Monet nous éblouit au Grand Palais - Visite

C'est à une exposition géante que nous convie le Grand Palais avec Monet 1840-1926. Près de 200 oeuvres de cet artiste majeur dans l'histoire de la peinture sont ainsi réunies provenant du musée d'Orsay mais aussi des plus grands musées du monde, comme le MoMa (Museum of Modern Art), à New-York, ou le musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg, sans compter les tableaux prêtés par les collectionneurs privés. Un conseil : prévoyez du temps pour déguster cette exposition sans modération, éventuellement en plusieurs fois. Elle s'installe jusqu'au 24 janvier 2011.

'Une bonne partie de l'abstraction serait presque inconcevable sans l'oeuvre de Claude Monet', observe Anne Roquebert, Conservateur en chef au musée d'Orsay.

Avec cette grande exposition de rentrée, c'est un peu comme si le Grand Palais nous prenait par la main pour accompagner Claude Monet tout au long de ses soixante ans de travail, de recherche, de quête incessante des mystères de la lumière, de la couleur, de l'impression. Une plongée jubilatoire qui va de la Normandie de son enfance jusqu'à la Méditerranée, en passant par la Creuse, la vallée de la Seine, 'l'étourdissant Paris', Londres, Venise, et bien sûr, Giverny où Monet vécut de 1883 jusqu'à sa mort, en 1926. Ainsi, à la faveur de chacune de ses campagnes de peinture en France et à l'étranger, Monet construit son regard sur la nature, les atmosphères, les jeux de lumière, s'essaie à
traduire les émotions qu'ils suscitent au moyen d'une palette généreuse en couleurs, de tons audacieux, de cadrages variés. Il s'efforce de saisir l'insaisissable.


Avec lui, nous percevons le bruissement du feuillage des peupliers de Fontainebleau, le doux crissement de la neige sous nos pas

* La Pie, 1869
, les clapotis de l'eau bleue de l'ancien avant-port du Havre.

Les glouglous des dindons nous assourdissent

*Les Dindons, 1876
. La mer en colère nous fascine

*Grosse mer à Étretat, 1868-1869
, de même que le spectacle de la débâcle

*La Débâcle à Vétheuil, 1881
.

Avec lui, nous admirons Camille dans sa belle robe verte

* La Femme à la robe verte, 1866
, nous observons le père de l'artiste

*Adolphe Monet lisant dans un jardin, 1866
, nous cueillons les coquelicots d'Argenteuil

*Les Coquelicots à Argenteuil, 1873
, nous approchons la table d'été

*Le déjeuner, 1873
, nous déjeunons sur l'herbe

*Déjeuner sur l'herbe, 1866 -
Moscou, Musée d'Etat des Beaux- Arts
Pouchkine
, nous tendons la main vers une part de melon

*Nature morte au melon, 1872
.

Comme Monet, nous attrapons les bonheurs de la vie, ses soleils, ses brouillards, nous subissons aussi ses épreuves

*Camille Monet sur son lit de mort,1879
. Nous méditons, nous rêvons, notre imagination s'envole. Meules, peupliers, cathédrales, parées de mille effets, défilent sous nos yeux, au fil des saisons, des heures de la journée, des cadrages de l'artiste... D'obsessionnelles images de Nymphéas nous habitent à jamais.

Infatigable chasseur de lumière, de couleurs, d'instants, Monet inventeur, Monet des séries, des effets éphémères, Monet de toutes les audaces - observez ces falaises dévorant la presque totalité de la surface de la toile, ou encore ce 'Saule pleureur' aux frontières de l'abstraction

*Saule pleureur, vers 1920-1922
-, nous éblouit. Souriez à ce Monet à la barbe verte.

*Autoportrait, v. 1917

Citations

« Aucun n'aura mené une existence plus enviable que M. Claude Monet, car il a incarné
l'art dans sa propre chair, et il ne vit qu'en lui et par lui, d'une vie de travail
incessant et rude, douloureux aussi, comme à tous les créateurs. »

Octave Mirbeau, « Claude Monet », préface à l'exposition Claude Monet-Auguste Rodin,
Paris, galerie Georges Petit, 1889.

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« C'est à force d'observations, de réflexions, que l'on trouve .»

Monet à Frédéric Bazille, 15 juillet 1864.

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Retour sur les côtes normandes dans les années 1880

« [...] vous ne pouvez vous faire une idée de la beauté de la mer depuis deux jours, mais
quel talent il faudrait pour rendre cela, c'est à rendre fou. Quant aux falaises elles
sont ici comme nulle part. »

Monet à Alice Hoschedé, Etretat, 3 février 1883

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Jardins et Nymphéas : vers les « Grandes Décorations »

« Je suis absorbé par le travail. Ces paysages d'eau et de reflets sont devenus une
obsession. »

Monet à Gustave Geffroy, 11 août 1908.

Par Nicole Salez