Le travail des seniors

Que peut-on faire ?

Notre société est schizophrène : le discours économique nous pousse tous à prendre notre retraite le plus tard possible et dans le même temps le taux d'emploi des plus de 50 ans en France est catastrophiquement bas (38 % des 55-64 ans).
Au-delà de 45 ans, les curriculum vitae ne sont plus regardés dans les cabinets de recrutement.

Après avoir été la variable d'ajustement des plans sociaux, l'emploi des « seniors » est aujourd'hui la variable d'équilibre des régimes de retraite.
Le gouvernement va proposer à la négociation des mesures spécifiques : quotas pour les entreprises, facilités de cumul emploi-retraite par exemple.

Plus dur pour les femmes

Les femmes sont les plus durement touchées : problèmes de qualification parfois, mais souvent problème d'image.

Parole de chasseur de tête : « Après 50 ans, les hommes peuvent retrouver du travail mais pas les femmes ».

Et pourtant, après 50 ans s'ouvre une tranche de 15 ans d'activité où les problèmes d'enfants sont presque résolus, la disponibilité est plus grande et l'expérience confirmée.

Curieusement, le troisième tiers de carrière est le tiers de tous les dangers.
La précarité marque souvent le début de carrière des jeunes , la précarité accompagne aussi sûrement la fin de carrière.


Des mesures dissuasives existent pourtant ...

... pour limiter la casse :
- suppression progressive de la contribution Delalande qui consiste à taxer les entreprises qui licencient les plus de 50 ans : au lieu de protéger cette classe d'âge, la mesure a eu l'effet inverse en freinant les embauches pour ne pas risquer de payer la taxe.

- suppression des pré-retraites conventionnées par l'Etat qui finançait une partie des allocations versées aux salariés licenciés dans le cadre d'un plan social,

- taxation portée à 50 % des pré-retraites « maison ».


... ainsi que des mesures incitatives



Le CDD « senior » créé en mars 2006, le CDD senior s'adresse aux plus de 57 ans, demandeurs d'emploi de plus de 3 mois ou en convention de reclassement professionnel (dans le cadre d'un plan social) . Il permet de doubler la durée légale maximale des CDD et peut atteindre 36 mois.
Avantage pour le salarié : lui permettre de combler le trou entre une fin d'indemnisation Assedic par exemple et la date de liquidation de la retraite.
Avantage pour l'employeur : la plus grande flexibilité apportée pour remplir une mission longue durée sans être obligé de s'engager dans un contrat à durée indéterminée.

Echec total : seules quelques dizaines de contrats auraient été signés depuis deux ans.

Le contrat de professionnalisation ne concerne pas que les jeunes de moins de 26 ans. Il s'adresse aussi aux plus de 45 ans qui sont embauchés avec un CDD d'au moins 6 mois ou en CDI, avec un programme de formation de 150 heures.
Pour l'employeur, l'avantage est conséquent car il peut se faire rembourser les frais de formation par l'organisme qui gère les fonds de la formation et ne paie pas de charges sociales sur le salaire pendant la durée de formation.

Des aménagements du contrat à durée indéterminée sont parfois prévus par des accords de branches professionnelles pour donner la possibilité de travailler à temps partiel avec maintien des cotisations de retraite sur un temps plein.


des systèmes de formation aussi

En entreprise, des dispositions ont été mises en place par la loi pour anticiper la gestion de la seconde partie de carrière. Leur négociation est obligatoire dans les entreprises de plus de 300 personnes à travers les accords de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC).

L'entretien de seconde partie de carrière : les salariés atteignant l'âge de 45 ans ou les personnes ayant plus de 20 ans d'ancienneté, doivent bénéficier d'un entretien de carrière afin de réfléchir et préparer le projet de leur seconde partie de vie professionnelle.
Cet entretien se fait à l'initiative du salarié ou de l'employeur, puis tous les 5 ans.
Un point des compétences, des besoins en formation, de la situation et de l'évolution professionnelle est réalisé.

Le bilan de compétences les plus de 45 ans sont prioritaires pour bénéficier d'un bilan de compétences réalisé à l'extérieur de l'entreprise et financé par elle.

La période de professionnalisation permet de suivre une formation qualifiante de 70 heures prise en charge par l'organisme gérant les fonds de formation dans l'entreprise (OPCA).

Cette période de professionnalisation peut être utilisée en préparation d'une création ou d'une reprise d'entreprise avant de quitter l'entreprise initiale.

La validation des acquis de l'expérience (V.A.E.) les priorités sont définies par les branches professionnelles et les formations nécessaires pour compléter une validation des acquis de l'expérience peut se financer par le plan de formation continue de l'entreprise, par l'OPCA cité plus haut ou encore par un congé individuel de formation.

Le droit individuel à la formation (D.I.F.) les plus de 50 ans peuvent compléter par les heures cumulées du droit individuel à la formation, toute formation de professionnalisation engagée.


travailler autrement

D'autres formes moins traditionnelles existent aussi :

Les entreprises de travail à temps partagé permettent de déléguer du personnel expérimenté à des « groupements d'employeurs » c'est-à-dire plusieurs employeurs n'ayant ni le besoin ni les moyens d'embaucher à temps complet les compétences qui leurs sont nécessaires. Le salarié peut ainsi se retrouver avec une activité à temps complet pour plusieurs employeurs.

Le portage salarial qui permet de répondre à des missions sans avoir à monter sa propre structure. La société de portage passe le contrat avec le client et transforme les honoraires perçus en salaire. (voir prochain dossier sur ToutpourlesFemmes).



Cumuler ?



Plusieurs cumuls sont possibles,

Chômage et activité réduite , à condition de ne pas dépasser certains plafonds, les allocations chômage sont alors amputées des rémunérations perçues.
Lorsque la personne retrouve une activité à temps plein à un salaire inférieur d'au moins 15 % du précédent salaire, les Assedic versent une indemnité différentielle.

Chômage et pension vieillesse dans certaines conditions aussi.

Emploi et retraite

. le cumul emploi/retraite : totalement libre maintenant dès 60 ans si on a tous ses trimestres ou 65 ans.

. le cumul emploi/retraite progressive : les personnes pouvant faire valoir tous leurs trimestres peuvent faire liquider une partie de leur retraite et poursuivre une activité à temps partiel. Dans ce cas, elles continuent d'acquérir des points de retraite.


d'autres mesures viendront

dans les prochains mois, nécessairement, parce que les enjeux sont économiques mais aussi profondément sociologiques.

eliane.brissot@toutpourlesfemmes.com

Par Eliane Brissot

Portrait de admin

Ajouter un commentaire