Une parentalité à visage quasi unique mais, cependant, le frémissement de nouveaux modèles, telle est le résultat de l'analyse des comportements des salariés français en matière de responsabilités familiales figurant dans le rapport portant sur 'l'égal accès des femmes et des hommes aux responsabilités familiales', remis le 7 juin 2011 par Brigitte Grésy, inspecteure générale des affaires sociales, à la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale.
1. Une paternité discrète : le recours aux congés familiaux
Le succès du congé de paternité et l'invisibilité des pères dans les autres congés liés aux enfants
- Plus de deux tiers des pères (68%), pendant 11 jours en moyenne avec un taux de recours dépendant d'un effet de génération (plus centré sur les 30-40 ans), de l'importance du niveau de salaire et du secteur d'activité du père (87% dans le secteur public, 68% pour le secteur privé, 22% pour les indépendants (22%)), de l'activité professionnelle de la mère et l'âge de l'enfant.
- 4% de pères bénéficiaires du CLCA (travaillant majoritairement dans le secteur de l'éducation, de la santé et de l'action sociale, travail selon des horaires atypiques, conjointe au statut socioprofessionnel plus élevé) , 12% dans le congé de présence parentale.
2. Une paternité dissymétrique : le partage des responsabilités familiales et professionnelles
Dissymétrie dans le partage des responsabilités familiales
- La répartition du travail ménager : 3% de plus pour les hommes entre 1986 et 1999 (enquête emploi du temps INSEE), soit un tiers du travail ménager, et 20% pour le noyau dur (courses, cuisine, vaisselle, linge, soins matériels aux enfants). Le déséquilibre est accentué par l'arrivée d'un enfant ,
- Le partage du temps parental : une quarantaine d'heures par semaine qui repose aux deux tiers sur les mères. La charge parentale partagée entre deux adultes correspond à plus qu'un travail à mi-temps. Les pères en couple consacrent 1h20 par jour aux activités parentales quand ils ont un enfant de moins de trois ans contre trois heures pour les mères.
Dissymétrie dans la prise en compte des responsabilités professionnelles
Des réponses différentes à l'arrivée d'un enfant : 6% des hommes vivent un changement dans leur situation professionnelle pour près de 40% des femmes et de grandes différences de taux d'emploi des hommes et des femmes avec de jeunes enfants (92,5% contre 73 % pour un enfant et jusqu'à 50 points d'écart pour trois enfants).
Des anticipations et des arbitrages différents tout au long de la vie professionnelle :
- une inégale projection dans la carrière : une plus grande importance donnée par les femmes à la commodité des horaires (26% contre 10%) et une préférence des hommes pour le
niveau de salaire et les perspectives de carrière (80% contre 64%) ,
- un escalator de verre pour les hommes : corrélation positive entre le nombre d'enfants et le
niveau de responsabilités exercées pour les pères et négative chez les femmes
- une non mise en danger de leur carrière par les pères.
3. Une paternité dissuadée : le rôle des employeurs et des tiers
Une dissuasion de la part des employeurs
- Un accès à des formules d'aménagement du temps moins facile pour les hommes que pour les femmes (27% des femmes obtiendraient le temps partiel sur simple demande contre 14% des hommes) ,
- Des injonctions liées à la carrière plus fortes pour les hommes.
4. Une paternité différemment assignée : les systèmes de représentation
Une double assignation: hommes et femmes font l'objet, depuis l'enfance, d'assignations différentes en matière de rôles parentaux qui créent, pour chaque sexe, enfermement et résistances : celle des femmes qui ne veulent pas lâcher le pouvoir sur l'enfant, et celle des hommes qui répugnent à prendre en main des tâches dites féminines ,
La persistance d'une matrifocalité et un « paternage» de loisir et d'appoint : toute puissance de la compétence maternelle, qui éloigne le père et renforce les relations d'exclusivité entre la mère et l'enfant et une paternité revendiquée dans le dire mais peu dans le faire. La grande différence entre hommes et femmes réside dans la temporalité : constance et durabilité pour l'implication féminine, investissement plus souvent temporaire et occasionnel pour les hommes.
5. Une paternité revendiquée : des aspirations nouvelles
De nouvelles pratiques : une participation des pères à l'accouchement de l'ordre de 80 %, un rapprochement entre le père et le petit enfant, une place nouvelle accordée à l'équilibre entre responsabilités familiales et professionnelles, le rôle de la garde alternée , le rôle des grands-pères ,
Une typologie nouvelle de pères qui concrétise la diversité des modèles : une valorisation forte de la paternité et l'émergence du modèle de deux apporteurs de revenus et deux apporteurs de soins (20% de pères égalitaires).
- Responsabilités familiales : Pour un égal accès des femmes et des hommes
- Des mutations et nouveaux enjeux
- Les entreprises : un nouvel acteur mais inégalement investi
- La parentalité tout au long de la vie
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