Découverte incroyable dans les Côteaux du Lyonnais

En termes d'archéologie viticole gallo-romaine, il y avait un 'trou' entre Narbonnaise et Moselle.
Le voilà comblé avec de récentes découvertes en Auvergne, dans le Berry, à Gevrey Chambertin et maintenant dans le Lyonnais.
Nous sommes à Saint-Laurent-d'Agny, au lieu-dit Goiffieux, dans l'AOC Coteaux-du-Lyonnais et à égale distance de Lyon et de Vienne, où des fouilles entreprises en avril 2008 sous la direction de Mathieu Poux ont fait apparaître les vestiges particulièrement bien conservés (notamment une splendide mosaïque de 1,20 mètre de côté avec un visage de Bacchus) d'une grande et riche villa gallo-romaine viticole.
C'est au nord de Donzères (site vitivinicole du Mollard), une première...
Ce plateau du Lyonnais - dans le territoire colonial de Lugdunum - était fait pour plaire à un vétéran des guerres civiles - élite coloniale - romain habitué aux vallons d'Ombrie et de Toscane.
On comprend qu'il s'y soit installé, au 1er siècle avant J.-C., sur l'emplacement d'une ancienne ferme gauloise (établie sans doute au 2ème siècle avant J.-C.), avec une exploitation couvrant certainement quelques milliers d'hectares de terres.
Une partie des fouilles (aujourd'hui recouvertes) a révélé un terrain gneisseux qui a conservé la trace des racines tortueuses des ceps.
Des tranchées de provignage et de marcottage (où subsistaient des pollens de vigne) étaient visibles, ainsi que des canaux d'irriguation et de drainage. L'inter-rang très large (5,90 mètres) correspondait à une conduite en pergola de type 'vitis compluviata' (en l'occurence, un rectangle de 30 mètres de long) , il pourrait s'agir d'une vigne jardin par ailleurs complantée en céréales ou légumineuses.
Dans les bâtiments de la villa, une installation de vinification de datation plus tardive
(2e et 3e siècles de notre ère) correspond à des vignes de bien plus grande étendue :
deux soubassements de pressoirs, des plans inclinés et des bassins avec cuvette de vidange (et évacuation en plomb signée par un plombier de Vienne !), un foyer pouvant servir de defrutarium (pour chauffer la vendange ou réduire le moût de raisin par cuisson).
Quel pouvait être le vin produit ici ? Etait-il bon ?
Selon Sidoine Apollinaire (évêque de Clermont au Vème siècle), il se produisait en ses terres lyonnaises un grand vin, égal des Falernes ou des Chios, un 'cru renommé fondé par le Triumvir'.
La référence au triumvirat marque bien le 1er s. av. J.-C. et le cartulaire de Savigny (4ème siècle après J.-C.) mentionne bien l'existence de vignobles localisés sur l'Ager Gofiacensis.
La concordance serait-elle trop belle ?
Trois campagnes de fouilles sont prévues, soit jusqu'en 2011. Le chantier est interdit au public. Des visites guidées sont organisées à date fixe, sur rendez-vous.
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