Le 25 septembre 2011 se déroulent les élections sénatioriales. Un tiers des membres de la haute Assemblée sera renouvelé. Gisèle Prévost a suivi Madeleine Dubois qui brigue un mandat en Haute-Loire. Journal de campagne.

Nous sommes à la mi-août, les élections ont lieu dans un mois, le 25 septembre. La France est en vacances. Ici l'activité bat son plein. Madeleine est décidée à rencontrer la plupart des quelque 720 grands électeurs, maires et délégués, qui élisent les sénateurs. Elle veut les entendre, les écouter, noter leurs besoins, leurs projets, pour être à leur côté le moment venu, les accompagner dans leurs actions. C'est le rôle d'un élu au Parlement. Et dans un département rural, les communes ont le sentiment que tout est pensé pour les grandes villes, elles se sentent abandonnées.
Vendredi 19 août. Diner amical chez un maire à l'Ouest du département avec sa femme avec quelques amis. Un petit âne est né il y a peu, tout le monde veut le caresser.

On parle des nouveaux terrains de foot synthétiques, chers mais plus durables. Ils demandent beaucoup moins d'entretien et permettent de jouer même quand il gèle, ce qui est fréquent dans ces contrées rudes en altitude. Permettre aux jeunes de rester vivre à la campagne tout en bénéficiant d'équipements de qualité est une obsession partagée par Madeleine. Cuisine délicieuse avec les produits du pays, terrine de lapin, pigeons fermiers et crème brulée. Diner très convivial on se couche fort tard!

Samedi 20 août. Prise de rendez-vous pour organiser les visites de lundi dans les petites communes rurales à l'extrême nord-ouest. Compliqué, car il faut faire de nombreux kms sur des petites routes pour voir tout le monde. L'accueil est bon, on la reçoit volontiers.
Dimanche 21 août. Inauguration d'un four à pain et de sa maison des béates restaurés avec l'aide du conseil général dans le cadre de la rénovation du patrimoine rural. Un très bel édifice avec son toit de lauze que les habitants de quatre villages pourront utiliser pour cuire leur pain ou autres pizzas. Dimanche c'est table ouverte toute la journée dans le gite loué pour la semaine afin d'accueillir famille et amis autour de charcuterie, fromages et pommes de terre du marché, salades du potager. Nous sommes rarement moins d'une dizaine.
Lundi 22 août. Lever 6 h, j'accompagne dans leur tournée Madeleine et son suppléant Paul Bastide, le maire de Saugues. Un homme de terrain posé et réfléchi. A eux deux, ils forment un attelage complémentaire qui donne un sentiment de solidité et de confiance.
Au programme : La Chapelle Geneste (une commune agricole de 150 âmes où ne restent plus que deux agriculteurs dont le maire),
Cistrieres, 150 habitants aussi, Saint Vert, un micro village forestier qui a réussi à faire venir dans des locaux communaux un gite et un bar communal qui a aussi pour mission de livrer à domicile le repas des personnes âgées.
Champagnac-le-Vieux avec ses quinze hameaux, quelques kms plus loin, recrute pour conserver son école. Quelques élèves en moins et c'est fini. Partout dans ce département qui compte de grands territoires et une population disséminée, l'entretien des voies est un problème, tout comme la couverture du téléphone mobile et d'Internet. Pas facile pour communiquer.

A Saint- Hilaire, le maire est une femme. Elles sont 39 sur 260 maires dans le département. C'est peu. 'Certaines femmes élèvent leurs enfants au sein, moi au téléphone portable ', plaisante Marie-Claire Gaudriault. ' Moi avec mes jumelles j'ai un téléphone sur chaque oreille', répond Madeleine en riant. Pour elle, la survie d'un village ce sont les enfants et quand on pense les lois on oublie des détails pratiques : comment,
par exemple, organiser les études de rattrapage du soir quand le ramassage scolaire aux heures habituelles est déjà un casse-tête. 'Il faut une sensibilité rurale'.

A Agnat le maire compte cinq femmes dans son conseil. 'Elles sont volontaires, et quand une femme prend une charge, un engagement, elle les assume mieux, qu'un homme». On ne va pas le contredire !
'Vous les femmes, il y a des choses que vous sentez et que nous ne sentons pas. Nous sommes complémentaires', ajoute le maire de Chassignoles.
A Vezezoux, les commerces ont disparu.
A Azérat un 'multiple rural ' regroupe différents services journaux et petite épicerie.
Certains maires reçoivent un candidat sénateur pour la première fois et aimeraient les voir plus souvent une fois élus. Leur sénateur idéal devra ' être plus proche, avoir une sensibilité rurale'.
Huit rencontres dans la journée, difficile de faire plus si l'on veut prendre le temps d'écouter. Nous rentrons épuisées par la chaleur de cette fin d'été caniculaire. Des appels à passer pour organiser les journées suivantes, des courriers à faire pour informer les électeurs. Demain matin Madeleine et Paul reprennent la route.
Qui a dit que les sénateurs étaient de poussiéreux notables de province un peu plan plan ?

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