Sarah Bernhardt « Divine » (1844-1923) au Musée du Petit Palais

Surnommée la « voix d’or »

Retour sur la carrière éblouissante d’une Star de la scène à la silhouette longiligne et atypique !

 

Georges Jules Victor Clairin, Portrait de Sarah Bernhardt, 1876

Georges Jules Victor Clairin, Portrait de Sarah Bernhardt, 1876,
huile sur toile, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris,
Paris, France © Paris Musées / Petit Palais

 

Le saviez-vous ? Son premier rôle fut celui d’un trouvère de 17 ans qui fait la cour à une femme de 30 ans - Un ouvrage de Balzac, « La femme de trente ans » classé dans la Comédie humaine reculait la limite de l’âge canonique de la femme pour aimer.

A 25 ans la carrière de Sarah Bernhardt est lancée. Comment a-t-elle fait ?

 

CITATION : « Monstre sacré »

Terme inventé pour elle par Jean Cocteau

 

Elle triomphe sur les scènes du monde entier : Londres, Saint-Pétersbourg, Rio, Le Caire, l’Australie.

Elle jouera devant les rois, les tsars et les présidents du monde entier.

Napoléon III lui offre une broche sertie de pierres précieuses quand elle se produit aux Tuileries.

En Juin 1879, avec la Comédie Française elle est accueillie avec une immense ferveur par les londoniens. Oscar Wilde est un admirateur. Il écrira pour elle.  Le futur Roi Edouard VII tombe sous le charme.
Dans une des publications de La librairie illustrée, La Caricature titre le 19 février 1881 « Conquête de l’Amérique par Sarah Bernhardt »

 

Photo portrait de  Madame Sarah Bernhardt, c. 1900

W.& D.Downey, Madame Sarah Bernhardt,
c. 1900, épreuve argentique, Paris, Musée d’Orsay
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Alexis Brandt

 

Soutenue par un impresario américain on apprend dans l’exposition qu’il monnaie ses apparitions et qu’elle vend à prix d’or ses effigies à travers des toiles et des statues.

 

Interprète mythique des plus grands auteurs de Racine à Shakespeare…

Grande Prêtresse de la dramaturgie, l’exposition revient sur ses plus grands triomphes où on la voit réapparaître tour à tour en Cléopâtre et jouer l’Aiglon, …

Vous pourrez entendre sa voix et la voir filmée.

Elle détesta se voir filmée.
L’Amérique se précipite pour venir la voir jouer indifférente au texte qu’elle prononçait tant sa présence était magnétique.
Elle tenait son auditoire.

On venait la voir mourir en scène, elle excellait !
 

 

Manteau de scène de Sarah Bernhardt pour Théodora,1884

Théophile Thomas, Manteau de scène de Sarah Bernhardt pour Théodora, 1884,
tissu brodé de fil de soie, perles de verre, Paris © BnF

 

La présentation de ses costumes de scène dont celui de Théodora associés à des photographies, des tableaux, des affiches, des objets, des bijoux comme le collier de Cléopâtre nous permettent d’entrer dans son univers. On est à la Belle Epoque. Une période marquée par la révolution industrielle et impliquant des changements économiques, politiques et artistiques nombreux. Une époque en mutations et en pleine effervescence où la classe bourgeoise montante prospère et se démocratise. Au spectacle toutes les couches sociales se côtoient comme dans les rues de la capitale.

 

Collier pectoral pour Cléopâtre porté par Sarah Bernhardt

Anonyme Collier pectoral pour Cléopâtre, c.1890,
métal doré, perles et pierres turquoise, pierres corail, perles blanches © BnF

 

Sarah Bernhardt a créé deux fois son théâtre : Le théâtre de la Renaissance, puis Le théâtre du Châtelet.

Elle est l’amie des artistes :  Gustave Doré, Georges Clairin qui peint d’elle un portait qui l’accompagne toute sa vie, Louise Abbéma avec laquelle elle entretient une relation amoureuse. Alphonse Mucha dessine ses affiches et travaille avec sur de nombreux projets décoratifs. René Lalique lui dessine des bijoux symbolistes et naturalistes, Félix Nadar dès 1864 saisit sa beauté alors qu’elle est encore dans une indifférence totale, fille de courtisane et courtisane elle-même.

Elle est tout aussi proche des musiciens dont Reynaldo Hahn.

Affiche Alfons Mucha, Lorenzaccio, 1899

Alfons Mucha, Lorenzaccio, 1899, lithographie en couleurs,
Musée Carnavalet, Paris, France
©Paris Musées/Musée Carnavalet - Histoire de Paris

 

Mucha produit cette affiche pour le théâtre de Renaissance la représentant dans le rôle de Lorenzaccio d’après De Musset.

Elle mémorise tous ses rôles et refuse tout souffleur. Elle possède une force de travail hors du commun.

Elle comprend immédiatement qu’elle peut se servir de la photographie en format carte de visite, une invention du photographe Disderi qui permet de présenter les portraits de soi sous différentes facettes et de les diffuser facilement à une vaste audience en France et à l’étranger.

Amie des écrivains comme Victor Hugo, Edmond Rostand, Victorien Sardou ou Sacha Guitry. Elle fascine autant le public que le monde artistique et littéraire qui lui voue un véritable culte et participent de sa célébrité.

On connait mieux la tragédienne et moins l’artiste
On découvre dans cette l’exposition qu’elle pratique la peinture et la sculpture.

Une section entière de l’exposition divulgue cet aspect moins connu de sa vie. Des photographies, des tableaux la montrent « au travail » et de nombreuses sculptures témoignent de son talent. Rodin ne considère néanmoins aucunement sa sculpture.

 

 Sarah Bernhardt sculptrice, photographie, vers 1877

Achille Mélandri, Sarah Bernhardt sculptrice, photographie, vers 1877,
woodburytype © BnF, Dist. RMN-Grand Palais / image BnF

 

Sarah Bernhardt, Algues, 1900, bronze

Sarah Bernhardt, Algues, 1900, bronze, collection particulière © Galerie Talabardon & Gautier, Paris / seven Square

 

Elle passait ses quartiers d’été à Belle-Isle où elle y invitait ses amis et y retrouvait sa famille. Dans la mouvance de l’art symboliste et de l’Art Nouveau réaliser des sculptures d’algues, ce motif typiquement naturaliste et océanique, est en vogue dans la joaillerie.

 

De multiples objets lui ayant appartenus illustrent la « Sarah intime » dans son intérieur, sa garde-robe et rappelleront son goût pour les excentricités et les bizarreries. D’un caractère indomptable, Sarah Bernhardt peut être considérée comme une véritable star avant l’heure, toujours à l’affût des nouveautés, utilisant son image pour sa propre publicité. 

 

À sa mort en 1923, à l’âge de 79 ans, elle fait déjà l’objet de ce même culte dont bénéficièrent par la suite les grandes étoiles du cinéma du XXe siècle.

 

« Cocottes de mère en fille »

Rousse aux yeux bleus. Une enfance compliquée. Elle appartient au monde des grandes horizontales. Introduite par sa mère dans le métier, l’art est son fil d’Ariane, sa vision. Les deux activités lui permettent de développer un réseau fabuleux et de gravir les marches de la réussite. Elle aura un fils unique Maurice qui sera l’enfant naturel du prince Belge Henri de Ligne. Mère et fils sont enterrés ensemble au cimetière du Père Lachaise. L’exposition retrace sa vie intime, sa relation avec Louise Abbema, l’amputation d’une jambe qui ne l’empêche pas monter sur scène et jouer, son amour pour ses deux petites filles.

Par l’art Sarah Bernhardt s’est imposée comme une femme libre dans la société de son temps. Elle a contribué par son exemple à faire évoluer les mentalités en forçant l’admiration. Elle s’est engagée dans les guerres (La guerre de 1870, l’invasion de la France par les prussiens, la Commune, la guerre de 14-18). D’origine juive, dreyfusarde, elle prend la défense des femmes, elle soutient financièrement Louise Michel, et défend les peuples colonisés comme elle épouse des luttes sociales.

 

CITATION : À propos de la Guerre au Théâtre de l’Odéon où elle faisait ses débuts, elle dira

 

Je résolus d’employer ma force et mon intelligence à soigner les blessés

 

Sarah Bernhardt

 

Cette pionnière au tournant du siècle va traverser le temps jusqu’à nous. Plus célèbre que le l’immense comédien Coquelin son ami, elle dépasse l’art théâtrale dans sa dimension éphémère pour entrer dans l’éternité de notre « Bel aujourd’hui ».

 

Carte postale de Napoléon Sarony, Sarah Bernhardt dans Cléopâtre, 1891

Napoléon Sarony, Sarah Bernhardt dans Cléopâtre, 1891,
musée d’Orsay © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

 

Angel Toutpourlesfemmes

Infos pratiques

Sarah Bernhardt

Et la femme créa la star

 

Musée du petit Palais

du 14 avril  au  27 août 2023

https://www.billetterie-parismusees.paris.fr/selection/timeslotpass?productId=102013721551&gtmStepTracking=true

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