peu à peu, la France se constitue une identité culturelle propre qui va influencer de nombreux
artistes, notamment les Flamands. Attirés par le potentiel énorme du marché français et la
magnificence de Louis XIII puis de Louis XIV, des artistes de la principauté de Liège tels Bertholet
Flemalle
ou Gérard de Lairesse se rendent à Paris pour se perfectionner et apprendre les
techniques picturales françaises.

Cette exposition, véritable cheminement à travers la peinture flamande et française du XVIIe siècle,
témoigne de l'intensité et de la richesse des échanges culturels entre ces deux pays. Le parcours
propose ainsi un éclairage nouveau sur le XVIIe siècle qui voit les grands courants artistiques se
renverser. Après la peinture baroque flamande, c'est l'école française classique qui, soutenue par le
rayonnement politique du règne de Louis XIV, influence à son tour l'Europe des Arts.




Introduction du Conservateur

Depuis le XIXe siècle, l'histoire des écoles de peinture se fait à l'image de celle des régimes politiques,
c'est-à-dire sous la forme d'une expression nationale. On a donc tendance à doter ces dernières de
qualités supposées appartenir aux peuples comme aux pays, sans jamais s'interroger sur les
influences extérieures et sur les échanges.

S'agissant de la France au XVIIe siècle et de son renouveau artistique, on a pris l'habitude d'évoquer
un « désert » jusqu'au retour de Simon Vouet à Paris et à l'adoption d'un style clair, dynamique et
rythmé, inspiré par la peinture italienne. Si le fait est assuré, on a tendance à omettre une situation
plus complexe et la place de la peinture flamande dans notre pays, bien plus importante que cela a
pu être dit.

L'objectif de l'exposition est d'illustrer cette idée, en évoquant d'abord ce qu'il faut bien appeler la
domination de la peinture baroque flamande et son intégration progressive par les artistes français.
Mais il s'agit également de montrer comment, à partir du milieu du XVIIe siècle, ce mouvement
connaît un effet de retour lorsque l'école française forge son identité autour du style classique, pour
ensuite influencer à son tour les peintres des provinces belges. C'est la mise en valeur de cette
influence croisée qui va constituer notre parcours.

Nicolas Sainte Fare Garnot
Conservateur du Musée Jacquemart-André


Commissariat

Nicolas Sainte Fare Garnot, historien de l'art spécialiste de la peinture française du XVIIème
siècle, est le conservateur du Musée Jacquemart-André depuis 1993. Depuis sa nomination au
Musée Jacquemart-André, il a réorganisé la distribution des collections selon le programme
d'origine et a lancé des campagnes de restaurations et d'inventaires. Avec Culturespaces, il
contribue à créer une nouvelle dynamique au sein du Musée en apportant son concours scientifique
à des expositions temporaires dont les sujets permettent d'approfondir la connaissance des artistes
présents dans les collections permanentes.

Jan de Maere, historien d'art et journaliste, est le directeur du Centre de Documentation du
Patrimoine Flamand. Il a obtenu son doctorat à l'Université de Genève sous la direction du
Professeur Mauro Natale avec comme thème « Le Connoisseurship et les Neurosciences ».
Il est l'auteur de The Illustrated Dictionnary of 17th Century Flemish Painters (La Renaissance du
Livre, 1994) ou encore L'Art flamand en Transylvanie (Openbaar Kunstbezit, 2007).
Depuis 1980, il est expert, spécialiste de l'art flamand des XVIème et du XVIIème siècles et de l'art
moderne belge de 1830 à 1950, et occupe à ce titre les fonctions suivantes : membre de la Chambre
des Experts chargé des missions judiciaires et d'arbitrage , Président d'honneur de l'Association
flamande des Experts en oeuvres d'art (VVEKA) , expert auprès du parquet et de la police judiciaire ,
membre de la Chambre Belge des Experts en oeuvres d'art, Directeur du Centre de documentation
du patrimoine flamand.


Scénographie

Hubert Le Gall est un designer français, créateur et sculpteur d'art contemporain, né en 1961. Son
oeuvre fait l'objet de nombreuses expositions à travers l'Europe.


- Rubens, Poussin et les peintres du XVIIe siécle
- 24 septembre 2010- 24 janvier 2011
- Musée Jacquemart-André
158, boulevard Haussmann - 75008 PARIS
Tel. : + 33 (0)1 45 62 11 59 / www.musee-jacquemart-andre.com
- De 10 à 18h, nocturne le lundi soir jusqu'à 21h30.
- Plein tarif : 10 €/
Tarif réduit : 8,5 € (étudiants, enfants de 7 à 17 ans,
demandeurs d'emploi)
Gratuit pour les moins de 7 ans et invalides.
- Accès : Métro : lignes 9 et 13 (Saint-Augustin,
Miromesnil ou Saint-Philippe du Roule)/
RER : RER A (Charles de Gaulle-Étoile)/
Bus : 22, 43, 52, 54, 28, 80, 83, 84, 93.



Par Nicole Salez

Portrait de admin

Ajouter un commentaire