France Culture: ”Grandes traversées” d'été

Durant l'été et jusqu'au 30 août 2009, France Culture poursuit ses 'Grandes traversées': Bombay, Mexico, Pays de l'Est, Marguerite Duras, Georges Simenon. Que du bonheur!




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5 grandes traversées

Durant l'été et jusqu'au 30 août 2009, France Culture poursuit ses 'Grandes traversées'. De 9h00 à 12h30, redif de 23h25 à 02h45. Les Grandes traversées, épopées radiophoniques de plus de 17 heures, alliant archives, débats et
documentaires sur un même thème, permettent de plonger dans les réalités actuelles et historiques
de deux villes monde - Bombay et Mexico -, d'évoquer l'oeuvre et la vie de deux auteurs que chacun croit
connaître —, Marguerite Duras et Georges Simenon -, et de revisiter plus de quarante ans d'histoire du
Bloc de l'Est.

9h00 - 12h30

- du 27 au 31 juil. : Bombay Mix, au cœ,ur de l'Inde moderne par Michel Pomarède
- du 3 au 7 août : Avec Duras par Laure Adler
- du 10 au 14 août: Vents d'est, 1945-1989 par Lætitia Cordonnier et Jean-Pierre Thibaudat
- du 17 au 21 août: Simenon, écrivain voyageur et déménageur par Pierre Assouline
- du 24 au 28 août: Mexico par Dominique de Courcelles

23h25 - 02h45

5 grandes traversées (multidiffusion)


Bombay Mix, au coeur de l'Inde moderne



Du lundi 27 juillet au vendredi 31 juillet (+ redif). Une série produite par Michel Pomarède et réalisée par Gilles Mardirossian.

Urbs prima in Indis : voilà ce qu'on peut lire, dans la
pierre de la Gateway of India, la porte de l'Inde qui
fait face à la mer à Bombay. La première ville en Inde.
Première dans le pays par sa population (19 millions,
si on prend en compte ses banlieues), sa richesse (38
% des taxes nationales viennent de la ville), sa
violence (ses émeutes entre hindous et musulmans
en 1992-1993 ont fait en un mois 1000 morts), son
dynamisme culturel (des studios de Bollywood
sortent tous les ans plus de 350 longs métrages) et
son prestige financier (elle abrite la Bourse ainsi que
le siège de nombreuses banques et sociétés
indiennes de premier plan)...
Bombay est la porte de l'Inde mais ce n'est pas
l'Inde. C'est comme New York pour les Etats-Unis :
une ville cosmopolite, un melting-pot d'Indiens du sud
et du nord mais aussi d'étrangers venus des quatre
coins du globe qui perpétuent l'histoire de la
découverte de la ville : les Portugais la
surnommèrent Bom Bahia au XVI ème siècle, pour «
bonne baie », puis les Britanniques lui donnèrent son
nom « Bombay, transformé en Mumbai en 1995 par le
Shiv Sena, un parti ultra-hindouiste de l'état du
Maharashtra. Qu'importe le changement de nom :
Mumbai/Bombay méritait bien une semaine de
programmes !

Des archives pour raconter l'histoire du pays avant et
après l'indépendance, des débats pour éclairer les
problématiques de la ville, métaphore de l'Inde
moderne : urbanisation croissante, imbrication de la
politique et des religions, changements sociaux,
bouleversements économiques et représentations de
la ville sur le grand écran ou dans la littérature.
Documentaires enfin qui plongent dans la foule des
habitants de Bombay. Dans la foule des histoires, des
cris, des rires, des douleurs et des couleurs. Car à
Bombay, tout est mélangé, mixé. D'où le titre de la
série. Bombay Mix. A la radio, ça s'écoute ! Dans la
rue de Bombay, ça se mange ! C'est un savoureux
mélange de piments, d'oignons, de coriandre, de
citron, de vermicelles et de pommes de terre. Spicy !
Epicé ! Comme ce programme...

Du lundi 27 juillet au vendredi 31 juillet de 9h00 à 12h30 Vous ferez donc connaissance avec Françoise Roditi, une
Française qui vit à Bombay depuis 30 ans et qui joue de la flûte
presque aussi bien que son maître Pandit Hariprasad Chaurasia,
avec le jeune écrivain Altaf Tyrewala qui a publié un portrait
éclaté de la ville dans 'Aucun dieu en vue' chez Actes Sud, sans
oublier Gopala Krishnan, l'un des grands directeurs de la firme
Tata, émerveillé devant leur dernière production, la Nano, la
voiture la moins chère du monde, et aussi avec le producteur
de vin Rajeev Samant qui se réjouit que les Indiens ne boivent
pas seulement du thé, de la journaliste Sonia Faleiro qui a
enquêté dans les quartiers chauds de la ville sur la trace de
l'argent sale, ou encore de la documentariste Paromita Vohra
qui a consacré un film aux toilettes de Bombay et aussi... aux
mariages d'amour... Toutes ces voix, se mêlent et se répondent
et dessinent une ville moderne, où les ragas de sitar
disparaissent dans les klaxons des voitures dans lesquelles
chante à tue-tête une jeunesse qui connaît par coeur les
derniers tubes de Bollywood.

Michel Pomarède

Producteur de documentaires à France Culture depuis 1997.
Après le Japon, l'Amérique latine, l'Afrique, qui ont donné lieu
à la diffusion sur France Culture de “grandes traversées” les
étés précédents, il est reparti vers ses anciennes amours
indiennes : avant d'entrer à la radio, il a en effet vécu deux ans
à Bombay, entre 1994 et 1996.


Avec Duras



Du lundi 3 août au vendredi 7 août (+ redif). Une série produite par Laure Adler et réalisée par Jean-Claude Loiseau.

Marguerite Duras est morte il y a treize ans nous laissant une centaine
de livres, des dizaines de films et de pièces de théâtre.
Aujourd'hui, elle est jouée sur les scènes internationales,
des rétrospectives de ses films sont organisées en Europe,
à la rentrée, trois livres vont être publiés dévoilant de
nouveaux pans de sa vie, notamment l'existence d'un texte
inédit daté de 1942, intitulé 'Caprice' et deux pièces de
théâtre vont être créées à l'automne prochain. Avait-elle
donc raison, après le succès immense que fut 'L'Amant', de
dire d'elle-même : on n'en aura jamais fini avec Duras ?
Cette série souhaite, avec le recul permis par le temps, de
faire l'itinéraire d'une femme engagée dans son siècle ainsi
que la cartographie de son oeuvre prolifique et
multidisciplinaire.

Le point de vue adopté ici : Duras vue d'ailleurs.
Comment par exemple des écrivains étrangers ont perçu,
compris et quelquefois ont vu leur vie se transformer grâce
à Marguerite Duras :
Enrique Vila Matas, Atiq Rahimi, Thuân, Doan Cam Thi,
Monic Robillard, Danielle Laurin, Pham Tuong Van
et Pia
Forsgren
.
Nous sommes allés au Cambodge, sur les lieux où la mère
de Marguerite Duras a cru faire fortune en exploitant une
immense rizière, aventure que Duras a retranscrit vingt ans
après dans son livre qui a frôlé le Goncourt : 'Barrage contre
le Pacifique'.
Nous avons, au Canada, rencontré des femmes qui ont vu
leur vie bouleversée, par la présence en 1987 et l'oeuvre
de Marguerite Duras : elle jouit là-bas encore aujourd'hui
d'une véritable idolâtrie.
En Suède, nous avons pu assister à une mise en scène
révolutionnaire, dans le théâtre juif de Stockholm, de sa
pièce écrite après le désespoir de la fin de mai 1968, 'Abahn
Sabana David', et constaté, qu'il y a deux mois encore, le
théâtre, dirigé autrefois par Bergman, faisait salle comble
avec 'La Douleur' montée par Patrice Chéreau.
Au Vietnam, nous avons pu visiter la maison de 'l'Amant' à
Sadec, qui vient d'être ouverte au public, après avoir été
pendant longtemps transformée en poste de police : ce lieu
est transformé en musée où, par-delà le temps, Marguerite
Duras est enfin avec l'Amant.
Dans notre périple, nous avons affronté plusieurs mystères :
au Cambodge, un ami de son frère nous a affirmé que la mère
de Marguerite vivait là-bas avec un Chinois, au Vietnam, nous
avons vu la tombe de l'Amant, mais celle de son épouse
reste vide, en France, nous avons cherché désespérément
Yann Andréa et, malgré notre enquête et nos guets rue
Saint Benoît et au Flore, nous n'avons pu le rencontrer.
Nous avons aussi appris, grâce à Monique Antelme que,
contrairement à ce que Marguerite disait, Robert Antelme
n'a plus souhaité la voir après la publication de 'La Douleur'.
Notre recherche fut longue et compliquée. Tout ceci est
normal puisque nous sommes dans l'univers de Duras où le
secret, l'énigme, l'obscur, les affinités secrètes règnent.
Duras croyait en effet à l'étanchéité entre le réel et
l'imaginaire, à la présence des lieux, au passé qui
envahissait le présent, à la force de l'inconscient, à ce
qu'elle nommait le bloc noir, l'art poétique qui nous
habiterait tous.

Dans ce voyage, nous découvrons
plusieurs Marguerite Duras qui
structurent cette série d'émissions.
Emission I : L'Amante ,
Emission II : La Guerrière ,
Emission III : La Radicale ,
Emission IV : La Sorcière ,
Emission V : La Camarade.
Chaque matinée comporte des
archives, un documentaire, un débat :
- Emission I : Thuân et Thi, des jumelles
vietnamiennes éprises de Duras, nous
la font découvrir autrement
- Emission II : dialogue entre deux exilés
qui ont appris le français grâce à
Marguerite Duras : Atiq Rahimi et
Enrique Vila Matas
- Emission III : Claude Régy, Christine
Letailleur, Michael Lonsdale : la mise en
abyme du théâtre
- Emission IV : Claire Denis, Benoit
Jacquot : en cas de film , le cinéma de
Marguerite Duras
- Emission V : Monique Antelme, Maurice
Nadeau, Edgar Morin : la Résistance.

Chaque jour à midi, une mise à nu de
Marguerite Duras par Dominique
Noguez et, en guise de dernière
séquence, une Marguerite Duras
inattendue, en plein travail, en plein
questionnement.
Décidément, Marguerite ne cesse de
nous étonner. En aura-t-on jamais fini
avec son oeuvre ?

Ont participé à cette émission :
Monique Antelme, Marianne Alphant, Jérôme Beaujour, Sophie Bogaert,
Frédéric Boyer, Olivier Corpet, Vincent David, Claire Denis, Arielle Dombasle,
Pia Forsgren, Patrick Grainville, Dominique Issermann, Benoît Jacquot, Kiem,
Danielle Laurin, Christine Letailleur, Luc Mogenet, Edgar Morin, Maurice
Nadeau, Dominique Noguez, Paul Otchakovsky-Laurens, Rithy Panh, Michelle
Porte, Claude Régy, Emmanuelle Riva, Monic Robillard, Sandrine Sanson,
Jean-Marie Straub, Xavier Vuillermet, Eric Vigné, Jean Vallier et Michael
Lonsdale
.

Laure Adler

Titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un doctorat d'histoire, Laure Adler commence
sa carrière à France Culture en 1974 en tant que journaliste puis participe à plusieurs
émissions de télévision. En 1990, elle est nommée chargée de mission à l'Elysée pour la
culture, avant de devenir en 1992, directrice des documentaires et des émissions
culturelles sur France 2 et conseillère à la présidence de France Télévisions. Elle intervient
dans des magazines historiques ou culturels à succès à la télévision comme à la radio. De
1999 à 2005, Laure Adler dirige France Culture. Elle continue aujourd'hui à animer des
émissions télévisées sur ARTE, TV5 et radiophoniques sur France Culture et France Inter.
Son parcours la conduit également dans le milieu de l'édition où après avoir collaboré
avec les éditions Payot, Denoël et Plon, elle entre en 1997 chez Grasset en tant que
responsable des essais et documents. Ecrivaine, elle est l'auteure de plusieurs ouvrages
historiques, notamment Les premières journalistes (Payot), Les femmes politiques (Seuil),
Sur les pas d'Hannah Arendt (Gallimard), et d'une biographie de Marguerite Duras
(Gallimard) pour laquelle elle a reçu le Prix Femina de l'essai.


Vents d'Est 1945-1989



Du lundi 10 août au vendredi 14 août. Une série conçue par Jean-Pierre Thibaudat, produite par Laetitia Cordonnier et Jean-Pierre Thibaudat
et réalisée par Marie-Ange Garrandeau.


On fête cette année les vingt ans de nombreux événements de 1989.
Cette année-là fut celle de la chute du mur de Berlin mais tout autant celle qui ébranla, jusqu'à le faire imploser, tout le Bloc
de l'est. Les pays du pacte de Varsovie mais aussi la Roumanie de Ceausescu.
L'Allemagne a été réunifiée, la Pologne, la Hongrie, la Tchéquie et la Roumanie ont fait leur entrée dans l'Union européenne.
L'histoire de ces pays à l'Est de l'Europe a été si riche, si mouvementée depuis vingt ans qu'on a un peu oublié ce qu'ils furent
au temps du bloc.
C'est ce que cette 'Grande traversée' souhaite raconter. Faire revivre et retour sur cette période dont les nouvelles générations
n'ont le plus souvent qu'une vague idée.
Une traversée qui, dans sa partie documentaire-reportage, traversera chaque jour l'ensemble des cinq pays choisis : Pologne,
Tchéquie, Allemagne de l'Est, Hongrie, Roumanie
.
Comme toute Grande traversée de la grille d'été de France Culture, Vents d'Est 1945-1989 sera diffusée chaque matin pendant
une semaine de 9h à 12h30 et se décline en plusieurs moments :

9h-10h. Un montage de documents d'archives centré sur des faits marquants qui vont de la fin de la guerre et de la constitution
du bloc de l'Est jusqu'à son éclatement en 1989. Après une entrée en matière le premier jour - de la conférence de Yalta au pacte de Varsovie —, sont égrenées des années
charnières :

• Les événements de 1956 en Hongrie (et en Pologne),
• Le printemps de Prague en 1968,
• L'épopée de Solidarnosc dans les années 80
• Et enfin le timing infernal de l'année 1989 fêtant à sa
manière le Bicentenaire de la Révolution de 1789

10-11h. Des tables rondes préparées par Véronique Soulé et
animées par les producteurs de l'émission. Se succèdent cinq
problématiques :

•Le rôle de l'émigration : Pont ? Passerelle ?
•Le regard trouble de l'Ouest : favorable au statut quo ou une
Europe soutenant l'opposition ?
• L'année 1968 en Europe :retrouvailles ou fossé qui se creuse ?
• L'instrumentalisation des archives, ou ce passé qui ne passe
pas ?
• Les 'révolutions' de 1989, une série d'énigmes
Avec des chercheurs, acteurs et spécialistes de ces questions :
Mihna Berindei, Aleksander Smolar, Pierre Kende, Jean-Yves
Potel, Georges Mink, Jacques Rupnik, Krysztof Poimian, Sonia
Combe
et Véronique Soulé

11-12h. Des reportages croisés effectués en ex-Allemagne de
l'Est, Hongrie, Pologne, Tchéquie, Roumanie. Selon cinq axes,
un par jour. Successivement :

• La vie quotidienne
• Le Parti (communiste) est partout
• Vivre en dissidence
• Un temps pour la culture
• Les vents d'ouest

12h-12h30, un grand témoin qui fera retour sur lui-même
lorsqu'il traversa ces années-là et dira ce qu'il lui en reste.
Successivement :

• L'Allemand Matthias Melster, ancien détenu de la Stasi
• Le cinéaste hongrois Miklos Jancso
• L'écrivain polonais Adam Zagajewski
• La cinéaste tchèque Véra Chytilova
• L'intellectuel roumain Mihai Oroveanu (directeur du Musée
d'Art contemporain à Bucarest).

Jean-Pierre Thibaudat

Journaliste et écrivain. Après de
nombreuses années passées à
Libération (chroniqueur de théâtre,
correspondant à Moscou, grand
reporter), il tient aujourd'hui un blog
sur Rue89.com, théâtre et balagan, et
est conseiller artistique pour le festival
Passages à Nancy.
Dernière publication :
'Le roman de Jean Luc Lagarce' (Les
solitaires Intempestifs). Pour France
Culture a produit plusieurs “A voix
nue” (Svetlana Alexievitch, Serge
Merlin) ainsi que trois “Surpris par la
nuit” sur la vie littéraire en Russie il
y a quelques années lorsque la Russie
était l'invitée d'honneur du Salon du
livre.

Laetitia Cordonnier

Productrice de la Grande traversée
“Nouvelle-Calédonie, terre de défis”
diffusée sur France Culture l'été 2008,
elle fut collaboratrice des « Matins de
France Culture » de 2005 à 2008.
Laetitia Cordonnier est diplômée des
Langues orientales et de Sciences-Po
(Paris), et titulaire d'un DESS de
journalisme européen (Bruxelles).
Aussi et surtout, elle partage avec
Jean-Pierre Thibaudat le même goût de
l'Est. Cet été, elle emboîte le pas de la
Grande traversée qu'il avait imaginée
pour France Culture.


Simenon, écrivain voyageur et déménageur



Du lundi 17 août au vendredi 21 août de 9h00 à 12h30
une série produite par Pierre Assouline et réalisée par Yvon Croizier.


Ecrivain voyageur et déménageur, mais
pas l'un sans l'autre ! Georges Simenon
doit déjà se traîner depuis des décennies
la fausse réputation d'auteur de romans
policiers alors que les enquêtes de
Maigret ne représentent qu'un tiers de
son oeuvre , s'il doit en plus incarner la
version wallonne du travel writer, le
malentendu sera complet. La postérité
serait ainsi d'autant plus injuste avec
Georges Simenon qu'il n'a pas attendu
labels et festivals pour être un écrivain qui
voyageait et déménageait. Beaucoup
même. Mais jamais avec des collègues de
bureau. Depuis qu'il a quitté son quartier
natal d'Outremeuse à Liège vers l'âge de
20 ans, tout juste « achevé d'imprimer »,
il n'a pas cessé de bouger. Né sous le
signe de l'excès, il ne tenait pas en place.
Il allait là où sa curiosité le portait, à la
campagne plutôt qu'à la ville, loin des
salons.
Ici comme là-bas, il s'est contenté d'être
lui-même sous toutes les latitudes,
s'imprégnant en s'imbibant pour mieux
régurgiter trois ans plus tard sur le papier
odeurs, couleurs, émotions, choses vues.
Quand il ne voyageait pas, il déménageait.
Trente trois fois d'un pays l'autre, parfois
d'un continent l'autre. Cela ne lui inspira
aucune théorie sur la littérature-monde.
Juste le sentiment de sa profonde et
durable instabilité.

Voilà pourquoi à la veille du vingtième anniversaire de sa
disparition (le 4 septembre), Pierre Assouline, journaliste,
écrivain et auteur d'une biographie de Georges Simenon,
propose, dans cette série réalisée par Yvon Croizier, de suivre
le grand romancier dans ses pérégrinations sur ses lieux même.
Cinq matinées, cinq lieux : Liège, Paris, la France, l'Amérique, la
Suisse
.
Une Grande traversée en compagnie de simenoniens, de
simenophiles et de simenolâtres, tels que Bernard de Fallois,
Edouard Molinaro, Didier Daenninckx, François Sureau, Paul
Mercier, Michel Lemoine, Alain Bertrand, John Simenon, Alain
Demouzon, Patrice Lecomte, Bertrand Tavernier, Claude
Gauteur, Lina Chavier, Dominique Michonneau, Henri-Charles
Tauxe, Jean-Denis Boussart, Raphaël Sorin, Jacques Dubois,
Patrick Raynal, Jean-Baptiste Baronian, Paul Giannioli, Bernard
Pivot, Giulio Minghini, Michel Carly, Jean-Louis Dumortier,
Laurent Demoulin
...

Pierre Assouline

Journaliste et écrivain, a signé l'an dernier une Grande
traversée intitulée “Un autre de Gaulle” sur France Culture,
auteur d'une biographie de Simenon (Folio) qui fait autorité, et
publiera à la rentrée un Autodictionnaire Simenon (Omnibus).


Mexico : délires et raisons



Une série produite par Dominique de Courcelles et réalisée par Angélique Tibau.

A l'ombre terrifiante et burlesque de la pandémie imaginée
et évitée, la ville de Mexico, comme un monstre qu'il s'agit
de charmer et d'apaiser, respire, hésite, doute, éclate
d'humour et de rire sans joie. Cité réelle ou cité
métaphorique ? Celle des habitants de la ville ou la nôtre ?
Imaginons que nous avons construit une cellule de crise,
comme une bouteille de verre dans les flots furieux d'un
océan primordial, à l'heure d'un changement de monde ou
du passage d'un monde à un autre. Ce sont les quinze
heures de l'émission. Ici s'expriment au passé, au présent
et au futur des personnes, hommes et femmes de la ville
de Mexico et du Mexique, les plus divers, célèbres et
inconnus, riches et pauvres, malades ou en bonne santé,
de tel ou tel parti politique, et nous-mêmes qui les
écoutons, qui participons à leur discours. Tous sincères à
leur manière propre.

Episode 1 : Perspectives de géopolitique. Mexico, au
Mexique, par rapport aux Etats-Unis, par rapport à
l'Amérique Latine, dans le monde, s'éprouve au quotidien
entre Nord et Sud, richesse et misère, tolérance et violence
extrême. L'Etat mexicain sort-il véritablement grandi de la
crise qui vient de le frapper, alors qu'on parlait uniquement
jusqu'à présent de son incapacité à lutter contre la
corruption ou contre le crime organisé ? Le Mexique est un
Etat frontière, aux points de vue politique, économique,
culturel, humain , un Etat entre deux, un Etat où la
transgression —,ou passage- est structurellement pratiquée.

Episode 2 : La mégalopole de Mexico, fondée sur l'ancienne
Tenochtitlan dans une cuenca endoréique à environ 2 200m
d'altitude, entre des volcans qui culminent à plus de 4 000m,
a perdu ses lacs et ses rivières. A la fois urbaine et rurale, elle
est aujourd'hui peuplée de presque 24 millions d'habitants.
Ses sols s'enfoncent, les tremblements de terre qui la
secouent presque quotidiennement sont toujours plus
importants, son air s'est raréfié et corrompu. Ses vergers et
ses potagers, ses champs de céréales et de nopals sont
irrigués d'eau empoisonnée et elle est submergée d'ordures
liquides et solides, ce qui met en grave péril la vie des
habitants. Elle est au bord de la catastrophe annoncée.

Episode 3 : Si le Mexique fait partie des pays membres de
l'OCDE, c'est aussi un pays dont les réalités sociales sont
souvent bien éloignées de celles des autres pays membres de
l'OCDE. La fracture sociale est considérable et ne cesse de
se creuser. L'impossibilité de l'existence de classes moyennes
est dramatique et est renforcée par la crise qui tend à
aggraver dans le monde entier les inégalités, au risque de
mettre le monde en feu. La question de la corruption, la
question de l'éducation, la question de l'accès aux soins de
santé, la question indigène, la question des minorités
sexuelles sont parmi les questions sociales les plus graves,
sans oublier le droit à un travail décent, le droit à une juste
rémunération.

Episode 4 : Les sensibilités religieuses sont diverses dans ce
pays qui a été l'un des plus farouchement attachés à la laïcité
dans une histoire récente. Si la laïcité est toujours
revendiquée au nom de la lutte contre l'obscurantisme et
contre l'arbitraire religieux et moral de l'Eglise, des
attachements à de nouvelles expressions des croyances se
font jour , les sectes se développent dans les quartiers de
Mexico et dans les régions du Mexique les plus défavorisés,
les pratiques de chamanisme sont importantes mais en
général gardées secrètes, les communautés de base
chrétiennes permettent de nouvelles appropriations et
interprétations du christianisme.

Episode 5 : Dans un monde en crise, dans un Mexique
politiquement et socialement déchiré, la culture considérée
dans toute son ampleur contribue à donner aujourd'hui aux
Mexicains leur identité, à affirmer leur créativité et leur
originalité, leur confiance en la vie. Les oeuvres du cinéma, de
la littérature, des arts plastiques permettent d'exprimer les
délires et les raisons d'un désastre toujours annoncé, mais qui
n'arrive pas. Pas encore. Car au Mexique, à Mexico, entredeux,
à l'ombre de la pandémie, on vit et on meurt en même
temps, on vit plusieurs vies, grâce au désastre annoncé et
jamais arrivé.Dominique de Courcelles

Dominique de Courcelles

Directrice de recherche au CNRS, directrice de programme au Collège International de Philosophie, membre de la Academia
Hispanoamericana de Ciencias, Artes y Letras du Mexique. Récemment : Editrice et auteure de l'ouvrage collectif : 'Penser et
créer au Mexique', 2007, Auteure de 'Globale Diversité -Pour une approche multiculturelle du management', 2009. Réalisatrice
du film : “Entre le Feu et l'Eau : Mexico, 2009”.

Par Nicole Salez
Portrait de admin

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