Maisons closes parisiennes

Architectures immorales des années 1930

Existe-t-il un programme architectural de la maison close parisienne ? C'est le sujet qu'explore Paul Teyssier, en s'appuyant sur de nombreux documents, avec 'Maisons closes parisiennes' paru aux éditions Parigramme en septembre dernier.




Existe-t-il un programme architectural de la maison close parisienne ? Fermée sur le monde extérieur, la maison de l'entre-deux-guerres veut ouvrir sur de multiples horizons et soigne en conséquence sa distribution, ses agencements et ses décors. Fouillant les entrailles de « ces machines à plaisir », Paul Teyssier en décrit le cheminement labyrinthique, enchaînant seuils, sas, couloirs, longues séquences de petits et de grands salons, d'escaliers et de chambres. À ce dispositif s'ajoute celui des coulisses, inaccessibles à la clientèle, prévoyant vestiaires, loges, chambres des pensionnaires, réfectoire, cabinet médical... Empruntant beaucoup à des structures plus conventionnelles (le couvent, le théâtre, la prison...), la maison close doit obéir à des prescriptions administratives et hygiénistes, multipliant les références historiques et intégrant les dispositifs de confort les plus modernes. Elle s'inscrit non seulement dans l'ordre du commerce de la consommation charnelle, mais plus largement dans la sphère des loisirs, partageant les innovations des dancings, du cinéma, des grands cafés dont elle est souvent la voisine. Cette « architecture inversée » se révèle dans les plans conservés aux archives de la Police que l'auteur a soigneusement étudiés. Ces documents traduisent la réalité du système construit du sexe avec ses codes, ses obligations réglementaires et ses répétitions formelles.

- Maisons closes parisiennes
- Auteur : Paul Teyssier
- Editeur : Parigramme Eds
- Date de parution : septembre 2010
- 59 €




Par Nicole Salez

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