Les vivants et les morts - Gérard Mordillat

Arte propose une intégrale de la série 'Les vivants et les morts', réalisée par Gérard Mordillat, dans un coffret qui comporte trois DVD et deux documentaires en bonus.

Un gentil génie de la télévision doit veiller dans un recoin de la direction des programmes de France 2. Par une magnifique coïncidence, se bousculent la réalité et la fiction. Aux infos de 20 h, scènes de manif, de grèves avec occupation et blocage, charges de CRS , à 20 h 30, la fiction « Les vivants et les morts » et ses scènes de manif, de grèves avec occupation, blocage, charges de CRS. Gérard Mordillat, réalisateur, adapte son roman éponyme. Le résultat est une fiction bouleversante de justesse et d'humanité. Elle devrait être diffusée sur grand écran à la fin de tous rassemblements.

Là, il n'est pas question de retraites, mais de sauvegarde de l'emploi, de lutte pour la dignité, pour la démerde aussi et contre la délocalisation. L'histoire est simple, limpide : comment le travail fout le camp ailleurs, comment la solidarité s'organise coûte coûte, comment certains seront toujours du côté du manche et comment d'autres que rien ne prédisposait à ce rôle-là deviennent des héros. Comment les premières sacrifiées sont les femmes et comment très vite elles s'organisent dans le rire et l'humour malgré le malheur.
Dallas aux grilles de l'usine

Le personnage de Dallas, jouée par Marie Denardaud, est particulièrement attachant. De gréviste elle passe à sans emploi. Et elle avance quoi qu'il arrive. Quand elle chante, lors de ce mariage invraisemblable dans l'usine occupée, a capella, « Quand on n'a que l'amour », son seul cadeau possible, mais quel cadeau !, c'est comme un hymne à la résistance. Amélie, interprétée par Lorraine Mordillat, la petite transfuge de classe, fille du patron de l'usine et amoureuse d'un apprenti, est elle aussi un personnage lumineux. Elle apporte l'espoir insensé qui dit que rien n'est figé pour l'éternité, toutes les frontières sont poreuses et la richesse de l'âme est plus importante que celle de l'argent.
Gérard Mordillat a su choisir et diriger ses comédiens en leur donnant une épaisseur et une profondeur qui contribuent à la densité et à la véracité de la série.
C'est une série à regarder sans modération. Offrez le DVD qui a été édité pour Noël.

Compléments du coffret

« Le vestiaire des vivants » : Les anciens employés de l'usine désaffectée qui sert de décor à la série confrontent la réalité à la fiction. Documentaire d'Ariane Doublet (2010 —, 52 min)

Les comédiens parlent de leur rôle (audio —, 1 heure)

Par Marie Catherine Chevrier