”Retour à Peshawar”, de Renaud Girard

Alors que le chef d'Al-Qaïda (La Base) Oussama Ben Laden a été tué le 30 avril au Pakistan, lors d'une opération commando américaine - et ce, près de dix ans après les attentats du 11 Septembre - et tandis que se poursuit la guerre en Afghanistan, il est peut-être l'heure de faire un 'Retour à Peshawar' avec Renaud Girard. Correspondant de guerre au Figaro pendant de nombreuses années, l'auteur nous aide à trouver les clés principales de compréhension de ce qui se passe dans cette région du monde, avec cet ouvrage paru en octobre 2010.




«AfPak». Tel est, depuis l'investiture d'Obama, l'acronyme que les hauts diplomates et militaires américains utilisent pour désigner le dossier qui les préoccupe le plus : l'Afghanistan et le Pakistan.

L'Occident est-il en train de perdre, là-bas, sa « grande guerre pour la civilisation » ?

De fait, en l'espace de huit ans, quel terrain perdu ! En novembre 2001, les talibans, en déroute face à l'avancée des troupes de l'Alliance du Nord —, financées par la CIA, armées par les Russes et appuyées par l'US Air Force —, avaient fui Kaboul et leur fief historique de Kandahar. Dans l'Afghanistan dévasté par dix ans d'insurrection contre l'armée Rouge, sept ans de guerre civile entre groupes de moudjahidine rivaux, cinq ans de pouvoir obscurantiste taliban, l'espoir renaissait. Les bases d'entraînement d'Al Qaida étaient démantelées par les forces spéciales américaines, la musique et les cerfs-volants réapparaissaient à Kaboul, les filles allaient pouvoir retourner à l'école, les femmes diplômées recouvraient leur droit à enseigner ou à travailler dans les hôpitaux. La capitale afghane se couvrait de portraits de Massoud, belle vengeance posthume pour le leader charismatique qui avait été assassiné deux jours avant les attentats du 11 septembre. En décembre 2001, à la Conférence de Bonn, le monde occidental avait décidé de s'intéresser au sort de l'Afghanistan, de financer sa reconstruction, d'envoyer des troupes pour stabiliser le pays. Un leader pashtoune compatible avec les tadjiks et les ouzbeks du nord était trouvé, en la personne d'Hamid Karzaï, ancien résistant au régime des talibans. Les ONG débarquaient en masse à Kaboul, à Kandahar, à Djallalabad, à Herat.

Mais, tout à leur préparation de leur future invasion de l'Irak, les Américains vont commettre l'erreur de se désintéresser du terrain afghan. Les talibans, réfugiés dans les zones tribales pakistanaises, en profitent pour se refaire. Les attentats suicides se multiplient à Kaboul, où les occidentaux commencent à se bunkériser. Les talibans sont aux portes de la capitale. Au Pakistan, ils se sont emparés des zones tribales, semant la peur à Peshawar, la grande ville pashtoune, capitale de la province du Nord-Est. La route d'approvisionnement de l'Otan n'est plus sûre, qui part du grand port de Karachi pour aller à Peshawar puis à la fameuse passe de Khyber, porte d'entrée de l'Afghanistan.

L'auteur, qui s'est maintes fois rendu dans les deux pays au cours des vingt-cinq dernières années, y est retourné pour un long voyage. Son livre allie choses vues, anecdotes significatives et analyses de terrain, présentes et passées, afin de montrer l'ampleur du terrain perdu là-bas par l'Occident en l'espace de vingt ans : cette guerre est-elle ou non gagnable et comment ? Il permettra de répondre à la question qui va se poser de plus en plus au fil du temps.

L'auteur : Renaud Girard

Né en 1955 à New York, normalien, énarque, Renaud Girard est correspondant de guerre au Figaro depuis 1985. Il a couvert tous les conflits de la planète depuis un quart de siècle. Son premier voyage au coeur de l'Afghanistan remonte à 1986 : expédition clandestine d'un mois à cheval et à pied, avec un groupe de moudjahidine, à partir de Peshawar et des zones tribales frontalières.

A l'automne 1996, Renaud Girard se rend à Kaboul, juste après la prise de la capitale par les talibans. Ensuite il franchit les lignes pour accompagner au combat, dans sa jeep, le commandant Massoud.

A l'automne 2001, il est à Djallalabad, où il assiste au ratage de l'attaque américano-afghane de Tora Bora (d'où Ben Laden parvient à s'échapper).
En février 2007, il va au combat avec les troupes canadiennes dans la région de Kandahar. Les reportages de Renaud Girard ont été successivement couronnés du prix Mumm pour la presse écrite, du prix Thucydide de géopolitique et du prix Bayeux des correspondants de guerre.

Parmi les sujets couverts:

- Peshawar sur 25 ans
- les élections générales en Afghanistan
- les motivations d'un taliban kamikaze
- la personnalité et la stratégie du général McChrystal
- les talibans d'hier et d'aujourdhui
- le décalage entre temps médiatique en Occident et temps politique en Afghanistan
- le rôle des influences tribales dans la non construction d'un état afghan
- les lourdeurs de la coalition tant sur le plan civil que militaire
- la fuite et la clandestinité dOussama ben Laden
- « Quand et comment sortir de l'Afghanistan ? »

______


- Retour à Peshawar
- Auteur : Renaud Girard
- Editeur : Grasset
- Date de parution : octobre 2010
- 17,10 € sur fnac.com

Par Nicole Salez

Portrait de admin

Ajouter un commentaire