Un petit jardin poétique va être rasé, faisant fi du Plan Local d'Urbanisme de Paris

C'est l'histoire d'un petit jardin parisien aussi ancien que son immeuble, qui date de la fin du XIXe siècle, l'époque de la tour Eiffel. Un petit jardin charmant tout foutraque, au fond d'une petite cour, entretenu par un couple de concierges aux mains vertes.
Il y pousse, dans un poétique désordre, un étonnant bananier, un kumquat généreux, un buisson fleuri, odorant comme un chèvrefeuille, fréquenté par les abeilles. Des hortensias, un très vieux rosier, un laurier rose moribond et autres plantes condamnées en pot reprennent vie dans cette terre accueillante qui a toujours ignoré les désherbants. Quelques mauvaises herbes juste civilisées comme il convient y vivent en bonne compagnie, tout comme le merle de la cour d'à coté. Car ce petit jardin n'est pas seul au monde, sa flore et sa faune communiquent avec d'autres jardins proches. Et jusqu'aux roseraies du boulevard Pereire et au parc Monceau voisin.

Ce jardin vivait en paix apportant une fraicheur bien venue durant les étés parisiens caniculaires et de délicieuses fragrances. Jusqu'au jour où une assemblée de copropriétaires mal inspirée a décidé de le détruire.
'Il est moche ton jardin. Tu es tournée vers le passé, nous pensons à l'avenir et l'avenir c'est la destruction, le nettoyage par le vide', m' a-t-on rétorqué quand j'ai essayé de le défendre et de rappeler que la ville de Paris impose de respecter toute plantation existante.
Mais non, la volonté destructrice du groupe a décidé de faire fi du plan local d'urbanisme de La ville de Paris, des recommandations de son service des jardins et de l'environnement, de ses plans climat et biodiversité. La loi c'est pour les autres. La destruction n'attend pas. Les pavés sont commandés, en... Inde. Moins cher, ils disent. On imagine le bilan carbone du pavé!
La barbarie destructrice de quelques uns a gagné contre la politique de protection de Paris, la plus belle ville du monde. On ne pourra même pas dire 'rest in peace petit jardin'. Les marteaux piqueurs vont attaquer le 27 septembre et il ne restera aux amis de la nature que leurs yeux pour pleurer. Memento mori.
L'article 13 du plan local d'urbanisme de Paris exige la remise en état des espaces végétalisés après tout travaux de réfection d'une cour parisienne. La ville mène par ailleurs une politique active de développpement des espaces verts avec une gestion écologique
Ce jardin est situé dans la cour B, 19, rue Poncelet 75017 Paris. Les visiteurs sont bienvenus.
--gisele.prevost@toutpourlesfemmes.com
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