27 ans, un cancer, un bébé

Voici l'histoire vraie de Vanessa.

Le 24 décembre 2004, Vanessa, âgée de 27 ans, reçoit un merveilleux cadeau de Noël. Sa gynécologue lui apprend qu‘elle attend un bébé. Suivie depuis 1995 pour des kystes aux seins, sa prochaine écographie mammaire est fixée au 17 février 2005. Là, patatrac, l'image que voit le radiologue ne lui plaît pas. Il lui conseille de voir sa gynécologue de façon urgente, la tumeur qu'il a vue est vraisemblablement maligne. Après ponction, la nouvelle tombe, c'est un cancer. Et on ne peut pas commencer les traitements avant les quatre mois de grossesse. En avril, Vanessa subit une intervention pour enlever la tumeur. Trois semaines après, on lui annonce qu'une ablation totale du sein est nécessaire. Cela se double d'un conflit entre les différents intervenants, le chef du service de gynécologie voulant qu'elle se fasse avorter alors qu'elle souhaite garder l'enfant. Elle prend avis auprès d'un professeur de Strasbourg. Celui-ci lui explique qu'elle est en dehors de toutes statistiques, qu'il n'y a aucun recul, en conséquence c'est à elle de prendre la décision. Elle décide de garder l'enfant. Elle se sent assez forte pour affronter et sa grossesse et la maladie. Elle débute sa première chimio le 9 mai, qu'elle a assez bien supportée. Son truc, donné par une infirmière, boire 2 litres de coca après la cure. Cela l'a considérablement soulagée. Sa quatrième chimio a été programmée le 13 juillet, et le bébé naissait le 4 août par césarienne. Avec cette naissance prend fin une période schizophrénique. Pendant la chimio, Vanessa vit repliée sur sa maladie, avec sa douleur physique et morale , pendant les contrôles gynécologiques, elle est tout à son bébé, elle rit, est heureuse comme toute future maman d'un bébé désiré. Avec la naissance de Benjamin, tout reprend brutalement sa place.


Se sentir enfin maman

A la naissance, elle entraperçoit son fils qu'on emmène très vite pour lui faire une batterie d'examens. Elle a accouché à Montbéliard où il n'y a pas d'unité néonatale. Le bébé est donc transporté à Belfort. 48 heures plus tard, son ami l'emmène à Belfort où elle peut enfin l'admirer. Finalement, l'enfant se portant comme un charme, il revient deux jours plus tard à Montbéliard. Mais il sent que quelque chose ne tourne pas rond et refuse de se nourrir avec sa mère. Il maigrit à vue d'œ,il. Finalement c'est le retour à la maison. Le bébé prend ses marques et rattrape et dépasse son poids de naissance.

Vanessa et son fils Benjamin


Pour Vanessa, rien n'est simple. Elle subit comme prévu l'ablation complète du sein début septembre. Brutalité dans son corps et brutalité affective avec une nouvelle séparation du bébé. Reprise de la chimio toutes les semaines, avec, en alternance, un protocole long et un court. Pour elle, toute cette période se traduit par une incapacité à intégrer le bébé dans sa vie. Il s'appelle Benjamin et, pourtant, il n'a pas de nom pour elle. « Va coucher le bébé », dit-elle à son ami. « Le bébé pleure. » Elle rencontre régulièrement une psychologue. Cela l'aide à comprendre qu'elle n'arrive pas à admettre que Benjamin fasse partie de sa vie. Elle veut laisser une chance à son fils d'être heureux avec une autre femme s'il lui arrivait malheur. Et puis le déclic s'est fait une nuit de décembre en lui donnant le biberon. Vanessa s'est senti maman. Psychologiquement, elle avait accepté l'ablation et sa vie de mère s'est mise en place. Aujourd'hui, en 2008, la mère et l'enfant se portent bien et Vanessa envisage la reconstruction de son sein.

Lire aussi:
--Le cancer n'est plus une fatalité
--L'association Tribu Cancer
--'Examen clinique. Journal d'un hypermoderne'
--L'acupuncture comme aide thérapeutique

Par Marie Catherine Chevrier
Portrait de admin

Ajouter un commentaire