Titanic : prenez le large !

Chicago, Los Angeles, Londres... L'exposition sur le célèbre navire de croisière et fleuron de la White Star Line, est déjà bien connue à travers le monde avec plus de 25 millions de visiteurs. Prolongée jusqu'au 29 septembre, c'est à Paris - Porte de Versailles que le Titanic fait remonter à la surface les souvenirs de l'un des plus grands drames maritimes. Avec plus de 6000 objets récupérés dans l'épave et à travers des reconstitutions, elle explore la vie des passagers et leurs destins croisés. Fin août, 200 000 personnes avaient visité l'expo.

 

Une maquette en bois du Titanic, réalisée par Jean-Paul Henrion, située à l'entrée de l'exposition.

Une fois le seuil de la porte franchi, les visiteurs sont immédiatement transportés en 1912, plongés au cœ,ur de la Belle Epoque. Le visiteur se retrouve dans la peau d'un passager.

Chacun se voit offrir un audioguide et la réplique d'une carte d'embarquement comme celles dont disposaient les véritables passagers du Titanic. Sur celle-ci, on lit le nom d'un des 2 228 passagers du paquebot, son âge, sa classe, les raisons de sa montée à bord et quelques anecdotes.

La réplique d'une carte d'embarquement comme celles dont disposaient les véritables passagers du Titanic

Vidéos, reproductions, décors, lumières, objets sous vitrines : tout est mis en œ,uvre pour que le visiteur revive l'histoire et se sente comme un passager. Il n'entre pas dans une exposition, il monte à bord.

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C'est une petite valise marron, tenue par des sangles, à peine abîmée. Difficile d'imaginer qu'elle a reposé près d'un siècle à près de 4000 mètres de profondeur, dans des fonds marins où la pression de l'eau est de 420 kg au centimètre carré. Et pourtant, cette valise appartenait bien à un passager embarqué sur le Titanic .

Des flacons de parfums remontés à la surface encore à moitié pleins.

Edith Corse Evans avait prévu de repartir chez elle, à New York, après un séjour à Paris chez ses cousins. Sur le navire, de la compagnie de la White Star , elle rencontre sa tante par alliance, Malvina Cornell, et les sœ,urs de cette dernière qui avaient assisté à des funérailles à Londres.

Quelques jours avant d'embarquer à bord du Titanic , une diseuse de bonne aventure avait prévenu Edith de se méfier de l'eau. Possédait-elle une de ces fragrances (photo ci-dessus), dont les fioles sont remontées encore à moitié pleines ?

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Mélange d'ironie tragique et de fascination, une étrange sensation emplit le visiteur qui contemple ces objets sortis des profondeurs. Comment des affaires aussi fragiles et improbables ont-elles pu nous parvenir, alors que leurs propriétaires ne sont jamais arrivés à destination ?

Quand histoire et cinéma envahissent le visiteur

Commence alors un voyage dans le temps à la découverte de l'histoire du Titanic , depuis sa construction jusqu'à la vie à bord, en passant par son drame et les campagnes de récupération des objets au fond de l'océan.

En présentant les vestiges d'une catastrophe centenaire, cette exposition aurait pu être morbide. Elle ne l'est pas, car raconte l'histoire des passagers de façon concrète et anecdotique et sur la convergence de leurs vies vers cette même nuit du 14 avril 1912.

Le fumoir du Titanic, exclusivement réservé aux hommes, où l'on pouvait jouer aux cartes ou boire du brandy en parlant affaires.

Le visiteur découvre notamment qui étaient les 49 Français du Titanic, à travers un échantillon représentatif de la société de l'époque. Riches industriels, artistes, négociants, femme entretenue, domestiques, gouvernante, cuisinier, familles en partance, chaque nom est relié à une photographie.

Dans la reconstitution des pièces et les vitrines s'alignent vaisselle, pots de maquillage, fer à friser rustique, lunettes à fines branches, dentifrice goût cerise, cartes postales signées et partitions encore lisibles. La visite réserve des petits trésors et trouvailles : l'imitation d'un couloir du paquebot, la reconstitution d'une chambre première classe ou du luxueux Verandah Café.

700 euros, le prix minimum d'un confort luxueux

Reconstitution d'une chambre de première classe

Les passagers de première classe qui avaient opté pour une suite de trois ou quatre pièces avaient déboursé 4 000 livres, l'équivalent de 103 000 euros aujourd'hui.

En troisième classe, les billets coûtaient 700 euros. Les passagers de troisième classe reposaient sur des matelas, et non pas de la paille, comme c'était l'usage sur les autres navires. Ceux-ci disposaient de deux baignoires pour 700 personnes. Le soir du naufrage, ils partageaient avec la seconde classe les petits pois et pommes de terre à l'eau, pendant que les riches passagers se restauraient d'huîtres, de rôti de caneton, de saumon, de pêches en gelée de Chartreuse et autres délices au Café Parisien.

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Le Verandah Café, un restaurant très chic, se trouve, comme les cabines, en partie reconstitué, avec son mobilier en rotin blanc, ses fenêtres aux cadres de bronze et son carrelage en damier sur lequel jouaient les enfants des familles les plus aisées. Pommery Nature 1900 , Moët & Chandon Impérial Sec 1898 , ici on y buvait les meilleurs vins, dont les bouteilles subsistent.

Des destins personnels autour d'un drame commun

 

« C'était une nuit sans lune et je n'avais jamais vu les étoiles briller avec autant d'intensité , elles semblaient sortir du ciel, et elles jetaient autant de feux que les diamants. C'était le genre de nuit où on est content de vivre. » (Jack Thayer, passager première classe)

La parole des 705 rescapés parmi les 2228 passagers résonne. De leurs mots affichés sur les murs ou écoutés à travers l'audioguide, naissent des images précises. Telle cette journaliste de mode, assise sur le plat-bord d'un canot de sauvetage dans sa robe fourreau moulante et ses mules en fourrure, tentant de distraire les enfants effrayés avec une boîte à musique en forme de cochon.

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Cette élégante succession de portes, plus éloquente que n'importe quel chiffre, paraît si réelle qu'elle en devient troublante. A la fin de l'exposition, la lumière bleue et le contact de la main sur un iceberg factice illustre la cause de la mort de la plupart des victimes : l'hypothermie. C'est dans une eau plus froide encore, à —, 2 degrés (puisque l'eau salée gèle à une température inférieure) qu'ils ont espéré survivre.

A la fin de la visite, les visiteurs découvrent en 3D à travers les images d'une expédition la cabine du commandant Edward Smith, dans laquelle la baignoire est encore presque intacte.

La restauration, une prouesse technique

La remontée des objets par l'équipe du RMS Titanic a relevé de la prouesse technique. Chaque plongée dure en moyenne entre onze et quinze heures. Il faut aux trois appareils deux heures et demie de descente dans une totale obscurité rien que pour atteindre les restes de l'épave fantomatique.

À la surface, les objets sont stabilisés et voyagent étiquetés dans de la mousse humide, avant de passer entre les mains de restaurateurs spécialistes du papier, du cuir, du bois ou de la céramique.

Rongée par les bactéries, le sel et les acides marins, le Titanic s'effondrera totalement d'ici une quarantaine d'années. Depuis 2009, il n'existe plus de témoins vivants de sa traversée, mais ces quelques 6 000 objets et fragments de mémoire lui survivront.

Par Adeline Rajch
Informations pratiques :

Titanic, l'exposition au Parc des Expositions de Paris (pavillon 8) - Porte de Versailles

Jusqu'au 15 Septembre 2013

Horaires : ouvert tous les jours, de 10h à 19h

Tarifs : 15,9€ (normal), 12,9€ (réduit), audioguide compris
Forfait famille (2 adultes + 2 enfants) : 52€ avec audioguide spécial enfant
Gratuit pour les moins de 5 ans

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