Les Français et la dette publique

Si la lutte contre le chômage (59%), la santé (59%) et l'éducation (55%) sont placées en tête des priorités en matière d'action publique pour les mois à venir, une étude réalisée par l'Ifop pour Sud Ouest Dimanche publiée le 13 août 2011 indique qu'une majorité de Français inscrit la réduction de la dette publique dans l'agenda politique de la rentrée (50%) au même titre que la lutte contre la délinquance (50%) et surtout que le relèvement des salaires et du pouvoir d'achat (51%).

 

Etude Ifop pour Sud Ouest 'Les Français et la dette publique'

Les principaux enseignements

La dégradation de la note de la dette souveraine des Etats-Unis, s'ajoutant à la crise de la dette dans la zone euro, a fortement secoué les marchés financiers obligeant l'exécutif français à convoquer une réunion d'urgence en plein mois d'août et à préparer l'opinion à l'adoption prochaine de mesures de rigueur économique.

Si la lutte contre le chômage (59%), la santé (59%) et l'éducation (55%) sont placées en tête des priorités en matière d'action publique pour les mois à venir, l'étude réalisée par l'Ifop pour Sud Ouest Dimanche indique qu'une majorité de Français inscrit la réduction de la dette publique dans l'agenda politique de la rentrée (50%) au même titre que la lutte contre la délinquance (50%) et surtout que le relèvement des salaires et du pouvoir d'achat (51%).

Selon l'Ifop, ce résultat se révèle particulièrement frappant dans la mesure où seul un peu plus du tiers des interviewés considérait la réduction de la dette public comme prioritaire au début de l'année 2010 (36%). Cette augmentation massive de 14 points est évidemment liée au contexte de l'enquête et à l'abondant traitement médiatique qui entoure ce sujet. Mais, elle indique également que les Français ont mesuré le caractère urgent de la réduction de la dette, en parallèle des enjeux sociaux traditionnels (lutte contre le chômage, santé, éducation et pouvoir d'achat).

Résultats selon les catégories de la population

Dans le détail des résultats, le caractère prioritaire de la réduction de la dette se révèle plus prégnant à mesure que l'on s'élève dans le critère d'âge : 36% des personnes âgées de moins de 35 ans estiment que cet enjeu est prioritaire contre 55% de leurs aînés, dont deux tiers des plus de 65 ans (67%). Les cadres (59%), les Franciliens (58%) et les sympathisants de droite (64%) mettent également davantage en avant le caractère prioritaire de la réduction de la dette publique que les autres catégories de la population.

Dans ce contexte, 82% des Français indiquent se sentir inquiets à l'égard du déficit public et de la dette, dont un quart « très inquiets » (25%). Ce résultat se trouve dans la moyenne du niveau d'inquiétude mesuré depuis février 2009 mais en deçà de celui atteint lors de l'éclatement de la crise grecque en mars 2010 (88%, 6 points d'écart) et du niveau observé au mois de juin (87%). La difficulté à comprendre les tenants et les aboutissants de la dégradation de la note américaine explique sans doute ce niveau d'inquiétude légèrement plus bas que les autres mesures, quoique très élevé, analyse l'Ifop.
Le niveau d'inquiétude est corrélé au caractère prioritaire attribué à la réduction de la dette. Dès lors les personnes les plus inquiètes se recrutent parmi les personnes âgées de plus de 35 ans (85%), les cadres (85%), et les Franciliens (87%).

Solutions : baisse de la TVA accordée aux restaurateurs et suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires en tête

En termes de solutions avancées pour enrayer l'augmentation de la dette et du déficit public, une majorité de Français préconise de revenir sur la baisse de la TVA accordée aux restaurateurs (62%) et de supprimer la défiscalisation des heures supplémentaires instaurée par la loi TEPA en 2007 (57%), deux mesures phares du mandat de Nicolas Sarkozy. Les Français se montrent plus partagés lorsqu'il s'agit d'envisager la poursuite et l'accélération de la politique de non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partants à la retraite (53%) ou la diminution de certaines prestations sociales (50%) pour résoudre le problème de la dette. Enfin, moins du quart
des personnes interrogées est prêt à accepter une augmentation des impôts et des taxes pour résorber le déficit (24%). Notons que si les soutiens de la gauche adhèrent davantage à la suppression de la baisse de la TVA dans la restauration (67%) et à l'abrogation de la loi autorisant la défiscalisation des heures supplémentaires (61%), une majorité de sympathisants de l'UMP soutient également ces deux mesures (respectivement 60% et 54%). En revanche, le non remplacement d'un grand nombre de fonctionnaires partant à la retraite et la diminution de certaines prestations sociales, font l'objet d'un clivage idéologique bien plus marqué entre les sympathisants de gauche (33%) et ceux de l'UMP (82%). Inversement, 35% des sympathisants de gauche soutiendraient une politique de diminution des prestations sociales contre 66% des soutiens de la droite.


Voir en Documents joints les tableaux des résultats du sondage concernant l'adhésion à certaines mesures pour réduire la dette et les déficits publics.
- Supprimer la baisse de la TVA dans la restauration
- Supprimer la défiscalisation des heures supplémentaires
- Ne pas remplacer davantage de fonctionnaires partant à la retraite (actuellement un départ sur deux n'est pas remplacé)
- Diminuer certaines prestations sociales
- Augmenter les impôts et les taxes (impôts sur le revenu, TVA, CSG)

Les Français et la dette publique

Etude réalisée par l'Ifop pour : Sud Ouest Dimanche.
Echantillon de 1003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille) après stratification par région et catégorie d'agglomération.
Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing). Dates de terrain : Du 9 au 11 Août 2011

Par Nicole Salez

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