Orientation scolaire: et si on utilisait la graphologie ?

Qu’est-ce que tu veux faire ? Je sais pas quoi faire ! Le même métier que papa ? Ah non ! Succéder à maman à la tête de l’entreprise familiale ? Pff, j’sais pas. Quel casse-tête quand vient le temps pour les enfants de choisir une formation sans parler de l’usine à gaz de l‘APB (admission post-bac).

La graphologie, un bon outil pour l'orientation scolaire

orientation_scolaireOrientation scolaire: utiliser la graphologie - Toutpourlesfemmes

Que votre progéniture soit de l’ordre du crack ou du cancre au fond de la classe près du radiateur (quoiqu’en ce moment ce soit la bonne place), une analyse graphologique de son écriture peut vous permettre d’y voir plus clair. Elle conforte les ados dans la voie qu’ils envisagent ou oriente vers  une filière qui leur correspond. Elle permet aussi de les secouer un peu pour les mettre devant la réalité du monde du travail.

TPLF a rencontré Laure Jeanteur, graphologue spécialisée dans l’orientation scolaire et post bac.

Laure, à 50 ans, est une femme pétillante pleine d’énergie et de peps. Jeune fille,  BTS de secrétariat en poche, elle se marie et a 5 enfants. Epanouie dans sa vie de famille, à 40 ans elle démarre une nouvelle vie et revient à ses premières amours : la graphologie. Diplôme passé, elle exerce le métier de graphologue spécialisée dans l’orientation des ados et des étudiants post-bac. Si depuis plus de 10 ans, elle analyse l’écriture (entre autre) de nos rejetons pour leur trouver une voie, elle apporte son aide à nous les parents pour nous retrouver dans la jungle des formations et quelquefois découvrir nos enfants sous un nouveau jour. Une belle profession d’avenir que Laure exerce avec engagement et psychologie.

TPLF : La graphologie n’a pas toujours été votre métier, mais en revanche elle a toujours été votre passion ?

graphologie

Laure Jeanteur : Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours été intéressée pas la graphologie. C’est un outil extraordinaire qui permet aux personnes de mieux se comprendre, se connaitre de façon objective. On est comme on est et je n’hésite pas à attirer dans mon analyse l’attention sur des points de vigilance, des qualités, des défauts…une forte susceptibilité…La graphologie seule ne m’intéresse pas si c’est pour fouiller l’autre. Il faut que ce soit un outil

Est-ce que l’écriture, la lecture ont occupé même très jeune, une place importante dans votre vie ?

J’ai toujours aimé lire, apprécié la fluidité de la phrase, la qualité de l’écriture. Il y a toujours eu une pile de livres sur ma table de nuit ! Ce qui me fascine c’est le geste graphique et comment la personne se l’est appropriée dans l’usage calligraphique. Il y a différentes phases dans l’écriture : En grande section il y a le geste calligraphique puis l’enfant se détache de ce qu’il a appris, il passe par la juxtaposition puis s’approprie l’écriture en juxtaposant ou se met à grouper des lettres, avec plus ou moins d’espace,…on tient compte de tout, de la largeur de la marge, du mouvement, de l’appui, de la forme, l’épaisseur, la direction… Tout cela correspond à différents caractères.

Pourquoi avoir choisi à 40 ans de vous spécialiser dans l’orientation scolaire et universitaire ?

Quand je suis sortie diplômée après trois ans d’études  à la Société Française De Graphologie, comme je n’avais jamais travaillé en entreprise, je n’aurais pas été à l’aise de donner des conseils dans ce cadre.En revanche j’ai élevé 5 enfants et je communique assez bien avec les jeunes. Je me suis formée pour me spécialiser en orientation scolaire ou étudiante. A cet âge, on a une maturité, une crédibilité. Je ne cache pas, si on me le demande, que la scolarité de mes enfants n’a pas toujours été aisée. A force de les stimuler, de leur proposer des projets, cela s’est amélioré. Je reste très accessible et dans le rapport humain. Je n’ hésite pas à mettre en garde contre certaines formations mais je fais des propositions qui se rapprochent le plus de la personnalité du jeune. Mais ce sont les parents et leur enfant qui vont se projeter en s’appropriant leur projet d’orientation.

A quel âge l’écriture ne bouge plus ?

Même si à 18 ans, l’écriture est encore adolescente et peut encore évoluer, on voit malgré tout la combativité, la ténacité, la fuite en avant, le courage … ce sont des choses qui font partie de vous et qui n’évoluent pas beaucoup. Il m’est arrivé de voir un jeune à quelques mois d’intervalle et j’ai constaté dans son écriture, qu’il s’était endurci, qu’il avait appris à se dépasser. Ces qualités s’étaient affirmées en lui et cela se révélait dans l’écriture. Il y a aussi des écritures à 18 ans qui sont encore très, très jeunes.

L’écriture est comme le comportement où on reconnait une personne déterminée ou qui a confiance en elle par son attitude physique ?

Dans la rédaction du portrait graphologique, j’associe la morphopsychologie. Je me suis formée à plusieurs méthodes et je les associe à la graphologie pour déterminer le profil de la personne.  Ce qui s’exprime par le geste graphiqueet transparait sur le visage, il faut en faire un outil de force.

Comment se passe concrètement votre métier ?

Les parents me téléphonent, me demandent comment je fonctionne. Ils me demandent quelquefois un mail pour relire et en parler avec leur enfant. Il est indispensable pour moi que le jeune en question soit partant pour suivre cette démarche qui prend du temps et a aussi un coût. Si la personne n’est pas prête, j’encourage à réfléchir et à me recontacter plus tard.

Est-ce que vous ne voyez que des cancres dont on ne sait pas quoi faire ?

Tous les cas de figure sont possibles. Certains élèves ont besoin d’être confortés dans la filière qu’ils envisagent, d’autres, même très bons élèves, sont perdus car ils ont beaucoup de choix possibles, d’autres quelquefois sont dans la projection des parents. Et puis il y a aussi des enfants dont on ne sait pas quoi faire. C’est vrai que l’on demande très tôt aux jeunes de se prononcer.

J’interviens de la 3e à l’orientation professionnelle. Par exemple quand une licence est validée et qu’on se pose la question de savoir quel master choisir. En Seconde, on vient me voir  pour le choix de section. J’aime bien recevoir des élèves en fin de premièrepour les mettre en routecar ils ne sont pas encore trop stressés par l’orientation. Je conseille des sites sur lesquels il y a beaucoup d’information. Je dis « Tu as une sensibilité sur telle tendance, commence à alimenter ta réflexion. » J’ai le cas d’une jeune fille de première portée vers les métiers de la justice. Mais j’émets un bémol car elle va amener dans son foyer tous les dossiers. Je vais lui dire : « tu peux mais il y a ce problème à gérer. Il faut qu’elle en ait conscience.

Une fois, la démarche posée, on vous envoie une lettre manuscrite et c’est tout ?

J’envoie un mail avec une liste de documents à rassembler dont une lettre manuscrite bien sûr. Ils doivent remplir un questionnairepour débuter la démarche: j’insiste sur  les qualités, les points de vigilance, les activités, les expériences marquantes ou constructives, mais aussi ce qui peut agacer les autres dans son caractère, s’il y a un évènement qui s’est produit et qui peut influer sur son orientation, là où il est bon ou pas bon, vers quelle durée d’études il pense tendre, .. .
Je demande aussi une prise de cours spontanée pour voir comment est l’écriture quand on ne s’applique pas et les bulletins de notes pour toucher du doigt la réalité. Si on me dit je veux faire une école sélective et si les notes ne sont pas à la hauteur, ça ne sera pas possible. J’aime bien voir les appréciations  qui sont prises en compte aussi pour le dossier. S’il ya des encouragements d’un trimestre sur l’autre, je me dis que le jeune est à l’écoute.
Et puis ils viennent me voir avec tout ça. Le premier rendez-vous dure deux heures, je reçois le jeune seul pour savoir vraiment qu’elle est sa demande. Je lui explique comment je fonctionne,pour qu’il sache ce qui l’attend  et ce qu’on fera la prochaine fois. Je fais passer des tests différents suivant s’il est lycéen ou étudiant.

Quels genres de tests donnez-vous ?

Le BBT basé sur la théorie de Szondi : on présente des images et la personne les sélectionne suivant qu’il aime ou pas l’activité de la photopuis il m’explique les raisons de son choix. J’en tire après des conclusions sur le type d’intelligence artistique, commercial, scientifique, mathématiques, littéraire, social, technique.... ), le type de ressenti (sensoriel, intuitif, pensée ), le système de communication, …

Pour les lycéens et collégiens, je fais passer un second test Atout Orientation pour affiner les dominantes de filières et de métiers. Si dans l’écriture ou le portrait morpho-psychologique, je vois par exemple, un côté artistique qui n’apparait pas dans le test, ou à l’inverse s’il n’y a aucune trace dans l’écriture, et qu’il me donne un choix de métiers artistiques, cela me permet de déterminer si ce métier relève du rêve ou s’il n’a pas osé l’exprimer. C’est à creuser avec lui.

Ce sont des tests flexibles, qui offrent une certaine liberté de réponse par la possibilité de revenir sur celles-ci, avant de valider l’ensemble.
Je le prends en photo pour la morphopsychologie, avec son accord, de trois-quarts, de profil, en pied, en portrait…

Et puis avec tout ça, je me mets à la traduction de tous ces outils différents. J’insiste sur le mot traduction et non interprétation. Je rédige l’analyse psychologique et morpho-psychologique. La phase de rédaction prend beaucoup de temps. Chaque mot a son importance. Sur un même trait de caractère on va partir sur une possibilité mais pour une autre personne, ce sera différent.

Laure Jeanteur - Orientation scolaire: utiliser la graphologie - Toutpourlesfemmes

Au second rendez-vous, vous restituez le résultat de toutes ces méthodes ?

Je reçois le jeune pendant deux heures durant lesquelles je fais un travail personnel avec lui. Je lui explique comment j’arrive à ces conclusions. J’essaye de le mettre à l’aise, je propose coca, gâteaux si je vois qu’il fatigue…Au préalable, je prépare un dossier de tendances sur lequel on travaille ensemble. Je veux que le jeune voit par lui-même ses dominantes d’intérêt. Il peut être surpris. J’entends quelquefois : « Je ne pensais pas avoir une telle fibre qui tend vers le vivant »
Puis je reçois les parents deux heures. Je leur lis à haute voix l’analyse graphologique pour les faire réagir car souvent les parents peuvent s’être focalisés sur les défauts. J’essaye ainsi de leur faire redécouvrir leur enfant. Ça m’est arrivé que des mamans me disent « je suis passée à côté de ma fille ». Souvent ils le prennent comme un cadeau. J’explique comment je suis arrivée là. Le jeune ré-écoute et s’imprègne de ce qu’il a déjà entendu.

Je peux déconseiller certains métiers car la personne ne sera pas épanouie ce qui ne veut dire qu’elle n’est pas capable de le pratiquer. Je propose les activités qui correspondent à la personnalité.
J’assiste un peu les personnes car je sais aussi que l’admission post Bac n’est pas évidente et je comprends que ça peut inquiéter les parents. Je propose des formations. Je remets un dossier très complet. Je ne me contente pas de dire : «vous êtes faite pour le commerce. ». Je conseille de se rendre aux portes ouvertes de l’école, je mets le lien…Cela me prend énormément de temps Je passe deux jours par dossier en plus des entretiens.

Les parents prennent les choses bien ? Il arrive que des familles disent mon fils n’est pas du tout comme ça ?

Une jeune fille suivait une formation plutôt littéraire et envisageait khâgne, hypokhâgne et la maman me disait : pourquoi ne la verriez-vous pas dans la comptabilité ? Un IUT de gestion ? J’ai répondu : ce n’est pas ce qui lui correspond. Pourquoi voulez-vous l’enfermerdans cette vie qui ne lui fera pas plaisir.

J’annonce toujours : je vous parle cash. Je dis les choses avec beaucoup de douceur, mais je les dis. J’essaye de faire toucher du doigt le principe de réalité. J’affirme souvent : « C’est dans  la difficulté qu’on se construit. Il faut savoir remonter les manches et y aller. Je peux dire: « Là tu ne travailles pas, réveille-toi ! Sinon tu vas subir ton orientation plutôt que de la choisir. » Je suis là pour construire. Beaucoup de jeunes sont encore dans le principe du plaisir –j’aime, je travaille, j’aime pas ou je n’aime pas le prof, je ne travaille pas, je pense savoir et je ne sais pas. Et puis j’entends aussi : « moi je veux une vie facile avec beaucoup d’argent, sans rien faire. »

Avec la traduction de son analyse graphologique plus les tests, j’arrive à un résultat. Je soumets les formations les plus en adéquation avec la personne. Ensuite les parents et les enfants sont libres de suivre mes conseils ou non.
Il m’est arrivé de dire : « je le vois dans cette école. » Mais je ne suis pas dans leur état d’esprit, ni dans leurs préférences entre le privé, le public, l’internat…. Quelquefois ils me rappellentet me parlent d’une école qui intéresse leur adolescent. Si je connais un étudiant qui est déjà dans l’école, je peux l’appeler pour qu’ils se mettent en contact. J’implique le jeune. Je vais l’inciter à chercher autour de lui, quelqu’un qui va lui parler de ce métier, lui donner les points forts, faibles, pour creuser chez lui le désir dont on a parlé.

Quelquefois il y a des tendances qui apparaissent mais quelquefois non ?

J’ai des dossiers qui sont loin d’être évident. Il faut être humble dans ce métier. Je le dis et je propose des solutions qui ne l’enferment pas, surtout pour des orientations technologiques ou professionnelles. Le jeune ne va pas forcément être très heureux mais il lui faut pouvoir continuer, aller jusqu’à un bac. Avec ça il peut poursuivre. C’est très important de ne pas l’enfermer. Il ya certaines formes d’intelligence où l’on apprend par la pratique puis parl’apprentissage de la théorie. Dans le système classique, c’est le contraire et le système scolaire de l’éducation nationale ne correspond pas à tous. Ainsicertains enfants qui ont tout pour eux mais qui ne sont pas dans le moule, il m’est arrivé de proposer l’école Montessori, avec sa pédagogie différente. Je suggère toujours et je recommande de ne pas trancher tout de suite, d’aller aux journées portes ouvertes, de poser des questions. Digérez, imprégnez-vous, renseignez-vous. Ne dites pas non tout de suite. Allez voir. Je suis plus favorable aux portes ouvertes. C’est une démarche qui est chronophage mais où l’on peut rencontrer l’équipe pédagogique plus tranquillement qu’aux salons où il y a beaucoup d’écoles réunies.

Et pour les étudiants qui sont déjà dans une filière, le processus est le même ?

Je rencontre moins les parents et c’est différent car ils ont déjà un bagage. Je fais passer un autre test nommé Strong sur les centres d’intérêt : 300 questions sur les affinités auxquelles on répond par: j’aime, beaucoup, indifférent, j’aime peu,  je n’aime pas du tout. On voit ainsi davantage comment la personne se perçoit en termes d’intérêtet ce vers quoi elle est réellement attirée.

La tâche s’avère plus compliquéesi le jeune est déjà engagée dans une filière qui ne lui correspond pas vraiment. Je passe des heures à  chercher des passerelles mais quelquefois il n’y en a pas. Certains sont prêts à rétrograder, d’autres non pour différentes raisons financières, durée d’études, envie de travailler en professionnel.
Je fais passer aussi un autre test Profil pro 2 qui donne des tendances sur sa personnalité et son comportement professionnel, ainsi que sur ses motivations, aspirations et valeurs.

J’aime bien étudiersi le puzzle prend bien. Le résultat de leur orientation est un mix l’ensemble de ces outils.

En fait ce qui vous intéresse, ce sont les gens ?

Les gens et trouver des solutions ! 

INFOS PRATIQUES
Le coût : Collège-lycée 550€ TTC 
Post bac : 700€
Le site : http://grapholor.jeanteur.eu/
Le contact :  06 07 79 85 73
grapholor@jeanteur.eu

 veronique guichard tout pour les femmes

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