Les Fa’bulleuses : 7 vigneronnes pétillantes !

TPLF a eu envie d'aborder le printemps avec une coupe à la main et un champagne féminin ! Rencontre avec 7 femmes, 7 vigneronnes avec 7 personnalités bien affirmées, issues de 7 villages de la Champagne.

Les Fa'bulleuses : rencontre avec 7 femmes vigneronnes

Sophie (la présidente), Hélène, Claire, Laureen, Mathilde, Charlotte et Florence, sont toutes pétillantes (en plus c’est vrai), jolies, modernes, dynamiques, combatives et féminines. Ces productrices-récoltantes se sont unies sous une même bannière, l’association Les Fa’bulleuses de champagne pour porter haut et autrement leur terroir et son fruit, le champagne, qui est aussi le fruit de leur labeur. C’est la seule association pour les femmes artisans. Elles sont toutes indépendantes, ont leurs propres marques et toutes ont des parents vignerons.

 

Rencontre haute en dégustation et riches en rires dans la cave voûtée de Dilettantes, la très accueillante maison du champagne. Seule, Charlotte de Sousa, champagne de Sousa est absente pour cause de maternité. Et oui les vigneronnes sont aussi des mamans.

TPLF : Qui êtes-vous ?

Florence  Duchêne (champagne Florence Duchêne): "J’ai 29 ans, j’ai repris avec mon mari le domaine familial, il y a trois ans. Les parents nous aident. C’est un défi, un gros challenge. Ce n’est pas facile tous les jours, mais mon mari et moi sommes assez créatifs, on ne se laisse pas démonter. On verra le résultat des efforts de cette année que plus tard. Dans 5 ans, je saurai si j’ai bien travaillé."  

Hélène Beaugrand (champagne Beaugrand) : "Je suis l’aînée des 7 filles ! Mon père est médecin. J’ai fait mes études en Bourgogne avant de partir m’occuper de vignobles dans l’hémisphère sud.  Puis j’ai arrêté de voyager pour travailler dans le Languedoc dans la commercialisation du vin pendant 10 ans. Après avoir été malade, je suis revenue avec les enfants en Champagne en 2008. Je ne savais pas trop ce qui m’attendait. J’avais toujours travaillé avec des garçons et je préférais l’esprit Languedoc plus chaleureux. Le domaine est situé sur une colline excentrée du reste de la Champagne. C’est un îlot unique. En 1927 le grand-père s’est battu pour obtenir l’appellation champagne. Ce sont de vieilles vignes de 50 ans  100% Chardonnay."

Laureen Baillette (champagne Baillette-Prudhomme): "Je travaille avec ma mère. Ma sœur et moi, sommes la 6e génération. C’est le champagne des femmes, de la la finesse avec du corps!"

Mathilde Bonnevie, champagne Rochet-Bocart : "J’ai 25 ans et je suis la benjamine. J’ai passé 5 ans sur l’exploitation familiale Bonnevie-Bocart et il y a deux ans, un cousin de maman qui n’avait pas de successeur m’a proposé de reprendre l’exploitation. J’ai accepté avec la volonté de développer l’export. Ce n’est pas facile d’apporter de la modernité dans l’exploitation familiale. Je suis une terrienne, j’ai besoin de ma dose de vigne plus que celle du commerce; c’est le terroir, associé à la vinification qui donne la qualité de la récolte."

Claire Blin (champagne Mary-Sessile) : "Je suis la 4e génération. J’ai commencé par l’école hôtelière. J’ai un côté épicurien, j’aime la  bonne table et les bons vins. J’aime essayer de nouvelles techniques."  

Sophie Milesi (Champagne Guy Méa) : "A 28 ans, je suis la 5e génération. J’ai toujours dit : je veux être « champagneuse ». Je suis  partie en  Allemagne après un master en vin et spiritueux en Bourgogne. J’ai repris l’exploitation il y a 5 ans avec ma mère. Je ne voulais pas que mes parents s’épuisent. Je ne fais rien sans leur accord, je respecte leur travail."

TPLF : Comment est venue l’idée de créer l’association Les Fa’Bulleuses ?

Claire : "C’est une idée que j’avais eue et puis j’ai rencontré Hélène à Toulouse. Nous avons participé à un salon en Norvège et nous avons parlé d’une association qui existait en Languedoc. Je connaissais Laureen qui connaissait Sophie. Dans un salon, j’ai connu Mathilde avec qui j’ai bien accroché puis j’ai rencontré Charlotte. On s’est fait un resto pour commencer, on s’est présentées et on est parties !"

Hélène : "Ce n’est pas évident de rentrer dans les milieux de champagne et une femme a toujours besoin de faire ses preuves."  

Florence : "On s’est auto interviewées pour savoir si on avait la même vision des choses. Il y a une cohésion entre nous. Les critères de l’association imposent qu’on s’occupe de tout de A à Z. Nous sommes autant dans les vignes qu’au bureau et maman en plus. C’est notre richesse."

Laureen : "Le critère pour entrer dans l’association est de tout maitriser ce qui se passe dans l’exploitation y compris la gestion."

Sophie : "Laureen qui est une grande amie est venue me voir. Elle m’a dit je connais une fille Claire … On a fait une grande tablée de foie gras et on a accroché ensemble. On a toutes des personnalités assez fortes, on a relevé toutes nos manches et nous sommes toutes assez optimistes."

TPLF : Qu’est-ce que le fait d’être réunies sous la bannière Fa’bulleuses vous apporte ?

Mathilde : "C’est un milieu assez masculin. On nous dit souvent « vous les femmes, vous êtes au bureau». Mais moi je taille la vigne. La part sur le terrain c’est mon oxygénation. L’association a un côté rassurant. On a les mêmes problématiques d’une exploitation à l’autre. Nous sommes indépendantes mais nous sommes ensemble pour la promotion, la communication, l’organisation d’évènements et les voyages pour l’export. L’association permet de nous ouvrir et de nous unir pour être plus fortes. On discute beaucoup."

Sophie : "Je n’ai pas honte de dire  je ne sais pas. La première année, première vendange, j’ai appelé Claire, en disant « je ne sais pas ce qu’il faut que je fasse ». Nous avons fait ensemble un gros travail sur l’image."

Claire : "Notre but est de faire parler du champagne, de lui donner du peps, un côté jeune et dynamique et puis de nous écouter et d’échanger."

Florence : "Il y a une solidarité. On se serre les coudes, si l’une a un souci, une question, un problème de vinification, elle appelle. On se sent moins seules car c’est difficile quelquefois."  

TPLF : Vous n’avez pas peur de partager les informations ?

Florence : "Pourquoi ne pas partager ? On n’a pas les mêmes cépages, pas le même terroir. Même si les vignes sont voisines, le résultat est différent et ce n’est même pas le même vin d’une année sur l’autre. Le principe, c’est la transparence. Partager les connaissances, c’est enrichissant."

Hélène : "Pour moi, être ensemble nous donne une force, nous rassure, nous valorise."

Laureen : "On fait un travail physique, masculin. L’association permet de nous entraider, d’échanger. On s’est pris au jeu des Fa’bulleuses. On est toutes amies. Cela nous donne de l’élan, du dynamisme."

Claire : "Nous sommes devenues amies, on parle de tout autour d’un repas. C’est convivial. On a assisté au mariage de chacune. On partage pour tout. L’association nous permet d’apprendre encore sur le champagne et nous fait découvrir d’autres visions."

TPLF : Quelle différence apportent les femmes ?

Mathilde : "Si nous avons une réunion à 17h, on passe au minimum trois quarts d’heure à discuter maris, enfants et vendanges et puis ensuite on attaque l’ordre du jour. Nous sommes un groupe d’amies qui avons le même feeling. Derrière l’association, il y a de vraies copines. Les champenois on dit au début : « ce sont sept petites nénettes ». Ce n’est pas parce qu’on est des femmes qu’on n’a pas d’idées. C’est une force de prendre les critiques et d’avancer. Je dirais que le plus des femmes, c’est par exemple, l’attention portée aux finitions du coffret de fin d’année en 2015. En 2016, pour les 200 exemplaires du coffret, on a eu l’idée de disposer les bouteilles dans un pot de peinture où il est possible de mettre de la glace, le Fa'Bullous Seat. C’est un travail artisanal made in France. La petite touche féminine : une assise cousu main. C’est dynamique et non traditionnel."

Sophie : "Pour la première année de l’association, on a organisé un grand repas avec toutes les familles pour les remercier."

TPLF : De quoi ?

Sophie : "De nous relayer auprès des enfants quand on se réunit pour l’association, de nous laisser prendre du temps pour nous occuper de l’association, temps qui pourrait être consacré à nos familles."

TPLF : "C’est sûr qu’une idée pareille, ne serait pas venue à l’esprit des hommes !"

Sophie : "Il y a eu autour de Fa’bulleuses un énorme engouement spontané l’année dernière. On n’a pas envie de paraitre, pas envie d’avoir un discours formaté. Il est important pour nous de rester cohérentes. " 

Le coffret de 7 bouteilles de champagne issues de chacune des exploitations de ces dames est en vente sur le site au prix de 285€ + 30 de frais de port.

 

Interview et article de Véronique Guichard

 

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