Éthiopie : retour dans le temps

Aller en Éthiopie c'est partir pour un voyage dans le temps, au pays des extrêmes. Fastes des fêtes religieuses, légendes antiques, nombreuses stars de musique pop, l'ancienne Abyssinie, est un pays inclassable. Lalibella et les merveilles du Nord chrétien sont l'objet de ce premier circuit !

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Gondar, les palais

L'Éthiopie, très pauvre, est le pays de la lenteur. Les routes cahotent mais elles laissent le temps de d'apprécier les paysages spectaculaires, les découvertes à chaque tournant, les rencontres chaleureuses avec les Éthiopiens. Il faudrait plusieurs voyages pour connaître vraiment ce pays grand comme deux fois la France.

Après des périodes troublées, la stabilité politique des dernières années laisse percer, malgré une immense pauvreté, une forte vie culturelle et un appétit de joie. Peu fréquentée par les touristes, l'Éthiopie garde une authenticité émouvante et rare. Et les paysages sont à couper le souffle.

Le pays est majoritairement chrétien depuis le quatrième siècle. La ferveur est partout dans les merveilleuses églises enterrées et monumentales de Lalibela, dans les églises rupestres du Tigré ou celles toutes rondes du lac Tana. Toutes sont toutes vivantes, et ornées de fresques d'un style unique dans la chrétienté.

Ce premier voyage vers le Nord chrétien traverse les hauts plateaux arides, puis contine vers Lalibela, Axoum, Gondar, en passant par le massif du Simien et le lac Tana. Les trésors d'architecture et d'histoire ne manquent pas.

Ne pas quitter la capitale sans avoir au moins rendu visite à Lucy, au musée National (mais c'est une réplique) et visité le musée d'Ethnologie où malgré les pannes d'électricité, la collection de peintures est un must.


Le voyage classique vers le Nord

Lac Tana, le prêtre de Nerga Sélassié

Dès qu'on sort d'Addis Abeba, qui est déjà à plus de deux mille mètres d'altitude, le paysage du Grand Rift africain est époustouflant. La route, rarement asphaltée, serpente et s'élève lentement. Même dans un bon 4/4, les montées semblent interminables, mais lorsque enfin on arrive au col et que la vue s'ouvre après l'ultime virage, on aperçoit des panoramas à couper le souffle.

Des pics aux crêtes dentelées surplombent les hauts plateaux et déploient un paysage coloré, ocre, rouge, gris. Il faudrait toute la gamme des verts pour décrire les prairies où paissent des buffles, des chevaux, des moutons ou des chèvres avec, lointaine, la silhouette solitaire d'un petit berger emmitouflé.

Il y a des surprises, un belvédère où l'on s'arrête pour acheter de l'origan sauvage, un petit veau boudeur au milieu de la route.

Les larges vallées sont cultivées en terrasses. Des champs de blé, de sorgho ou de tef (blé noir) surgissent des bouquets d'eucalyptus, de conifères et d'autres arbres inconnus. Parfois au-dessus de la route, on aperçoit un paysan accroché à sa charrue dans la pente, qui trace un sillon avec son bœ,uf. Certaines vallées sont plus pauvres, arides, poussiéreuses, minérales. De loin en loin surgit un bel acacia.

Peu de véhicules sur la route le long de laquelle chemine une file ininterrompue de voyageurs divers: bergers de tous âges conduisant leurs bêtes à la recherche d'un puit, les hommes avec leur grand bâton, les femmes avec un parapluie, ou courbées en deux sous un grand fagot de bois, des villageoises en groupes se rendant au marché... Presque pas de charrettes, tout le transport se fait à dos d'hommes, de mules ou d'ânes, paille et sacs de grains, bois de chauffage, bidons d'eau en plastique...


Lalibela

Lalibela, Eglise Saint Georges


Lalibela, dit la légende, est le nom d'un roi du douzième ou du treizième siècle, qui aurait construit les douze églises creusées dans le rocher. La Jérusalem noire cachait ainsi ses trésors dans les entrailles de la terre. Bien qu'à l'évidence, cet endroit soit l'un des plus touristiques d'Éthiopie, l'atmosphère y est également fervente. Des prêtres majestueux psalmodient debout, d'autres attendent et viennent se faire photographier, brandissant leurs deux croix dressées. Les églises sont très différentes. La plus belle est Bet Giyorgis (Saint Georges), quinze mètres de haut, ou de profondeur, en forme de croix grecque. Et l'intérieur aussi est splendide.

En dehors des merveilles connues, c'est l'Éthiopie hors des sentiers battus qu'il faut aller découvrir, parfois au prix de longues heures de route. À environ deux heures de Lalibela, Yemrehanna Christos est l'une de ces merveilles, construite à l'intérieur d'une grotte. Immobiles dans le rayon de lumière éblouissante qui coule de l'entrée et éclaire l'intérieur, les fidèles drapés dans leurs grands châles blancs semblent être là de toute éternité,.


Axoum

La légende fait de cette ville celle de la Reine de Saba, mais c'est surtout le berceau de la civilisation axoumite, l'une des plus importante en Éthiopie, dont la puissance s'étendait du Yémen au Soudan, entre le cinquième et le septième siècle.

Un beau monastère, quelques églises... mais la ville en elle-même n'a que peu d'intérêt. Il reste quelques tombes, et un champ de stèles évocateur au Nord de la ville, monuments symboliques majestueux que l'on n'a pas encore totalement déchiffrés.

Dans la cour, une femme aidée de sa fille a installé une petite échoppe où elle propose aux visiteurs un café traditionnel, moulu par ses soins, qu'elle prépare sur un petit feu de bois.

C'est après Axoum, en allant vers Debark, que la route devient encore plus spectaculaire. Elle traverse le massif du Simien, où survivent encore quelques babouins farceurs que l'on peut aller débusquer en partant pour des treks vertigineux.


Gondar

Gondar, le plafond de l'église Dere Birhan


La ville est sur les contrefort du Simien, au-dessus du lac Tana, le plus grand du pays. Ancienne capitale des souverains éthiopiens, c'est la ville des palais, mais on y trouve aussi un incroyable café art déco, souvenir de l'occupation italienne. Entourée de remparts, la ville royale réunit plusieurs palais de pierre des dix septième et dix-huitième siècle, vision surprenante en Afrique.

C'est à Gondar aussi que se trouve l'une des plus fascinantes églises d'Éthiopie, Dabra Birhan Selassié (la Trinité sur le Mont de lumière). Sur son plafond de bois sont peints quatre-vingt visages de chérubins qui suivent des yeux les visiteurs. Gondar a aussi plusieurs restaurants sympathiques et un bar de chansonniers fréquenté par les étudiants.

On descend de Gondar vers Bahir Dar, d'où l'on embarque pour les îles du lac Tana où se trouvent quelques églises émouvantes, inscrites dans l'éternité d'un présent qui n'en finit pas. Posée sur une île au milieu du lac la plus touchante est Nerga Selassie, ornée de fresques que le prêtre dévoile en tirant de lourds rideaux de vieux velours...




Pratique

Il faut prévoir un minimum de quinze jours pour faire le circuit du Nord, surtout si on veut aller aussi dans le Simien.

Quand partir ?

Le Nord jouit d'un climat tempéré, on peut donc y aller toute l'année, sachant qu'il pleut plutôt en été, entre juin et septembre.
On peut choisir les dates des grandes fêtes de l'Epiphanie en janvier (Timkat) ou en avril, celle des Rameaux (Hossana) qui permettent d'assister aux cérémonies religieuses grandioses. Mais si l'atmosphère y est extraordinaire, il faut accepter de courir les risque de ne pas obtenir les meilleures chambres.

Y aller

--Ethiopian Airlines propose cinq vols hebdomadaires sur des Boeings confortables B767-300ER
-Informations et réservations : 0 825 826 135
-[www.ethiopianairlines.com

Argent
--Cartes de crédit
-En Ethiopie, aucune carte de crédit ne fonctionne. On peut s'approvisionner à Addis en monnaie locale auprès des distributeurs ATM dans le hall du Sheraton (carte VISA), sinon au guichet d'un bureau de change dans le hall du Hilton pour la carte Mastercard.
- Mais on trouve des banques dans toutes les villes et on peut changer tout simplement de l'argent sans aucun problème.

--Le taux de change en Éthiopie est approximativement 20 BIR pour 1 Euro

Tours-opérateurs

--Une fois votre billet acheté, je recommande une très bonne agence locale qui peut organiser un voyage sur mesure:
-Bella Abyssinia dont le responsable, Yonas Mahetemu parle français, nous a trouvé une voiture et un guide parfaits:
+251 911 22 38 59 ou, si ce numéro ne réponds pas, +251 911 41 08 54
Mail:
bellaabyssinia@yahoo.com
le site de Bella Abyssinia

-Voyagistes français :

*Atalante propose un circuit classique de seize jours avec un petit trek facile www.atalante.fr

*Explorator propose plusieurs voyages thématiques www.explo.com

*Ikhar propose un départ le 14 avril pour les splendides fêtes
http://www.ikhar.com

Visas
--Il faut un visa, délivré par l'ambassade à Paris
-35 av Charles Floquet 75007 PARIS ,
-tel.01 47 83 83 95
-ou en s'adressant à Action visas

Ne pas oublier : Emporter une bonne lampe de poche et des jumelles pour les fresques dans les églises et les visites de musées.

Adresses Il est évidemment plus simple de laisser à l'agence qui organisera votre voyage le soin de faire les réservations d'hôtels, mais voici quelques idées.

--Hôtels
-Ceux de la chaîne Ghion sont généralement satisfaisants, mais à Lalibella par exemple il vaut mieux descendre au Seven Olives, dont la terrasse fleurie surplombe la ville et qui a un bon restaurant.
Seven Olives, tel. 0333 360020

--Restaurants

* À Addis:

Le meilleur restaurant d'Addis est sans conteste Ristorante Castelli, dans le quartier de Piazza. Pâtes fraîches, légumes du potager et une tradition inchangée depuis deux génération d'Italiens charmants! Rue Mahatma Gandhi. Tous les taxis connaissent. Mieux vaut réserver. 0111571 757

*Sur Bole Road aussi on trouve des restaurants sympathiques, et ce n'est pas ce qui manque à Addis!

* En route, la plupart des restaurants servent le plat traditionnel, l'injera (une galette de tef) et ses sauces diverses, suivant qu'on jeûne ou pas. C'est généralement très bon. Le mieux est de s'en remettre au chauffeur qui connaît les meilleurs endroits.


Livres à lire avant de partir

--L'Afrique fantôme, par Michel Leiris
--Rimbaud en Abyssinie, par Alain Borer au Seuil
--Le drame éthiopien, par Henry de Monfreid Grasset
--L'Abyssin, par Jean-Christophe Rufin Gallimard


Découvrir la musique éthiopienne

--Musique pop éthiopienne
--Musique plus traditionnelle

--ou acheter un cd de la collection Éthiopiques , fondée par un fan de l'Éthiopie, Francis Falcetto



Par Élisabeth Schneiter

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