Excision : la barbarie pour tradition

Un acte de barbarie, une mutilation qui va à l’encontre des droits humains : voilà ce qu’est l’excision. Encore souvent perçue comme une pratique d’un autre temps, ou du moins assez lointaine pour être ignorée, l’excision est toujours largement sous évaluée. Pourtant, c’est un phénomène qui aujourd’hui encore, concerne plus de 200 millions de femmes et de filles dans le monde et pas moins de 60.000 en France.

Le point sur l'excision

Lorsque l’on parle des violences faites aux femmes, on évoque très rarement le cas de l’excision. Cette pratique qui consiste en une ablation plus ou moins importante du clitoris est pourtant un véritable acte de torture. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, il est loin d’être seulement concentré en Afrique subsaharienne, puisqu’au total une cinquantaine de pays sont concernés, comme l’Amérique du sud, l’Inde, l’Indonésie, ou encore la France.

Au-delà d’être traumatisant, extrêmement douloureux et handicapant pour la vie sexuelle des femmes, cet agissement est synonyme de mort dans de nombreux cas : environ 15% parmi les très jeunes filles peuvent décéder à la suite de cette mutilation et de nombreuses autres seront exposées à des complications graves au moment de l’accouchement.

Excision : 3.000 femmes menacées chaque année en France

Encore tabou et mal pris en charge, ce sujet reste assez sensible pour beaucoup de personnes, y compris au sein du corps médical. Mais pas pour le docteur Pierre Foldès.
Ce chirurgien urologue, inventeur de la chirurgie réparatrice des mutilations sexuelles féminines, a créé avec Frédérique Martz l’Institut en santé génésique de Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines. Centre pilote de prise en charge multidisciplinaire des violences faites aux femmes, il accueille également des femmes mutilées.

« On estime que chaque année en France, 2.000 à3.000 femmes sont menacées par lexcision. Cest loin d’être négligeable, souligne le docteur Foldès. Depuis 30 ans que jexerce ce métier, jai reçu pas moins de 15.000 patientes en consultation et opéré5.000 dentre elles, dont un tiers avaient été excisées sur notre territoire. Tous les profils sont représentés, de la femme réfugiée à la jeune fille née en France. »

«Nous ne devons pas simplement opérer celles qui le désirent, mais les prendre totalement en charge». « Grâce au travail en coordination avec l'équipe dirigée par Frédérique Martz, l’Institut apporte une réponse médicale, sociale, judiciaire et psychologique aux patientes qui viennent nous voir. Si on s’arrêtait à la chirurgie réparatrice, on ne ferait qu’une partie du travail », estime le docteur Foldès qui a participé au combat pour que l’excision soit reconnue comme un acte criminel et que l’opération chirurgicale soit entièrement remboursée par la Sécurité Sociale.

Excision : changer les mentalités

Comme lui et Frédérique Martz, d’autres personnes ont décidé d’agir pour que l’excision ne soit plus ignorée. En mars dernier, la guinéenne Binta Diallo, a lancé une pétition sur internet pour demander au ministère de l'Education d'inclure l’excision dans le plan national de sensibilisation aux violences faites aux femmes qui est dispensé dans les établissements scolaires. Plus de 100.000 personnes ont déjà signé son appel.

« Depuis toute petite, je savais que l'excision se pratiquait et que ce n'était pas normal. Mais ce qui a déclenché mon envie de me battre contre l'excision c'est un voyage en 2009 à Conakry dans ma famille, témoigne Binta Diallo sur Change.org. Là, l'une de mes cousines pleurait. Je lui ai demandé pourquoi. Elle m'a dit que ses amies ne voulaient pas jouer avec elle parce qu’elle n'avait pas été excisée. J'ai pensé qu'il fallait réellement stopper cette pratique, et pour cela, changer les mentalités. »

En effet, que ce soit en Afrique, en France, ou ailleurs, le chemin semble encore long avant que l’excision ne soit réellement envisagée comme un problème majeur de santé publique. C’est pourtant bien le cas.

 Kristen POELS

 

 Institut de santé génésique 

20 rue Armagis - 78100 Saint Germain en Laye
Tél : 01.39.10.85.35. E-mail : contact@isg78.org
Site : institutensantegenesique.org

Signez la pétition ici : http://chn.ge/1UoFWD1

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