Henri IV, Portraits du Règne - Exposition

Musée Condé de Chantilly

A l'occasion du quatrième centenaire de la mort d'Henri IV, en 1610, le musée Condé du domaine de Chantilly propose une exposition sur le plus populaire de nos rois, à partir de peintures, sculptures, dessins, tapisseries, miniatures, etc. Un point particulier est fait sur le mythe du bon roi Henri IV au XIXe siècle et l'importance que lui donnent les collectionneurs du temps du duc d'Aumale (1822-1897), lui-même grand collectionneur d'art et propriétaire de Chantilly.




A l'occasion du quatrième centenaire de la mort d'Henri IV, en 1610, le musée Condé propose une exposition sur ce personnage essentiel de l'histoire de France à partir de peintures, sculptures, dessins, tapisseries, miniatures, etc. L'exposition permet de retrouver le roi et son entourage à travers des portraits du temps, notamment ses parents (Jeanne d'Albret et Antoine de Bourbon, roi de Navarre) ses deux épouses (Marguerite de Valois, dite la reine Margot, et Marie de Médicis), ses compagnes (Gabrielle d'Estrées) ou ses ministres (Sully), et de retracer les temps troublés des Guerres de Religion, de la Saint-Barthélémy et de la Ligue.

Un point particulier est fait sur le mythe du bon roi Henri IV au XIXe siècle et l'importance que lui donnent les collectionneurs du temps du duc d'Aumale. Les oeuvres du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle voisinent donc avec des commandes du XIXe siècle.



Parcours de l'exposition

Suivant un ordre chronologique, l'exposition évoque l'enfance d'Henri de Navarre, illustrée
notamment par des portraits de Clouet figurant ses parents, Jeanne d'Albret et Antoine de
Bourbon, ou encore par une statue du jeune garçon signée Odiot. Les partis politiques en lice
et leurs grandes figures (l'amiral de Coligny, le duc de Guise Henri de Lorraine...), la Saint-
Barthélemy
, les guerres de religion (1572 —, 1589) et enfin la période de règne sont ensuite mis
en lumière par des tableaux ou des dessins, mais aussi des gravures, des cuivres, des
miniatures... La mise en place de l'iconographie royale (tableaux de Pourbus, monnaies et
médailles...), la présence des femmes aux côtés de celui que l'on surnomme le Vert-Galant
(portrait de Gabrielle d'Estrées l'une de ses favorites ou encore portrait de famille avec Marie de
Médicis, sa seconde épouse...), le renouveau culturel du royaume autour du ministre Sully
(portraits de Sully, de Montaigne, grands travaux...), complètent cette évocation de l'univers du
souverain. Le parcours accorde un moment particulier à l'attentat du 14 mai 1610 et à la pompe
funéraire
produite alors, un mannequin de cire polychrome exposé aux yeux des parisiens au
Louvre, avant les cérémonies rendues à la Basilique Saint-Denis. Un ultime développement
explore la construction et l'évolution de l'image du roi, qui fait l'objet, dès le XVIIIe siècle, d'un
véritable culte notamment entretenu par les légitimistes au temps du retour des Bourbon sur le
trône. Au XIXe siècle, le duc d'Aumale se passionne pour son ancêtre et lui consacre une partie
de ses collections : il rassemble des oeuvres historiques ou commandées à ses contemporains,
constituant ainsi l'une des plus belles collections de portraits peints
et dessinés de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle.

Avec au total plus d'une centaine de pièces réunies, dont
certaines exceptionnellement prêtées par le musée du
Louvre, la Bibliothèque Nationale de France, le château
d'Ecouen, le musée Granet d'Aix-en-Provence ou encore des
collectionneurs particuliers, l'exposition du musée Condé
apporte un nouvel éclairage riche d'enseignements tant sur la
personnalité du roi que sur la construction de la « légende
d'Henri IV ».


Questions à Nicole Garnier, conservateur général du patrimoine,
chargée du musée Condé

Pouvez-vous nous expliquer quels sont les liens entre Henri de Navarre (puis
Henri IV) et Chantilly ?


Le roi Henri IV est un familier du lieu, qui est situé près de Verneuil-en-Halatte, château
d'Henriette de Balzac d'Entraigues, marquise de Verneuil. Pour Henri IV, Chantilly est « la
plus belle maison de France, et plus belle que les siennes » , il s'y rend fréquemment chez
« son compère » le connétable Henri Ier de Montmorency (1534-1614) , il vient y chasser en
mars en 1602, 1607, 1608 et 1609, et veut même lui échanger Chantilly contre l'un des
châteaux royaux ! Mais le compère a pour réponse : « Sire, la maison est à vous, mais que
j'en sois le concierge ».

Il souhaite aussi marier la fille qu'il a eue de Gabrielle d'Estrées,
Mademoiselle de Vendôme, à Henri, le fils du connétable, qu'il a
tenu sur les fonts baptismaux, tandis que son dernier amour est la
fille du connétable, Charlotte-Marguerite, alors âgée de quinze
ans.

Par ailleurs, c'est à Senlis qu'il publiera l'édit qui est diffusé lors de
la prise de Paris en 1594 et dont un exemplaire rarissime est à
Chantilly , dans ce document, le roi assure de l'amnistie les
Ligueurs prêts à se repentir.

Chantilly, propriété de l'Institut de France, dispose par ailleurs de
la plus belle collection française de portraits peints et dessinés des
grandes figures de la fin du XVIe siècle et du début du XVIIe siècle,
contemporaines d'Henri IV. Ainsi, dès le temps des princes de
Bourbon-Condé, cousins d'Henri IV, au début du XVIIIe siècle, le
château de Chantilly conserve le buste du roi en cire polychrome
attribué au sculpteur Guillaume Dupré.

Comment expliquez-vous en effet la présence de tant d'oeuvres et objets liés à
Henri IV au musée Condé ?


Henri d'Orléans, duc d'Aumale, fils du roi Louis-Philippe et donateur de Chantilly à l'Institut de
France, lui voue un véritable culte , il collectionne les portraits du premier roi Bourbon, son
ancêtre en ligne directe, ainsi que de ses contemporains, et commande à Claudius Popelin et
à Marqueste des effigies du roi guerrier dont il se présente comme le filleul.

Il place le buste du roi par Marqueste dans le vestibule
d'honneur du château avec sa devise : « De bon roi, bon heur »
et dans la première pièce de ses appartements l'émail de
Popelin représentant le roi équestre.

Au total, le musée Condé conserve seize portraits du roi, que ce
soit en peinture, sculpture, dessin, miniature, tapisserie, émail,
sans compter plusieurs dizaines de gravures du temps : toutes
les techniques sont représentées. On peut comprendre pourquoi
une exposition sur Henri IV s'imposait à Chantilly pour célébrer
le quatrième centenaire de sa mort !

Une part importante de l'exposition est consacrée à la pompe funéraire.
Pouvez-vous nous parler de ces productions aujourd'hui peu connues du public ?


Au Moyen-Age et à la Renaissance, il était habituel de présenter le corps du roi à la foule des
Parisiens. La dernière fois où ce rituel a été mis en place, c'est précisément après la mort
d'Henri IV en mai 1610, entre l'attentat de Ravaillac et les funérailles à la basilique Saint-
Denis. Les sculpteurs réalisaient alors des mannequins dont les visages de cire devaient
évoquer la personne du roi avec réalisme.

A la mort d'Henri IV, comme le montrent deux gravures du temps
qui sont exposées, trois sculpteurs du roi, Guillaume Dupré,
Michel Bourdin et Mathieu Jacquet participèrent à une sorte de
concours pour cela.

Chantilly a la chance de conserver depuis le début du XVIIIe
siècle une cire polychrome attribuée à Guillaume Dupré, qui
pourrait être en rapport avec cette pratique. Pendant l'exposition,
sont confrontés pour la première fois les trois bustes en cire
polychrome d'Henri IV conservés au musée Condé de Chantilly,
au musée Carnavalet de Paris et au musée Granet d'Aix-en-
Provence, et qui ont fait l'objet d'une analyse scientifique au
C2RMF (Centre de Recherches et de Restauration des Musées
de France) dans les laboratoires du Louvre.

Quelles sont les autres pièces remarquables de
l'exposition ?


L'exposition est aussi un prétexte pour voir ou revoir les
merveilleux portraits peints ou dessinés de Clouet, qui sont
conservés à Chantilly. Le premier secteur de l'exposition, qui est
chronologique, montre les parents du roi de Navarre, Jeanne
d'Albret et Antoine de Bourbon, par François Clouet (mais
Antoine de Bourbon est aussi représenté sur un émail de
Léonard Limosin), et sa belle-famille : sa belle-mère la reine
Catherine de Médicis, sa première épouse la reine Margot, ses
beaux-frères les rois Charles IX et Henri III.

On trouve aussi des portraits de l'amiral de Coligny, du duc de
Guise et des maîtresses du roi, comme la belle Gabrielle
d'Estrées.

Enfin, des objets évoquant des Guerres de Religion sont
également exposés, notamment un fragment de la cloche de
l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, celle-là même qui sonna la
Saint-Barthélémy.



Henri IV a fait l'objet d'un véritable mythe... En
quelques mot, pouvez-vous nous dire comment évolue
l'iconographie du roi dans l'histoire de l'art ?


Sitôt après sa mort, Henri IV, très controversé de son vivant, est
regretté des Français. Par la suite, au début du XIXe siècle,
après la Révolution, le premier roi Bourbon, incarnant l'union des
Français, devient le plus populaire de nos rois, et le symbole de la monarchie retrouvée sous la
Restauration. De nombreux peintres et dessinateurs s'emparent de son image, on le
représente aussi bien enfant (statuette en argent par Odiot d'après le modèle de Bosio - Salon
de 1822) qu'âgé, en rude soldat cuirassé (bronzes de Marqueste, émail de Popelin) ou sous
les traits du Vert-Galant.


- 12 mai —, 16 août 2010
- Musée Condé de Chantilly (Galerie des Cerfs, Galerie de Psyché et Cabinet des Livres)-
www.chateaudechantilly.com -
Château
60500 Chantilly -
03 44 62 62 82
- Accès : Chantilly est à moins d'une heure de Paris et à vingt minutes de l'aéroport Roissy-Charles-
De-Gaulle , autoroute : A1, sortie n°7 Chantilly en venant de Paris , A1, sortie n°8 Senlis en
venant de Lille, A16, sortie Champagne-sur-Oise , train et RER : Gare du Nord SNCF Grandes
lignes (25 minutes) ou Châtelet les Halles RER ligne D (45 minutes) (arrêt : Chantilly-Gouvieux).
- Visites guidées à travers l'exposition :
Les samedis
3, 10, 17, 24, 31 juillet,
7, 14 août
à 11h.
Sans supplément.

Cette exposition est organisée dans le cadre de la célébration nationale du quatrième centenaire de la mort du roi.
-------------------------------------------------------------------------------------------
Lire également :

- Chantilly : 'Il faut tuer le roi.'
- Les Femmes, Henri IV, Paris
- Henri IV - Jean-Pierre Babelon



Par Nicole Salez

Portrait de admin

Ajouter un commentaire