Voyage en Egypte

Mer Rouge et désert blanc

Pour beaucoup, parler de voyage en Egypte c'est évoquer d'abord le Nil, les Pyramides et les Pharaons. Pour autant d'autres espaces porteurs d'une autre histoire et d'autres paysages bouleversants de beauté méritent d'y passer du temps : le Désert du Sinaï bordé par la Mer Rouge. Moïse contre Ramsès.

Désert du Sinaï

La jolie bédouine remonte ostensiblement son voile au-dessus du nez, ne laissant visibles que ses yeux. Sous la tente, une ombre douce et apaisante contraste avec la violence de la fournaise du désert. Installée au milieu de tapis rouges, bruns, verts, la jeune femme vend quelques babioles de couleur, des bijoux faits de petites pierres et de cordons confectionnés par les femmes de sa tribu.

Par ce geste de protection, elle marque son refus. La cause ? Je lui ai demandé l'autorisation de la photographier. A notre accompagnateur elle explique: elle ne veut pas que sa photo circule partout sur Internet ! Le motif peut se comprendre...sauf que dans ce lieu, il déconcerte. Non pas tant pour le refus, mais pour la référence à « la Toile ».

Dans cette palmeraie de quelques centaines de mètres carrés se regroupent autour d'une source quelques familles bédouines avec leurs enfants, leurs chèvres. Nous sommes dans une oasis, au milieu de nulle part, dans le désert du Sinaï, à des kilomètres et des kilomètres de la route asphaltée, à mille ans de nos actuelles technologies de l'information ! Images d'Egypte.



Dans la Péninsule du Sinaï, restituée à l'Egypte en 1982 après les accords de paix avec Israël de1979, vivent quelques 400 000 bédouins sur 60 000 km2 ayant gardé pour beaucoup leurs coutumes et leur vie traditionnelle. Difficile de sortir de clichés et des cartes postales pour parler de ce désert de pierre et de sable, chauffé à blanc au plus fort de la journée dont les couleurs virent au rose, mauve, violet au crépuscule.

Retrouver ses visiteurs

L'Egypte dont les institutions ont été bouleversées dans le grand vent du printemps arabe, veut à nouveau rassurer le public international. D'autant que le tourisme est un l'une des ressources-clés du pays avec le canal de Suez et la cultue du coton.

Mer Rouge

Les évènements de la Place Tahir, unanimement salués en Occident comme une grande avancée démocratique dans le plus peuplé des pays arabes, a rendus frileux les visiteurs. Les Français qui nourrissent à l'égard de l'Egypte une véritable passion, sont eux aussi peu présents. Même s'ils ont conscience que la révolution n'avait pour objectif que de conquérir plus de liberté et de démocratie, en renvoyant un establishment omnipotent et corrompu, les touristes restent attentistes. A la grande tristesse des Egyptiens devant des équipements et installations de qualité si vides alors que le calme règne.

Taba Heighs

A 400 km du Caire, de Sharm El Cheik —,un peu le Las Vegas égyptien - nous remontons vers Taba, au nord de la péninsule du Sinaï. La route qui longe la côte orientale,souvent à quatre voies, ponctuées par des check-points se fraye entre les collines ocres et la mer d'un bleu intense. Ca et là un village, des constructions littorales. Peu de monde.

Taba, c'est la multifrontière . Un compas sur une carte. A moins de 10 km de distance on trouve Israël avec Eilat, la Jordanie avec Aqaba, l'Arabie saoudite juste en face, de l'autre côté du bras de mer.

Dans un tel environnement se bousculent alors toutes les évocations puissantes du berceau des trois religions monothéistes, les réminiscences bibliques et historiques, de Moïse à Saladin, en passant par les Croisés, le monastère de Sainte Catherine, Jérusalem, Petra, Henri de Monfreid ou bien encore Lawrence d'Arabie.

Hôtel Hyatt Regency

Arrivée à Taba Heighs. Un espace immense où se regroupent cinq hôtels, dont quatre de chaines internationales Hyatt Regency, Sofitel, Intercontinental et Marriott

Ce qui surprend d'emblée au Hyatt Regency, le premier construit il y a dix ans, c'est son jardin. Les bâtiments ocre rouge et de faible hauteur se fondent dans une végétation à l'exubérance tropicale.

Allées ombragées

Contraste saisissant entre ce désert aride, où quelques plantes rachitiques et grises poussent difficilement et cette profusion de lauriers roses, de bougainvillées, de ficus, de canas, de palmiers en tous genres qui escaladent des portiques opportunément placés, bordent et ombragent les allées, contournent des pelouses soignées, enserrent des pièces d'eau et des piscines où il est si plaisant de se baigner ou de nager.

L'hôtel longe une plage de sable, elle-même bordée par la barrière de corail. Pour la préserver, un appontement de bois l'enjambe. De là, masque sur le nez et palmes aux pieds, les yeux émerveillés par les coraux en formes de fleurs, de choux, de buissons, on glisse parmi des poissons mauves, jaunes, à rayures. Quelle que soit leur taille, ils semblent peu farouches. Sont-ils habitués à ces drôles de monstres qui circulent parmi eux, voire donnent de la voix comme ce couple de Russes en pleine scène de ménage entre deux respirations dans leur tuba ?

Autant dire qu'il est dommage de se priver de vacances dans ce pays qui fait tout pour bien accueillir les hôtes étrangers.

>> Lire aussi Voyage en Egypte, les récits de Thomas-Joseph Arnaud et Alexandre Vayssière, deux Européens au milieu du XIXe siècle

Par Elsa Menanteau