Ces femmes qui se "shootent" au Tinder - Billet d'humeur

Je dis M... aux femmes qui se shootent au « Tinder ». C’est connu le jeudi soir est la plus belle mariée de la nuit parisienne et j’aime être son garçon d’honneur. C’est en démarrant une de ces nuits à la terrasse de café du « Progrès » que j’ai suivi le mouvement articulé de mes amies qui ont téléchargé l’application de rencontre en ligne « Tinder ».

Entre 2 conversations, elles s’affèrent comme des abeilles sur leur téléphone portable et d’un coup de pouce passent en revue les différents profils, qui se résument souvent à quelques photos et une « Baseline » qui n’a jamais aussi bien porté son nom. Dans ce marché en ligne il suffit de « Liker » les hommes ou les « Noper » - un terme élégant pour signifier que ce profil ne vous revient pas -, et espérer que ça « match ».

En observant la vitesse d’exécution avec laquelle mes amies sélectionnent les bons profils, je me dis qu’elles ont de quoi faire pâlir les meilleurs directeurs de casting de Paris. Une photo suffit pour sonder, à défaut de l’âme, le potentiel de séduction des « désirants ».

Derrière leur petit écran, les femmes deviennent des dévoreuses d’hommes cachées par un anonymat très relatif. Et si pour certaines d’entre elles le téléchargement de l’application a d’abord été dicté par la soif de rencontrer une âme sœur introuvable dans le désert émotionnel des villes françaises, elles finissent toutes par ressentir un besoin irrésistible et obsessionnel de jouer avec ces hommes qui sont à portée de main.

Les plus précautionneuses iront jusqu’à nous mettre en garde avec des : « coup d’un soir passez votre chemin », « non aux serial tireurs », « homme marié restez près de vos femmes » ou autre « je cherche ami drôle et gentil ». Une façon faussement naïve de freiner ceux qui caresseraient l’idée de prendre des raccourcis trop évidents dans les chemins sinueux de la séduction, et ainsi garder un semblant de contrôle sur les ardeurs masculines, qu’elles appellent, d’une certaine façon, de leurs vœux. Mais ces avertissements attirent sans aucun doute les prédateurs les plus habiles et calculateurs, qui se laisseront appâter par le charme du défi,…ou…à défaut elles solliciteront, bien malgré elles, des princes plus réellement charmants usés par les casseroles qu’ils trainent d’une femme à une autre.

Alors quelle est donc la teneur de ce jeu sans autres règles que celles que nous inventons au fil des échanges ? Les femmes croient-elles réellement être plus chanceuses en amour, et trouver « un amour sincère » qui semble s’être refusé à elles jusqu’ici, en étant connecté à Tinder? N’y a t’il pas dans cette démarche une dose d’incrédulité, et surtout d’hypocrisie le tout accompagné d’une addiction grandissante qui entraînera un comportement répétitif voir compulsif ? Tinder serait-il le nouveau miroir dans lequel les femmes scrutent un semblant de reconnaissance sous prétexte de chercher un amour blanc comme neige?

Lancés bille en tête dans ce jeu du « Qui est-ce ? », à moins que cela soit le « Qui suis-je » pour adultes, les hommes qu’elles sondent se déshumanisent au fil des minutes. Ils ne deviennent rien moins que des photos de profils chassés ou pourchassés du bout des doigts, chaque « match » et échange en ligne sont autant de points engrangés qui rappellent aux femmes tout le désir qu’elles suscitent fusse-t-il virtuel. Et si le jeu se transforme en une rencontre réelle nul doute qu’il pourrait parfois avoir un goût bien amer à côté de l’excitation des ces échanges où tout est promis et rien n’est vécu.

La gueule de bois post virtuelle n’a rien à envier à nos nuits d’ivresses. Alors oui je dis "merde" aux femmes qui se shootent au Tinder, comme des adolescentes sur une console de jeux, et qui pleurent les lendemains sans réponse…

Par DIMITRI

Pour celles qui veulent quand même "sauter le pas":
- Appli pour iPhone: Tinder
-
 Appli pour Androide: Tinder 

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