Economie solidaire et émancipation des femmes

L'économie solidaire favorise l'émancipation des femmes

L''économie sociale et solidaire' joue un rôle croissant dans l'émancipation des femmes dans le monde et l'on compte de plus en plus de dirigeantes dans le secteur. Actuellement, sur 1,1 milliard d'individus vivant avec moins de 1 dollar par jour, les deux-tiers sont des femmes.


© F. Conti /FAO

A côté des traditionnels secteurs privé et public, un troisième émerge : l''économie sociale et solidaire'.

*Jacques Defourny, professeur d'économie sociale et de systèmes économiques comparés à l'Université de Liège, en Belgique, définit ce nouveau modèle dans L'économie sociale au Nord et au Sud comme cumulant « des dynamiques privées d'initiative et de gestion avec des finalités non centrées sur le profit mais plutôt sur l'intérêt collectif ». Dans les pays du Sud, il s'agit généralement de commerce équitable - qui garantit un prix rémunérateur aux producteurs mais aussi la participation des femmes - ou de microfinance, qui permet aux plus pauvres d'emprunter.
Il joue un rôle essentiel dans la lutte pour l'égalité entre hommes et femmes, comme l'a souligné la conférence sur « Les femmes, le développement et l'économie solidaire » organisée par la marque de commerce équitable Lobodis et l'association Frères des hommes, le 6 mai à Paris.


Des obstacles mutiples

Actuellement, sur les 1,1 milliard d'individus vivant avec moins de 1 dollar par jour, deux-tiers sont des femmes

*Source F.A.O.
. Elles ont pour la plupart des activités économiques morcelées, souvent liées au foyer. « Quand nous avons commencé à travailler avec les coopératives, nous avons constaté que les femmes étaient isolées. Elles manquaient d'informations sur les marchés par exemple, ou encore elles ne connaissaient rien des stratégies développées par les hommes. La première étape a donc été de les rencontrer et d'échanger » raconte Norah Mamani Alejandro, assistante de direction chez BIB (société relais de la marque de commerce équitable Lobodis en Bolivie). Et l'isolement n'est pas le seul obstacle à l'intégration économique des femmes, comme l'explique Maria Machaca de Zarco, productrice bolivienne et présidente de la Commission des femmes de la coopérative Villa Orente : « au début, les hommes avaient peur en voyant les femmes parler et s'organiser. Certains refusaient que leurs femmes participent. Aujourd'hui, ils reconnaissent notre travail et envoient leurs filles aux ateliers ».


De l'intégration économique à l'autonomie

Aujourd'hui, de nombreuses femmes ont franchi le cap et les entrepreneures sont passées de 5 à 100 millions en 10 ans et seront 250 millions à la fin de la décennie (avec 500 millions d'enfants à charge). « Les femmes utilisent mieux ce genre d'outils, le microcrédit ou le commerce équitable, que les hommes. Ils ont plus de difficultés à demander de l'aide et à emprunter de l'argent. En général, ils préfèrent migrer vers les villes ou le Nord, alors que les femmes sont contraintes de rester à cause de leurs responsabilités familiales » explique Luc Michelon, membre de l'association Frères des hommes. « Avec l'amélioration des revenus dans les zones rurales, les départs vers les zones urbaines sont plus rares » explique Damien François, ingénieur agronome pour la société de commerce équitable Lobodis. « Et si l'investissement dans la production destinée au commerce équitable ne permet pas de dégager, au départ, des marges importantes, les femmes complètent souvent cette activité avec des cultures vivrières ». Ainsi, les femmes peuvent assurer leur sécurité financière et améliorer leur qualité de vie. Pour Maria Machaca de Zarco, cette nouvelle situation est une opportunité pour peser sur la vie locale. « Depuis 2 ans, nous avons créé une organisation spécifique pour les femmes. Nous partageons nos expériences, nous nous formons mutuellement. Depuis peu, certaines participent à la vie locale aux côtés des hommes. Nous pouvons désormais intervenir sur les questions de santé, d'éducation ou encore d'infrastructures » conclut-elle.


(Avec l'article d'Elsa Bellanger, paru dans Le journal du développement durable du 9 mai 2008)



Par Nicole Salez

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