Le boudoir Turc du Château de Fontainebleau

Le château de Fontainebleau est unique en France. Il contient plus de 30 000 œuvres réunies dans près de 1500 pièces. Il vient d’accueillir la 5e édition du Festival de l’histoire de l’art qui se tient chaque année. C’est l’Académicien Pierre Rosenberg qui présidait le comité scientifique. Le thème de la réflexion a porté sur le rapport existant entre l’oeuvre d’art et sa matière transformée par le geste humain et par le geste artistique. A l’occasion, de cette manifestation, nous avons fait la découverte du boudoir Turc.

Depuis le mois de mai dernier, après 7 ans de travaux financés par de nombreux mécènes, ce repaire, niché dans les hauteurs du château, est ouvert au public pour la première fois de son histoire. Il est le témoignage des « turqueries royales » en vogue durant un XVIIIe siècle, fou d’Orient.

Photo.CB. Cage d’escalier-Château de Fontainebleau, 2015

Pour y accéder, il faut emprunter un escalier dérobé…

 

Photo.CB. Lucarn-Château de Fontainebleau e, 2015

…dans la cage d’escalier, une lucarne ouvre….

 

Photo.CB. Salon-Château de Fontainebleau, 2015

…sur une vue en plongée donnant sur le salon d’où la Reine s’absente pour rejoindre ce  lieu de retraite où elle échappe à l’étiquette.

Ce petit boudoir a été conçu en 1777 par les frères Rousseau, grands décorateurs de l’époque, pour Marie-Antoinette qui s’y installe après Marie Leszcynska l’épouse de Louis XV.  Ils réalisent, en particulier, un décor de lambris sculptés peints semés d’ornements inspirés du Levant.

 Boudoir.Lambris. Fontainebleau. Chapotot.

Boudoir.Fontainebleau. Irina Metzel
Un mécanisme de glace mouvante conçu par le général Mercklein permet d’occulter la fenêtre, comme au théâtre.

Après la Révolution française, l’Impératrice Joséphine, en 1806 y installe sa « petite chambre à coucher » qu’elle agrémente d’un mobilier somptueux et atypique. Le lieu devient magique, constitué de velours scintillants, de mousselines brodées, de taffetas, de festons lamés or à motifs vermiculés, de rideaux, de miroirs…

Boudoir.Fontainebleau.Thibaut Chapotot.

 Un lit en acajou signé Jacob-Desmalter est orné de chiens en bronze doré qui veillent sur le sommeil de l’Impératrice. Après 1815, l’endroit est abandonné, il servira de chambre à coucher pour une femme de chambre.

 «  De tous les meubles qui décorent l’appartement d’une femme galante, il n’en est pas dont elle fasse un plus fréquent usage, et qui soit plus tourmenté que les rideaux de sa croisée. Qui pourrait décrire le chemin qu’ils font dans une journée ! Ils sont en effet comme l’ombre de leur maîtresse, dont ils suivent tous les mouvements, toutes les démarches » Journal des dames et des modes, 25 Fructidor An VIII ( 12 septembre 1800)

A moins, que le boudoir, lieu où l’imaginaire féminin se déploie, soit dédié à un rêve de femme créatrice, celui évoqué par Virginia Woolf dans sa nouvelle publiée en 1929 qui postule qu’une femme doit au moins disposer « de quelque argent et d'une chambre à soi » si elle veut être écrivain, … Une chambre à soi !

Il demeure cette matière transformée par le geste humain et artistique qui enchante votre visite du château.

Publication Refuge d'Orient Le boudoir Turc de Fontainebleau par Vincent Cochet et Alexia Lebeurre, Editions Monelle Hayot, 2015.

www.chateaudefontainebleau.fr

Par Caroline Benzaria

 

 

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