La section un « Certain regard » du Festival de Cannes 2012 a retenu trois films réalisés par des femmes : «Confession d'un enfant du siècle», par Sylvie Verheyde, «Enfants de Sarajevo» par Aida Bejic et «Trois Mondes» par Catherine Corsini.
Le cinéma est « un art qui, comme la peinture, l'architecture ou la poésie, a ses révolutions successives, en une alternance de jaillissements et de maturations, de modes contemplatifs et de brusques rebonds. Car ce qui n'a pas changé et ne changera pas, c'est que ce sont les créateurs qui font Cannes et non pas l'éphémère ni
l'écume des choses ».
Ce commentaire de Gilles Jacob présentant l‘édition 2012 du Festival de Cannes, revêt un sens très particulier sur la section « Un certain regard ».
Créée en 1978, elle permet de mieux faire connaitre et de soutenir des réalisateurs moins connus, souvent plus jeunes que ceux retenus dans la compétition classique.
En 2012, une polémique s'est levée autour de l'absence de femmes dans cette dernière (voir A Cannes, 'les femmes montrent leurs bobines, les hommes, leurs films », dénoncent l'actrice Fanny Cottençon et les réalisatices Virginie Despentes et Coline Serreau). Dans un Certain Regard, en revanche elles sont trois : Catherine Corsini, Sylvie Verheyde et Aida Bejic. Trois films sur dix-sept. La parité homme-femme certes, n'est pas atteinte. Mais c'est déjà une différence avec la compétition officielle.
Confession d'un enfant du siècle, par Sylvie Verheyde
Avec « Confession d'un enfant du siècle» , Sylvie Verheyde plonge dans la littérature et le XIXe siècle. Avant d'être cinéaste, Sylvie Verheyde dit être une littéraire. Le romantisme de Musset trouve pour elle une résonance profonde dans la société contemporaine. Musset, écrit la cinéaste « traite d'une époque où l'on ne sait pas de quoi demain sera fait mais où l'on sait qu'hier est mort. Un malaise historique qui se transforme en angoisse métaphysique, en mélancolie, le mal du siècle». Dans Trois mondes , Catherine Corsini confronte trois personnages, la trentaine, qui représentent trois univers sociologiques marqués par leurs différences : le monde de l'entreprise, le monde intellectuel, le monde de la marge et de l'illégalité. A travers l'histoire de Rahima, 23 ans, et son frère Nedim, 14 ans, Aida Begić aborde la question des orphelins de Bosnie. Que sont-ils devenus ? Comment survivent-ils ? Quel avenir pour eux ?
La réalisatrice a fait appel à Charlotte Gainsbourg et Peter Doherty, la rock star, dont la vie est connue pour avoir été quelque peu agitée.
« Je savais que Peter Doherty voulait faire du cinéma. Je lui ai envoyé une lettre simple, même pas traduite. Il a accepté tout de suite » raconte la réalisatrice dans une interview à France Inter .
Sylvie Verheyde a notamment réalisé Stella en 2008 avec Benjamin Biolay, Léora Barbara, Karole Rocher, Guillaume Depardieu. Pour la télévision elle a signé Sang froid en 2007 avec Benjamin Biolay, Laura Smet, Stomy Bugsy, pour lequel elle a reçu le Prix de la meilleure réalisation au Festival de La Rochelle 2007 . Elle est l'auteur du téléfilm Un amour de femme , avec Hélène Fillières, Raffaela Anderson, Antony Delon.
Trois mondes, par Catherine Corsini
La cinéastei dit avoir eu envie de faire un film d'action, tout en s'inspirant des grands auteurs. Au-delà d'une vision au premier degré explique-t-elle, ils donnent une dimension morale.
Née en 1956 en région parisienne, Catherine Corsini a commencé une carrière de comédienne et suivi l'enseignement d'Antoine Vitez et de Michel Bouquet, avant de passer à l'écriture et à la réalisation.
Catherine Corsini, s'attache à dessiner le portrait de femmes : amitié trouble entre Emmanuelle Béart et Pascale Bussière, dans La Répétition , rôles d'une mamie flingueuse pour Jane Birkin dans Mariées, mais pas trop , d'éditrice sans scrupules pour Karine Viard dans Les Ambitieux , de femme prête à tout par amour pour Kristin Scott Thomas dans Partir .
Enfants de Sarjevo, par Aida Begić
Le premier film d'Aida Begić Premières neiges narrrait le parcours d'un groupe de femmes dont tous les hommes avaient été tués dans les massacres de Bosnie en 1997.
« Nous croyions à cette époque à la reconstruction de la société...Nous parlions du « rêve bosnien » se souvient Aida Begić.
Aida Begić inscrit son deuxième long métrage dans une période où le monde nouveau a du mal à émerger, le futur ne se dessine pas, les repères et les règles font défaut, laissant place à la loi de la jungle.
Née en 1976, Aida Begić est diplômée de la Sarajevo Academy of Performing . Actuellement elle y enseigne la réalisation. En 2008, son premier long métrage, Première neiges remporte le Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes
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