Si je peux vous aider...

Pourquoi diable les vendeuses de nos magasins de prêt-à-porter éprouvent-elles à tout prix le besoin de nous dire autant de banalités ? Question récurrente lorsque j’en franchis le seuil.

« Si je peux vous aider, n’hésitez pas »

14h : j’entre dans un grand magasin de chaussures. Tout est exposé. C’est encore l’époque des soldes et pas un chat dans le magasin sauf une seule vendeuse. J’erre entre les linéaires suivie par la jeune femme qui, il faut le dire, doit bien s’ennuyer quelque peu. Je soulève une botte bleu-marine, la repose et j’entends la phrase fatale, susurrée dans mon dos : « si on peut vous aider, n’hésitez pas ». Tellement courante cette phrase que je me demande si elle fait partie du cursus des écoles de vente. Ou alors elle se transmet par contagion ? Parce que franchement ça va quand même de soi qu’une vendeuse soit là pour m’aider en cas de besoin.

Quelques pas plus loin, une boutique de vêtements. Croyez-le ou non mais au niveau 1 comme au sous-sol m'accueillent ces phrases : « n’hésitez pas si vous voulez de l’aide ». Ca c’est pour le niveau 1. Au sous-sol j’ai droit à une petite variante de la part d’une brunette en train de plier des pulls : « si je peux vous aider madame… ». Et là, je me risque à répondre : « euh oui, sûrement, mais en quoi ? ». Petit silence surpris et bref temps de réflexion puis : « je ne sais pas, c’est si vous avez besoin d’aide… ». Bon on ne va pas s’en sortir ! Un brin agacée à la longue, je décide d’essayer deux robes fluides de la nouvelle saison. Je plonge derrière le rideau, pose les vêtements, enlève les miens. Voix de la brunette derrière le rideau : « tout va bien madame » ? Je réponds quoi, là ? C’est l’euphorie ma chère, si vous saviez … ou bien : non tout va mal, je n’ai pas le moral, aidez-moi ?

Bon d’accord, un peu d’empathie, essayons de comprendre et calmons nous. J’enfile successivement les deux robes, me propulse vers le miroir extérieur sous l’œil de la jeune vendeuse. J’hésite entre la robe imprimée très printanière et la bleue. Me rappelant qu’ici on me prie de ne pas hésiter à demander de l’aide, je dis à la vendeuse : j’hésite entre les deux ; à votre avis laquelle ?... Et là, assortie d’un petit haussement d’épaule, tombe l’éternelle remarque qui tue : « ah elles sont différentes ». Noooooon ? Pas possible, je n’avais pas remarqué ! Enfin, sans hésiter, au-revoir et merci pour l’aide.

Par Evelyne Dreyfus

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