Georgia O’Keeffe, une artiste femme à la Tate Modern !

Les oeuvres de Georgia O'Keeffe sont exposées à la Tate Modern du 6 Juillet au 30 Octobre 2016. 100 chefs d’œuvres sont réunis dans une rétrospective exceptionnelle incluant les débuts, étudiant sa relations avec Stieglitz et le cercle d’avant-garde: à voir.

Georgia O’Keeffe (1887-1986) artiste femme à la Tate Modern !

Une femme artiste dans un milieu d'hommes

Georgia O'Keeffe est l’une des rares femmes à avoir tracé son chemin et son autonomie dans un domaine réservé aux hommes, en ce début du XXème siècle aux Etats-Unis. Son oeuvre commence à s’imposer à New York dans les années 1920. Cette artiste américaine affirmée a construit sa réalisation. Devenue une des icônes de l’art américain, elle ouvre et éclaire le chemin d’autres femmes artistes. Comment a-t-elle fait? La Tate Modern fait la lumière à travers une rétrospective sur une des mères fondatrices de l’art moderne américain.

Georgia O’Keeffe 1887-1986 Music – Pink and Blue No. 1 1918 Oil paint on canvas 889x737mm. Collection of Barney A. Ebsworth.
Partial and Promised gift to Seattle Art Museum © 2016 Georgia O'Keeffe Museum/DACS, London.
Expo Georgia O’Keeffe à la Tate Modern - Toutpourlesfemmes

“J’ai eu beaucoup de chance, déclare-t-elle, beaucoup plus que la plupart des gens. (…) J’aurais très bien pu être un meilleur peintre sans pour autant que l’on me prête la moindre attention. (…) Il me semble que certaines personnes sont plus chanceuses que d’autres. Je ne sais pas, peut-être est-ce dû au fait que j’ai su saisir les choses dont j’avais envie lorsque la vie m’en a donné l’occasion.” Georgia O’Keeffe

Sa chance est d’avoir rencontré son Pygmalion, le photographe Alfred Stieglitz !

Lorsqu’elle fait sa connaissance, lui est un photographe mondialement connu et le directeur de la « Galerie 291 » à New York, le nec plus ultra d’une modernité artistique faisant le pont entre l’Europe et l’Amérique. Elle, elle est une jeune artiste qui enseigne et vit au Texas. Fille de fermier, elle vient de l’état du Wisconsin à l’origine. Formée à Chicago à la School of the Art Institute of Chicago, puis à la New York Art Students League, elle suit à l’University of Virginia les cours de la summer school. Pour vivre, elle enseigne dans divers College. Attirée par la pensée d’avant-garde, elle découvre les théories de Kandinsky, père de l’abstraction et fréquente New York, la « Galerie 291 ».

De tous les enseignements, elle retient l’importance du subjectif et de l’improvisation, la force de s’exprimer soi, de ne pas copier les autres, quitte à ne rien faire.

Stieglitz l’appelle la « Muse du 291 »

La rencontre de la jeune artiste et du photographe s’est faite à travers une amie de Georgia, Anita Pollitzer, une photographe et suffragette. Elle montre en 1916 des œuvres de Georgia à Stieglitz. Séduit, Stieglitz expose la même année 10 dessins de Georgia, et il lui offre une exposition, toujours dans sa galerie, l’année suivante. En 1918, Stieglitz propose à Georgia de venir à New York et de ne se consacrer qu’à l’art. Georgia rejoint la vie d’une petite communauté artistique New-Yorkaise d’avant-garde.

De 23 ans son aîné, Stieglitz est encore marié. Ils tombent amoureux. Il divorce et l’épouse en 1924. Leur vie à travers une correspondance "Faraway" débutée en 1915 et jusqu’à 1946, dessine leur amour. Elle divulgue la peintre Georgia O’Keeffe et le photographe Alfred Stieglitz, deux créateurs dissociés et conjointement l’image exceptionnelle d’un couple de créateurs américains, non sans conflits.

A propos de la peinture d Georgia : « Lumière pure » A.Stieglitz

Le rôle de Stieglitz aux côtés de sa femme est multiple. Il a été tout d’abord son marchand. Stieglitz expose sa femme de 1923 à 1946. Grâce à lui, elle fait une exposition annuelle jusqu’à sa mort et gagne sa vie.

Alfred Stieglitz 1864-1946 Georgia O’Keeffe 1918 Photograph, palladium print on paper 243 x 192 mm. The J. Paul Getty Museum, Los Angeles © The J. Paul Getty Trust. Expo Georgia O’Keeffe à la Tate Modern - Toutpourlesfemmes

Georgia est aussi son modèle. Il la photographie de 1920 à 1937. Il fait plus de 300 photographies d’elle. La faire connaître et cultiver son mythe est aussi un but poursuivit par lui. Stieglitz lors des séances de pose est très attentif à ce qu’il veut d’elle. Photographiée par son époux, elle devient une héroïne.

Ansel Adams 1902-1984 Georgia O’Keeffe in the Southwest 1937 Photograph, gelatin silver print on paper 297 x 187 mm Collection Center for Creative Photography, University of Arizona: Ansel Adams Archive © The Ansel Adams Publishing Rights Trust. Expo Georgia O’Keeffe à la Tate Modern - Toutpourlesfemmes

S’il fait de nombreux portraits qui vont construire une légende d’artiste, Georgia O’Keeffe veut par la suite la modifier. D’autres photographes tel Ansel Adams la fixent. Son personnage était créé mais elle a éprouvé le besoin de le qualifier : femme, artiste, autonome, en prise avec les éléments de la création et en premier lieu la nature. Elle se personnifie en femme libre.

Ses thèmes favoris sont les fleurs et les paysages

Elle a peint 300 images de fleurs.

Georgia O’Keeffe 1887-1986 Oriental Poppies 1927 Oil paint on canvas 762 x 1016 m. Frederick R. Weisman Art Museum at the University of Minnesota, Minneapolis © 2016 Georgia O'Keeffe Museum/ DACS, London. Expo Georgia O’Keeffe à la Tate Modern - Toutpourlesfemmes.

Un sujet en apparence simple, commercial. Initiée par Stieglitz, elle reçoit son influence esthétique photographique et sa peinture n’en est pas immune : un aspect classique domine des formes pleines et lumineuses.

Georgia O’Keeffe 1887-1986 White Iris 1930 Oil paint on canvas 1016 x 762 m. Virginia Museum of Fine Arts, Gift of Mr and Mrs Bruce C. Gottwald © 2016 Georgia O'Keeffe Museum/DACS, London. Expo Georgia O’Keeffe à la Tate Modern - Toutpourlesfemmes.

Une peinture « sexuellement explicite » A . Stieglitz

Ses premières œuvres montrent comment le sujet se dilue dans le jeu des formes colorées qui font penser à d’autres choses que ce qu’elles représentent. Femme moderne et libérée, artiste posant pour son mari nue, elle n’a peur de rien. Ses compositions sont suggestives et donnent lieu à des interprétations freudiennes sexuelles.

Georgia O’Keeffe 1887-1986 Jimson Weed/White Flower No. 1 1932 Oil paint on canvas 48 x 40 inches Crystal Bridges Museum of American Art, Arkansas, USA Photography by Edward C. Robison III © 2016 Georgia O'Keeffe Museum/DACS, London. Expo Georgia O’Keeffe à la Tate Modern - Toutpourlesfemmes

Le couple d’artistes est au cœur du mouvement d’avant-garde où la philosophie du transcendantalisme née au XIXième siècle aux Etats-Unis, les anime. Pour « Eux » l'essence spirituelle et mentale de l'être, libre des sens et de l'expérience des sensations, transforme l’individu. « L’éternel féminin » de Goethe envisage la femme comme une grande force cosmique, la femme guidant l’homme vers une transcendance. La fleur ne serait alors que le signe ésotérique, la lumière.

The Georgia O'Keeffe Home and Studio

A la fin des années 1940 à 1984, l’artiste s’installe seule à Abiquiú, au Nouveau Mexique et le paysage devient sa source d’inspiration.Proche de Thomas Merton, moine trappiste et écrivain poète américain, d'Alan Watts, universitaire britannique spécialisé en philosophie indienne et chinoise ou d’Allen Ginsberg, poète de la Beat Génération, Georgia O’Keeffe  développe une œuvre fermement marquée par le spirituel féminin.

Georgia O’Keeffe 1887-1986 Black Cross with Stars and Blue 1929 Oil paint on canvas 1016 x 762 mm Private collection © 2016 Georgia O'Keeffe Museum/ DACS, London. Expo Georgia O’Keeffe à la Tate Modern - Toutpourlesfemmes

Elle choisit son terrain, l’achète, le reconstruit avec une architecte Maria Chabot. Son ranch-Atelier se visite aujourd’hui car il est devenu son musée. La nature l’environne, elle est son horizon, des immensités naturelles qu’elle peint où elle renoue avec son enfance et rejoint, sa tradition, une tradition  picturale américaine exceptionnelle, celle des grands paysages .

Informations Pratiques
Tate Modern : 6 Juillet – 30 Octobre 2016 Tel : +44 (0)20 7887 8888, tate.org.uk, @tate #Tate2016.

 

Caroline Benzaria

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