Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli

Une pionnière dans le monde de la haute couture est née. Rivale de Gabrielle Chanel, Elsa Schiaparelli (1890-1973) dans l’entre deux guerres s’impose comme une créatrice de mode mais aussi comme une artiste à part entière, à une époque où les domaines entre savoir-faire et beaux-arts sont clivés. En 25 ans de carrière Elsa Schiaparelli ennoblit les savoir-faire et prouve la consanguinité existante entre les domaines de l’art et de la mode. Elle fait bouger les lignes entraînée par son imagination et son esprit d’avant-garde.

 

Elsa Schiaparelli : création olfactive

Le saviez-vous ?

Elle lance en 1937 « Shocking » sa création olfactive.

Et notons que la forme un flacon rose à l’origine sera dessiné par Leonor Fini et que sa forme ingénue n’a pas échappé à Jean-Paul Gaultier plus tard.

Leonor Fini et Fernand Guéry - Colas — Flacon de parfum Shocking

Leonor Fini et Fernand Guéry - Colas — Flacon de parfum Shocking 1937
Cristal et verre © Archives Schiaparelli © Adagp, Paris, 2022

 

 

Elsa Schiaparelli : le rose

Le saviez-vous ?

« Shocking » fut associé à la célébrissime couleur rose shocking qui sera la signature des créations de la maison.

 

Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli

Détail. Catalogue Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli — 288 pages
550 illustrations 24 x 30,5 cm Relié cartonné sur toile 55" ISBN 978-2-38314-000-9
Éditions des Arts Décoratifs

Elsa Schiaparelli : Shocking life

Le saviez-vous ?

Issue d’un milieu érudit et humaniste, elle publie un livre indémodable aux mots et accroches fulgurantes en 1954 Shocking life.

 

Teddy Piaz — Portrait d’Elsa Schiaparelli
Vers 1935 Tirage argentique © Archives Schiaparelli

 

Schiaparelli, une couturière « inspirée »

Mais, ce qui différencie Elsa Schiaparelli de ceux et de toutes les autres femmes qui se sont lancées dans la carrière de la mode avec un sens du marketing c’est d’avoir été capable de créer ses modèles avec ses amis artistes dont nombre d’entre eux la considéraient pleinement comme une artiste.

Insolente d’humour, sa collaboration avec les surréalistes de son temps, lui donne ses ailes.

 

Travailler avec des artistes tels que Bébé Bérard, Jean Cocteau, Salvador Dalí, Vertès et Van Dongen, avec des photographes comme Honingen-Huene, Horst, Cecil Beaton et Man Ray, avait quelque chose d’exaltant.

On se sentait aidé, encouragé, au-delà̀ de la réalité́ matérielle et ennuyeuse, qu’est la fabrication d’une robe à vendre. 

Shocking life, Elsa Schiaparelli – 1954

 

Tout commença avec Paul Poiret en 1922 qui devint son mentor c’est ce que révèle la première salle d’exposition dédiée aux centaines de dessins des collections de Schiaparelli.

 

Dessin de collection  Été 1939 Elsa Schiaparelli

Elsa Schiaparelli — Dessin de collection Été 1939
Dessin Musée des Arts décoratifs © Les Arts Décoratifs

 

Derrière des corps des silhouettes se dessinent.

Les créations d’avant-guerre donnent la silhouette cigarette plutôt étroite tandis que celles de l’après-guerre est plus ample et plus construite.

Habiller le corps n’est-ce pas faire de la sculpture ?

Elle s’installe aux Etats-Unis en 1916 à New York. En 1920 elle rencontre Marchel Duchamp et Man Ray.

En 1922 elle est amie avec les dadaïstes de Paris.

En 1935 elle ouvre 21 Place Vendôme à Paris et entre 1938 et 1939, des silhouettes imaginaires qui lui ont été soufflées par la « commedia dell’Arte » italienne haute en couleurs flamboient malgré l’histoire sombre qui plonge l’Europe.

En 1940, elle quitte la France pour retourner aux Etats-Unis.
La collection dite « astrologique » mêle des références baroques liées à Versailles et au Roi Soleil et la collection « Cirque » propose des boléros brodés de chevaux, d’acrobates et d’éléphants !

Elsa Schiaparelli — Boléro Cirque Été 1938

Elsa Schiaparelli — Boléro Cirque Été 1938
Broderie de ganse  de soie sur crêpe de soie, broderie de fils de soie, lacets, cabochons, perles et miroirs par Lesage
Musée des Arts décoratifs © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière .

 

L’art complexe et luxueux de la broderie n’a pas de secrets pour elle. En faisant appel aux meilleurs maisons dont Lesage pour réaliser des broderies sur mesure comme de nombreuses maisons de couture dès 1924 le font, elle s’en sert  pour transformer ses vêtements en bijoux ou armures.

Des idées et des collections remarquables

En janvier 1927, les extravagantes de la planète n’hésitent plus à porter des chandails tricotés, décorés de motifs en trompe-l’œil noir et blanc. Sonia Rykiel s’en inspire plus tard.

Durant les années 1930, elle a inventé cet incomparable style « Schiap » avec ces modèles largement inspirés par l’esthétique surréaliste.

 

Vue de l’exposition «Shocking! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli »

Vue de l’exposition «Shocking! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli » © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

 

Le tandem mythique formé par Elsa Schiaparelli et le célèbre Salvador Dalí repose sur le goût du scandale et de la provocation comme l’iconique « robe homard » ou le célèbre « chapeau chaussure »… Ils demeurent des motifs indépassables, à ce jour, et encore marqués d’une ineffable drôlerie.

Elsa Schiaparelli puise également ses sources dans l’antiquité italienne, mais encore la nature ou la musique.

21 Place Vendôme à Paris

Une reconstitution des salons de couture d’Elsa Schiaparelli inaugurés 21 place Vendôme à Paris en 1935, vous attend au second étage de l’exposition. L’ambiance qu’il régnait à travers les intérieurs feutrés, aux lignes épurées, ultra chic et élégantes crées par Jean-Michel Frank auquel elle fit appel, crée une expérience immersive.

Dans cet univers clos du luxe et du goût à la Française les clientes de son vivat arrivaient de tous les pays du monde pour s’inspirer, se métamorphoser, se construire d’improbables apparitions publiques à travers l’habit.

La fin du parcours de l’exposition s’achève sur les silhouettes contemporaines aujourd’hui réalisées par Daniel Roseberry qui s’inscrit dans la tradition surréaliste de sa fondatrice.

 

Vue de l’exposition « Shocking! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli »

Vue de l’exposition « Shocking! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli » © Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

 

 

Dans mes créations, j’essaie de traiter les parties du corps avec un certain niveau d’équité. Les seins sont aussi précieux que les yeux, les orteils que les fesses. C’est une manière de célébrer le corps sans le sursexualiser pour autant. 

Daniel Roseberry

 

D’Elsa Schiaparelli à Daniel Roseberry, habiller c’est jouer le jeu magique de la séduction des corps à travers la nudité dessinée de ses parties. Ces créateurs nous rappellent qu’entre la nudité interdite ou exaltée, la peau de notre enveloppe charnelle est notre vêtement premier. Mais que la peau fragile a autant besoin sous des allures folles d’apparats de protection que de liberté.

Et vous, le style « Schiap » qu’en dites-vous ?

Les grandes étapes de la vie d’Elsa Schiaparelli sont ainsi retracées au Musée des Arts Décoratifs à la tête des milliers de dessins donnés en 1973 par Elsa Schiaparelli à l’Union française des Arts du costume, dont le Musée des Arts Décoratifs conserve les fonds.

Cette créatrice a su charmer les pures classiques et les plus extravagantes de la planète. A travers chacune de ses ambassadrices, elle a conquis une renommée internationale.

Que voulait-elle donc nous transmettre cette artiste et femme de l’image à nous les femmes ?

Muse ? oui. Mais pas que.

Elle assume le ridicule et l’absurde grâce à l’humour qu’elle pratique comme une sagesse et nous rappelle encore que le vêtement engage toujours en premier la conversation; il est un art à part entière de la conversation.

 

Osez Osez Joséphine ! 

Alberto Giacometti —  Bouton

Alberto Giacometti — Bouton 1937
Bronze doré
Musée des Arts décoratifs © Les Arts Décoratifs

 

 

Angel Toutpourlesfemmes

Infos pratiques

Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli

Du 6 juillet 2022 au 22 janvier 2023

 

Musée des Arts Décoratifs

107, rue de Rivoli
75001 Paris
Tél. : +33 (0)1 44 55 57 50

https://billetterie.madparis.fr/activite/2602/

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