L'Afrique à la Fondation Louis Vuitton

« Les initiés. Un choix d’œuvres (1989-2009) dans la collection d’art contemporain africain de Jean Pigozzi » et « Être là. Afrique du Sud, une scène contemporaine » : Focus sur une sélection d’œuvres africaines (photos, peintures, sculptures, installations,...) à travers 2 expositions et un évènementiel consacré à la musique, à la poésie et au cinéma. Une exposition en 3 volets !

1. Les « initiés »

15 artistes emblématiques de la collection d’art contemporain africain de Jean Pigozzi participants d’une exposition itinérante sont montrés pour la première fois à Paris. Jean Pigozzi, collectionneur, a demandé à André Magnin son conseiller, de lui constituer une collection de 1989 à 2009. A. Magnin a traversé le continent africain avec 3 critères en tête pour choisir les artistes : les artistes doivent être d’Afrique noire, y vivre et y travailler. Ils ne seront pas formés par une école ou une académie.

 « L’exposition réunit des œuvres de Frédéric Bruly Bouabré, Seni Awa Camara, Calixte Dakpogan, John Goba, Romuald Hazoumè, Seydou Keïta, Bodys Isek Kingelez, Abu Bakarr Mansaray, Moké, Rigobert Nimi, J.D. ‘Okhai Ojeikere, Chéri Samba, Malick Sidibé et Barthélémy Toguo. »

 

Chéri Samba Né en 1956 (République démocratique du Congo), vit et travaille à Kinshasa.

A 16 ans, il monte un élevage de poissons puis devient peintre illustrateur dans la publicité. C’est en commençant par exposer dans la rue qu’il obtient une première renommée. Son art est autobiographique. Il se représente toujours dans ses tableaux. Il ajoute toujours un texte dans ses tableaux qui porte un message très engagé. Il fait de la peinture à message. Il aborde des questions environnementales comme l’eau. « L’espoir fait vivre » est son adage qu’il propose à tous les Africains. Découvert par André Magnin, il est l’artiste le plus côté du marcher de l’art Africain contemporain

 « L’art ne s’apprend pas. L’artiste doit faire savoir ce qui est en lui ; de toute façon c’est l’artiste qui modifie le monde. » Chéri Samba

Romuald Hazoumé Né en 1962 (Bénin), vit et travaille à Porto-Novo

Sa pratique s’enracine dans l’enfance. Son matériau fétiche : le bidon. Les bidons sont précieux car on transporte l’eau, l’essence qui fait l’objet d’un trafic entre le Bénin et le Nigeria. Les bidons évoquent pour lui la forme de visages. Des visages aux masques, il n’y a qu’un pas à franchir celui de sa culture. Il fait des masques à partir de déchets faisant œuvre de réassemblage et revendant cher ailleurs ! Il souhaite que ces portraits-masques en somme caricaturaux évoquent au visiteur des caractères.

 

"Je suis issu d’une tradition Yoruba où on a toujours fait du Guèlèdé ou du Egoungoun, deux société secrètes de masques. Mon aïeul était un véritable Babalao (prêtre). Je ne fais que perpétuer la tradition entre cette culture et la modernité » Romuald Hazoumé

Seni Awa Camara Née en 1945 (Sénégal), vit et travaille à Bignona.

 « Ma pratique est mystique. Je ne suis pas une artiste quelconque, j’ai reçu un don de Dieu. Seni Awa Camara»

Cette potière enracine sa pratique dans un conte qu’elle invente : Petite elle aurait été enlevée par des gens de la forêt et c’est ainsi qu’elle a appris à sculpter. Pour elle c’est un don de Dieu, sculpter. Son art est issu des visions qu’elle a la nuit. L’image des femmes comme des piliers lui permet d’aborder la vie des femmes en Afrique et de poser le sujet de la polygamie. Jeune elle a été marié et parce qu’elle était stérile, elle a été répudiée. Elle s’est remariée mais comme elle était stérile elle a du vivre avec une autre épouse, donc en tant que co-épouse. De nombreuses femmes doivent subvenir à l’éducation des enfants quand elles sont abandonnées, elles doivent porter la famille, d’ou ses corps à corps montrés dans ses sculptures. Seni Awa Camara vend ses sculptures au village et c’est ainsi qu’André Magnin l’a découverte.

Barthélémy Toguo Né en 1967 (Cameroun), vit et travaille à Paris et Bandjoun

Il a fait les Beaux-Arts d’Abidjan en Côte d’Ivoire et un cursus de Beaux Arts à Grenoble, puis a complété sa formation à la Kunstakademie de Düsseldorf.

L'extraordinaire maîtrise de l'aquarelle chez cet artiste lui permet travailler en très grande  dimension sans perdre en monumentalité et faire appaître comme à travers une loupe, une incroyable finesse, pour exprimer le corps, sa peau. 

2. « Être là »

L’exposition est consacrée à l’Afrique du Sud qui depuis la première Biennale en 1995 d’art contemporain à Johannesburg joue un rôle sur la scène de l’art mondiale. Des artistes appartenant à la période apartheid et post-apartheid, donc des générations différentes qui perçoivent le monde autrement et qui ont été tous formés dans des écoles et des académies sont présentés.

William Kentridge Né en 1955 (Afrique du Sud), vit et travaille à Johannesburg.

 

 « Je pratique un art politique, c’est-à-dire ambigu, contradictoire, inachevé, orienté vers des fins précises : un art d’un optimisme mesuré, qui refuse le nihilisme.William Kentridge »

Kemang Wa Lehulere Né en 1984 (Afrique du Sud), vit et travaille au Cap.

D’origine sud-africaine et irlandaise.

 

Dans le cadre de cette exposition l’artiste a réalisé un dessin monumental à la craie blanche sur tableau noir peint, visible dans le fond de l'image. Son œuvre fait référence aux expropriations et au droit de propriété menés sous le régime de l’apartheid.

Sue Williamson Née en 1941 (Royaume-Uni) vit et travaille au Cap.

Saisissante confrontation de point de vue de deux personnes qui réagissent à l’opposé l’un de l’autre face au drame familial vécu au temps de l’apartheid.

3. Une sélection d’œuvres africaines de la Collection

Rashid Johnson Né en 1977 (Etats-Unis), vit et travaille à New York.

Né à Chicago se forme au Columbia College et à l‘Art Institute de Chicago.

« Tous les matériaux que j’utilise ont un but utilitaire. Le beurre de karité parle du revêtement de la peau et de l’impossibilité d’acquérir une africanité (...) et les livres disséminent l’information. Le but pour tous ces éléments est de se métisser dans un nouveau langage dont je suis l’auteur. Les armatures sont les plateformes de ce métissage, elles existent comme des espaces inconnus à coloniser. » Rashid Johnson

Les commissaires des expositions, Suzanne Pagé et Angéline Scherf avec Ludovic Delalande et Claire Staebler ont su cartographier un état des lieux de la création africaine contemporaine efficace.

A savoir : Des micro-visites gratuites et sans réservation, durée 15 minutes toutes les demi-heures aux points signalés sont organisées et passionnantes.

Je recommande : Dans le cadre des évènements qui touchent à la poésie et la littérature où une carte blanche a été confiée à Alain Mabancou, romancier, essayiste, né en 1966 à Pointe-Noire (Congo-Brazzaville), son dernier essai, Penser et Ecrire l’Afrique aujourd’hui, Seuil 2017.

Caroline Benzaria

Infos pratiques

Exposition ART AFRIQUE, Le NOUVEL ATELIER du 26.04.2017 - 28.08.2017
A la Fondation Louis Vuitton (Bois de Boulogne); site:fondationlouisvuitton.fr @FondationLV #fondationlouisvuitton

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