Vents de Sable, Femmes de Roc

Sortie le 9 mars 2011

Avec Vents de sable, Femmes de Roc, Nathalie Borgers accompagne les femmes Toubou. Jeunes et vieilles partent pendant quatre mois, parcourent 1500 km dans le désert pour récolter et vendre les dattes. Un regard profond et sensible sur cette caravane féminine, espace de liberté et d'autonomie économique. Sortie dans les salles le 9 mars 2011

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A l'extrême sud du Sahara, au Niger, vivent les Toubous, un peuple de bergers nomades.
Leur vie dans ce désert impitoyable obéit à des rituels simples et immuables. Les
hommes sont chameliers et les femmes restent au foyer. Mais chaque année, tout
change pour les femmes Toubous avec le départ de la caravane ! Des aïeules aux plus
jeunes, les femmes de la tribu entreprennent un voyage de 4 mois sur plus de 1500 km
à travers le Sahara, dans la chaleur, la poussière et les tempêtes de sable pour aller
cueillir des dattes et les vendre à la “ville”. Malgré la fatigue et les dangers innombrables,
ce périple est aussi pour ces femmes un espace de liberté et la clé de leur indépendance économique.

La réalisatrice, Nathalie Borgers soucieuse de la relation entre l'homme et son environnement a voulu, dans Vents de sable montrer comment ces femmes dans un monde aride, où elles ne valent que la moitié de l'homme, développent leur fierté, leur indépendance, leurs systèmes de communication, leurs stratégies de survie.



Le toubous


Parmi les peuples nomades de la frange du Sahara, les Toubous sont certainement lesmoins connus. La région qu'ils peuplent couvre environ 1.300.000 km2 et s'étend sur
les territoires de la Libye, du Niger et du Tchad, le coeur du pays Toubou étant le
Tibesti. Au nombre de 650.000 environ, ils sont 40000 à vivre au Niger.
D'une façon générale, les Toubous sont considérés comme des maîtres de l'adaptation.
Solidaires et autonomes, ils ont survécu en dépit des prévisions les plus sombres. Au
Niger, l'un des pays les plus pauvres au monde, ils échappent à la misère et la famine.


La caravane des dattes




Chaque été, les femmes Toubous des campements du sud Niger effectuent un voyage de
quatre mois. Armées de poignards, emmenant leurs enfants, elles marchent trois
semaines vers le Nord. Là, de l'autre côté du Grand Erg de Bilma, se trouvent les oasis
de palmiers dattiers. Pendant un mois, elles récoltent les dattes, les font sécher, puis les
empaquètent. Ensuite, guidant leurs chameaux surchargés, elles traversent le Sahara en
sens inverse, à destination du marché de N'Guigmi situé à la frontière du Tchad et du
Nigeria. Sur place, il leur faut un bon mois pour vendre leur stock de dattes. Au total,
elles parcourent à pieds plus de 1500 kilomètres dans une des régions les plus arides au
monde : le Sahara. A cette époque de l'année, les conditions sont particulièrement
difficiles. Outre la chaleur qui atteint 50°C à l'ombre, il faut braver les tempêtes de sable,
les morsures de scorpions, de serpents et d'araignées, ainsi que la violence des orages.


Les femmes dans la société Toubou

Avant le mariage, la femme n'existe pas socialement
En tant qu'enfants, garçons et filles partagent la même vie et le même statut. Mais dès qu'ils ont 10 ans, les choses commencent à changer de manière tout à fait radicale. Le garçon part avec son père à la recherche de pâturages. Il apprend avec lui la noble tâche
de chamelier. On lui permet progressivement de boire le thé avec les adultes, de partager leurs conversations. Son statut évolue progressivement.

La fillette, elle, aide sa mère dans les corvées du ménage. Malgré la difficulté, son statut n'évolue pas. La jeune fille n'a aucune existence sociale jusqu'à son mariage.


Le choix du mari : l'affaire des parents

Les mariages sont des mariages arrangés. Pour les parents d'une jeune fille, le processus
est passif : ils attendent les propositions de mariage. Les parents du jeune homme
doivent, eux, chercher la jeune fille pour leur fils. Une fois qu'ils ont fait leur choix, ce
dernier se met en route pour rassembler la dot : en moyenne dix chameaux.
Les parents de la jeune fille peuvent refuser un prétendant à n'importe quel moment
avant la cérémonie. Si un autre candidat se présente, la décision de départ peut être
remise en cause.

Craignant qu'un autre homme le supplante ou trouvant simplement
fastidieuse et trop longue la collecte de la dot, un jeune homme pourra kidnapper sa
future femme avant qu'une date de mariage n'ait été fixée. Près d'un tiers des mariages se passent de cette manière. C'est la « marraine du mariage », une femme de la famille
de la jeune fille qui pourra servir de complice. S'il réussit à attraper sa « fiancée » et à
l'emmener sans s'être fait rattraper par sa famille, le jeune homme s'arrêtera dans un
village le plus loin possible et demandera au chef de village de les marier. Pour celui-ci,
c'est véritablement un honneur d'être choisi pour la bénédiction d'un mariage par rapt.


Le mariage : une étape positive


La position et les droits de la femme changent une fois celle-ci mariée. Elle peut enfin
boire le thé avec tout le monde. En tant que maîtresse de maison, elle prend part aux
décisions concernant son foyer. Mais elle dépend de son mari qui est en charge du cheptel.


Yollumi : une période de résistance pour gagner le respect du mari

Après la cérémonie du mariage, le couple habite pendant environ deux ans dans le
village des parents de la mariée. Pendant cette période appelée Yollumi, le mari doit
travailler pour aider son beau-père. Les jeunes époux apprennent à se connaître, ce qui
se traduit, pour la jeune femme, par un refus systématique d'obéir aux ordres de son
mari et de le rejoindre la nuit. Cette pratique est normale et même valorisée...


Divorce

Aussi impensable soit-il qu'une jeune fille émette le moindre avis sur son futur marié
avant le mariage (elle ne l'a pas choisi, n'a pas même été consultée à son sujet), aussi acceptable est-il pour elle de refuser ce dernier une fois les festivités terminées. Mais pour gagner la bataille, il lui faudra beaucoup de courage et de détermination car seule la
fuite lui permettra d'arriver à ses fins.
Près d'un tiers des mariages aboutissent à un divorce précoce, ce que les Toubous trouvent normal étant donné que les époux ne se sont pas choisis.


La liberté

Une fois divorcée, la femme a une grande liberté. Elle peut disposer de son corps comme bon lui semble, alors
qu'elle devait être vierge pour le mariage. C'est avec les jeunes divorcées que les
hommes ont leurs premières expériences sexuelles. Une femme divorcée a en outre son
mot à dire quant au choix du prochain époux.






Par Elsa Menanteau

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