Ces working girls qui en font trop - Billet d'humeur

Cette semaine, DIM (Dimitri) s'amuse de ces femmes pour qui réussite professionnelle rime avec abnégation de la vie personnelle. Et si la féminité libérée consistait à mener sa carrière tout en  assumant son rôle d'épouse et de maman? Finalement, n'est-ce pas cela le bonheur... un subtil équilibre ? 

working girl


La semaine dernière, je me suis laissé emporté dans le tourbillon de la vie de mon ami Thibaut qui, sans doute en mal d’inspiration, a fait échouer nos cœurs en perdition sur la plage déserte d’un After Work. Alors que je me demandais ce qui amène des cadres à venir jeter leurs dernières forces dans un début de soirée, qui annonce tout sauf une nuit de folie, je croise furtivement le regard de Valérie. Je prends ce regard, à tort, pour une invitation et tente un premier contact. Appuyé contre le bar comme à une bouée de sauvetage, Valérie se prête poliment au jeu et me parle d’elle d’un ton plat qui n’a d’égale que l’ennui de sa conversation. Elle me montre une photo de ses enfants, trophée d’un mariage passé, glisse sur sa vie personnelle moribonde et se rattrape à sa branche professionnelle. Valérie m’apprend qu’elle est juriste en droit des affaires chez Wingate, une société de conseil, divague sur ses ambitions, et se perd tout naturellement dans quelques poncifs sur la mauvaise politique économique française. Parler de sa carrière l’enivre bien plus que le verre de blanc dans lequel elle n’a trempé que très furtivement ses lèvres. Val prend confiance, et après avoir envoyé un mail depuis son blackberry, « pour valider un contrat » elle me fusille d’un regard revolver avant de me balancer provocante : « Bref, tu comprends mieux pourquoi il me faut un homme ambitieux ».

Pour ma part, j’avais certes des ambitions pour les prochaines heures de notre rencontre, mais qui, n’avaient aucun rapport avec ce qu’elle devait sous-entendre. Mes nuits sont probablement plus belles que ses jours. Je laisse passer, et dans une lâcheté assez masculine acquiesce. Il y a peu de place pour l’oisiveté dans un monde en crise et une France qui se lève tôt… et en particulier dans un cœur féminin mis à mal par les process, les objectifs, les CODIRS, la pro-activité, la productivité, l’efficacité, le management, l’hyper optimisation...

Si le travail est bien un des garants essentiels de la liberté féminine, les femmes qui s’y noient le paient au prix fort d’un cœur de pierre jeté dans le jardin du profit. Où donc est la touche de bienveillance maternelle, défendue en son temps par une éblouissante Nicky de Saint-Phalle, portée à bout de bras par la femme d’aujourd’hui dans les hautes sphères politiques et économiques ? Cet environnement sur-testostéroné et régi par le rapport de force n’enfante-t-il pas trop souvent des « workings girls », sorte de tyrans craints par les jeunes recrues qui n’auront d’autre choix que de marcher ou crever, à défaut de chercher un abri auprès d’un manager masculin libidineux? Par instinct de survie, certaines de ces femmes ne sont-elles pas devenues des fauves bien plus féroces que leurs congénères mâles qu’elles croqueront peut-être mais certainement pas lors d’un 5 à 7 (cliché d’une activité réservée à des secrétaires pour qui l’ambition se résume plus à coucher avec son patron qu’à prendre sa place)? Ces belles funambules en équilibre entre une carrière envahissante et une vie privée privée de tout et surtout de l’essentiel, ne marchent-elles pas au rythme de la peur du vide ?

Dans cette quête d’égalité, d’ambition et de sens, la working girl pourrait être une femme libérée si elle n’épousait pas si souvent les codes d’un management machiste d’un autre temps. En les appliquant avec plus de zèle que les hommes, une fois arrivée au « pouvoir », elle perpétue, complice, un modèle qui laisse peu de place aux autres femmes souhaitant marier la pleine réussite de deux vies en une dans un équilibre bénéfique.

Alors oui je dis m.... aux workings girls qui sacrifient leur féminité sur le bûcher de la vanité professionnelle et brûlent les ailes de leur liberté d’esprit au contact du soleil noir de la frustration.

Par DIMITRI

 

 

 

 

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